Le souverain de Dubaï a harcelé et intimidé son ex-femme à un " niveau particulièrement démesuré ", a conclu jeudi la Haute Cour de Londres, à l’issue d’une bataille judiciaire concernant leurs deux enfants qui seront confiés à la garde de leur mère, la princesse Haya.

Mohammed ben Rached al-Maktoum, 72 ans, " a constamment affiché un comportement coercitif et manipulateur à l’égard des membres de sa famille qu’il considère agir contrairement à sa volonté ", a déclaré le juge principal, Andrew McFarlane, dans un jugement publié jeudi. Cette décision intervient dans un bras de fer judiciaire opposant le souverain de Dubaï et sa sixième épouse, la princesse Haya Bint Al Hussein, 47 ans, fille du défunt roi Hussein de Jordanie. Elle a fui les Émirats arabes unis pour Londres en 2019, se disant " terrifiée " par celui qui était alors son époux.

La Haute Cour avait jugé en octobre 2021 que Mohammed ben Rached al-Maktoum, qui entretient de longue date des relations diplomatiques avec Elizabeth II et partage avec la reine son amour des chevaux, avait autorisé le piratage du téléphone de son épouse et de ceux de ses avocats britanniques. Le juge avait souligné que le souverain avait " harcelé et intimidé la mère avant son départ pour l’Angleterre et depuis ". En mars 2020, le tribunal des affaires familiales avait déterminé que le souverain avait " commandité et orchestré " l’enlèvement de deux de ses filles qu’il a eues d’une autre épouse, la princesse Shamsha en 2000 à Cambridge, et sa sœur Latifa. Dans un jugement de décembre 2021, le chef du gouvernement des Emirats arabes unis avait été condamné à payer la somme de plus de 640 millions d’euros à son ex-épouse et à leurs enfants, Al Jalila, 14 ans, et Zayed, 10 ans, une somme record.

La princesse Haya sera désormais seule responsable des deux enfants en ce qui concerne leurs soins médicaux et leur scolarité. Le père des enfants pourra avoir des contacts indirects avec eux, par exemple par téléphone. Citant les " menaces " du souverain de Dubaï, la " coordination d’articles de presse ", les " arrangements clandestins pour acheter une propriété donnant immédiatement sur la sienne ", ou encore le " piratage téléphonique ", le juge a déclaré qu’il avait fait montre de harcèlement " à un degré élevé, même particulièrement démesuré ". Dans un communiqué, la princesse Haya a comparé les dernières années à un " voyage effrayant " mais dit avoir trouvé " un sanctuaire, une protection et une compassion extraordinaire " en Grande-Bretagne.

Un porte-parole de Mohammed ben Rached al-Maktoum a déclaré qu' "il aime ses enfants " et " s’est toujours occupé d’eux et a subvenu à leurs besoins, et le fera toujours ". Il a ajouté qu’il " maintient son démenti des allégations formulées dans cette procédure litigieuse ".

AFP