En Corse, l’heure était au recueillement mardi et aux appels au calme, notamment du président français, au lendemain de la mort d’Yvan Colonna, militant indépendantiste condamné pour l’assassinat d’un préfet, afin d’éviter une nouvelle flambée de colère sur l’île de Beauté.

Colère en Corse
Des " Gloria à tè ! ", " Gloire à toi! " inscrits en noir donnent le ton de l’émotion suscitée par le décès du détenu corse le plus connu de France, qui purgeait une peine de prison à perpétuité pour l’assassinat en 1998 du préfet Claude Erignac. Des faits qu’il a toujours niés. Pour Gilles Simeoni, président autonomiste du Conseil exécutif de Corse, la mort d’Yvan Colonna " est une injustice et une tragédie, qui vont marquer l’histoire contemporaine de la Corse et de son peuple ".Peu acceptent de parler, par respect pour la famille. Mais l’émotion est là. À Ajaccio, plusieurs centaines de jeunes -250 selon les autorités- ont manifesté dans le calme mardi matin, passant allumer des bougies devant la cathédrale, derrière une banderole de tête en hommage à l’ancien berger de Cargèse, " Yvan martiriu di à causa corsa " (NDLR: Yvan martyr de la cause corse). D’autres rassemblements étaient prévus mardi en fin d’après-midi à Ajaccio, Bastia, Porto-Vecchio, Bonifacio ou Corte, où la faculté a été momentanément bloquée mardi matin par trois syndicats étudiants nationalistes.

L’agression de Colonna le 2 mars à la prison d’Arles (sud), par un détenu djihadiste, avait suscité une colère quasi unanime dans l’île, de nombreux Corses estimant que cette agression n’aurait jamais eu lieu si le militant avait été transféré en Corse comme il le demandait de longue date. Dans ce contexte tendu, le président-candidat Emmanuel Macron a rappelé mardi sur France Bleu que " le plus important est que le calme se maintienne ", assurant que des " conséquences " seraient " tirées " de ce drame. Un appel " au calme " partagé par Valérie Pécresse (droite) et l’écologiste Yannick Jadot. Éric Zemmour et Marine Le Pen ont quant à eux critiqué le rôle de l’État dans cette affaire.

Entre apaisement et autonomie

Mardi matin, le maire d’Ajaccio, Laurent Marcangelli, leader de l’opposition de droite dans l’île a lui aussi appelé à respecter le deuil de la famille, " comme elle le demande avec dignité et sobriété ". Sulidarita, une des associations de défense des prisonniers politiques corses, était cependant dans un autre registre: " Malheur à l’État français assassin ", voici la promesse de  sa secrétaire générale Katti Bartoli sur Twitter. Après l’Assemblée nationale de Catalogne ou le parti basque Sortu, qui avaient dès lundi apporté le soutien de ces deux régions à forte couleur nationaliste, c’est le FLNKS, partisan de l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie, et l’Union sociale des travailleurs kanaks, qui ont fait part de leur soutien.

Pour tenter déjà d’apaiser la situation, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait passé trois jours sur l’île la semaine dernière, levant le tabou de discussions sur une possible autonomie de l’île. Dans un autre geste d’apaisement, le Premier ministre Jean Castex a annoncé le rapprochement " d’ici la mi-avril " dans la prison corse de Borgo de deux autres membres du " commando Erignac ", Pierre Alessandri et Alain Ferrandi. Ils purgent actuellement leur peine à perpétuité à Poissy, en région parisienne.

 

Avec AFP