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Depuis la crise économique et financière qui a frappé le Liban en 2019, la consommation des ménages et les habitudes alimentaires des Libanais ont considérablement changé. Le prix du panier de la ménagère au Liban a connu des fluctuations significatives ces dernières années.

Avec la crise économique qui sévit depuis 2019, la majorité des ménages libanais ont dû adapter leurs habitudes alimentaires pour faire face à la hausse des prix et à la dévaluation de leurs salaires.

Il faut dire que le Liban a affronté une inflation galopante qui a entraîné une hausse des prix des biens essentiels, y compris les produits alimentaires. La dévaluation de la livre libanaise par rapport au dollar américain a aussi exacerbé la hausse des prix puisque les importations sont effectuées en dollars.

Ainsi, les aliments moins coûteux sont prisés, même si c’est au détriment de la qualité. Les produits importés, devenus trop chers, ont été remplacés par des produits locaux ou moins onéreux. De plus, en raison de l’hyperinflation et de la dévaluation de la livre libanaise, beaucoup de Libanais ont vu leur pouvoir d’achat diminuer considérablement. Cela a conduit à une réduction générale des dépenses, même pour ce qui est des produits alimentaires. Par conséquent, les Libanais ont changé leurs comportements d’achat.

Perte de 50% du pouvoir d’achat

Le président du Syndicat des propriétaires de supermarchés au Liban, Nabil Fahed, a confirmé à Ici Beyrouth que depuis 2019 les données ont changé tout comme la consommation des ménages libanais. Il précise que la consommation, c’est-à-dire le panier moyen de la ménagère a baissé de 50%. Les ménages ont donc perdu en moyenne 50% de leur pouvoir d’achat. Seuls 10 à 15% ont gardé le même pouvoir d’achat. Il a rappelé que l’activité économique et de la consommation a également été influencée par la fermeture de nombreuses PME. Les employés de ces entreprises avaient un certain pouvoir d’achat qui faisait tourner les commerces. Pour ce qui est des prix, M. Fahed a expliqué que les statistiques ne sont ni disponibles ni fiables surtout qu’avec la dépréciation de la livre libanaise, la référence a été biaisée. Il indique par ailleurs que désormais 50% des produits consommés sont fabriqués au Liban contre 25% avant la crise. Du côté des produits importés, ceux-ci ont vu leurs prix bondir, de 5 à 25% pour ceux en provenance d’Asie dépendamment de l’article. Il a noté que les produits bon marché ont augmenté davantage du fait de la hausse du prix du transport et des assurances au vu des menaces en mer Rouge. Il a aussi affirmé que les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et les problèmes logistiques ont également contribué à l’augmentation des prix. Il a indiqué, à titre d’exemple, que le Liban importait environ pour 9 milliards de dollars de Chine et pour 3 milliards du Japon.

M. Fahed estime enfin que l’étalage des prix et des offres sur les réseaux sociaux permet une compétition ce qui contribue à contrôler les prix et freine les augmentations déraisonnées.

Le président du syndicat des importateurs de produits alimentaires, Hani Bohsali, a abondé dans le même sens. "Honnêtement, nous n’avons aucune statistique fiable sur l’évolution des prix depuis 2019. Surtout que le problème se pose de savoir à quel taux de change l’étude doit être effectuée", précise-t-il.

Concernant les problèmes en mer Rouge et l’augmentation du prix du transport, il a précisé que la hausse du fret est de l’ordre de 2 à 10% selon les produits. Il assure toutefois que "si une comparaison est établie avec 2019 et la période de la pandémie de Covid-19 en 2020-2021, le prix du fret était plus élevé, ayant alors atteint un record historique".

De son côté, Ramzi el-Hafez, fondateur d’InfoPro, cabinet de recherche socio-économique, de conseil aux entreprises, de sondage et d’édition assure à Ici Beyrouth que le prix calculé en dollars frais de la majorité des produits alimentaires a augmenté proportionnellement à l’inflation dans les pays d’où ils proviennent précisant que les tarifs de ceux fabriqués localement ont eux aussi bondi. Il a précisé que cette hausse incluait aussi l’augmentation du prix du transport et des assurances.

M. Hafez affirme que l’augmentation des prix des denrées alimentaires au Liban depuis 2019 est certainement très forte mais assure ne disposer ni de données ni de chiffres exacts. Il déplore que les études réalisées aient pris comme référence des prix en livres libanaises, ce qui fausse totalement la donne avec les fluctuations du taux de change.

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