Le trafic de drogue à travers la frontière syro-jordanienne est devenu plus " organisé " avec la protection de groupes armés qui sont notamment équipés de drones, a mis en garde jeudi l’armée jordanienne.

Depuis le début de l’année, les autorités jordaniennes ont déjoué des opérations de contrebande de plus de 16 millions de pilules de Captagon, ce qui équivaut à la quantité saisie pour l’ensemble de l’année 2021. " La chose la plus dangereuse que nous ayons remarquée récemment est la présence de groupes armés accompagnant les groupes de passeurs ", a indiqué à la presse le colonel Zaid Al-Dabbas du commandement général des forces armées lors d’une tournée à la frontière jordano-syrienne. Ces groupes armés utilisent de " nouvelles tactiques " et ont davantage de matériel comme notamment des " voitures très équipées " ou des " drones ", selon lui.

L’armée jordanienne a recensé 160 réseaux de contrebande opérant dans le sud de la Syrie, a déclaré ce colonel. Il a exprimé l’espoir de " renforcer la coopération (…) avec la partie syrienne pour empêcher ces réseaux de s’étendre ".

Pour sa part, le colonel Mustafa Al-Hiyari, responsable de la communication de l’armée, a affirmé que la Jordanie menait " une guerre non déclarée à la frontière contre les trafiquants de drogue et ceux qui se cachent derrière eux ".

Fin janvier, " 30 contrebandiers " qui tentaient d’introduire, avec le soutien de groupes armés, de grandes quantités de stupéfiants depuis la Syrie vers la Jordanie ont été tués par l’armée, selon lui.

Et depuis le début de l’année, les autorités ont empêché " l’entrée de 17.348 paquets de haschich et de plus de 16 millions de pilules Captagon ".

Le colonel Hiyari a expliqué que " dans le passé, les groupes de trafiquants étaient formés de trois à six personnes contre parfois 200 personnes aujourd’hui ".

La frontière entre la Syrie et la Jordanie, qui accueille environ 1,6 million de réfugiés syriens, s’étend sur environ 360 kilomètres.

Selon Amman, 85% des drogues saisies sont destinées à la contrebande hors de Jordanie.

Les organisations surveillant le trafic de drogue affirment que la majorité de la production de captagon, un stimulant de type amphétamine presque exclusivement fabriqué et consommé au Moyen-Orient, provient des régions syriennes contrôlées par le gouvernement.

Selon un rapport financé par l’Union européenne du Centre d’analyse et de recherche opérationnelles, " les exportations de captagon de la Syrie ont atteint une valeur marchande d’au moins 3,46 milliards de dollars " en 2020.

AFP