Se promener dans les rues de Gemmayzé pour retrouver à The Gallerist l’exposition intitulée Beirut rebirth qui regroupe 14 artistes libanais émergents, peintres et sculpteurs…

"Rebirth", mot dont la seule évocation renvoie à la funeste date du 4 août 2020 et rappelle le long calvaire d’après l’explosion avec son lourd cortège de souffrances et de blessures. Deux ans déjà, et pourtant… Le ciel bleu de l’été fort et intense défie la mémoire. Juillet colore les belles façades et fenêtres à arcades de sa lumière jaune soleil. Flotte dans l’air une belle énergie porteuse de renouveau, celle d’une ville mythique qui ne cesse de se relever de ses cendres.

"Rebirth", renaître grâce au pouvoir régénérateur de la création artistique qui se nourrit des épreuves pour gagner en élévation, réconfort et transcendance. Voilà tout le sens symbolique de l’exposition Beirut Rebirth, un hommage à la vie qui reprend de plus belle, portée par les ailes de l’art grâce à de jeunes artistes en quête de lumière.

L’exposition se déploie dans un espace à l’atmosphère douce et sereine où s’affichent les toiles de 14 peintres au talent certain. L’impression première qui s’en dégage est celle d’un élan ravageur, celui d’un printemps en pleine explosion de couleurs vives et revigorantes. Couleurs qui s’éparpillent en compositions abstraites avec Maroun Chaccour et Édouard Souhaid, ou qui se déclinent en formes semi-figuratives avec les têtes aux personnages désorientés de Natali Meaiki. Les maisons de Névine Matar, elles, semblent habitées par la grâce. Se devinent aussi la nature libanaise et sa montagne robuste et imprenable à travers des représentations quasi abstraites de rochers, œuvres de l’artiste. Les clins d’œil nostalgiques de Nour Kawa au vieux tarbouche ainsi qu’aux joueurs de oud racontent le charme suranné d’un autre temps…

Magda Chaaban, elle, dresse dans un style naïf et caricatural un stéréotype du Libanais sur toiles ou en sculptures dans des attitudes affichant insouciance et légèreté; reflets superficiels d’une dolce vita datant d’une époque pas encore révolue où l’on faisait la fête sur un volcan qui gronde…

Les toiles d’Ehab Nasreddine opposent l’enfance faite de jeux et d’innocence à la toile de fond, papier journal relatant faits de guerre et nécrologie…

D’autres œuvres viennent rappeler que le Liban à la grâce primesautière fut maintes fois foulé du pied, que sa jeunesse fut souvent immolée au théâtre de l’absurde, mais que son cèdre, symbole de pérennité, continue à se dresser fier et vaillant par-delà les vicissitudes et événements mortifères! Beirut Rebirth, c’est une panoplie d’artistes, un souffle prometteur, des milliers de paillettes de couleurs comme autant d’étincelles de vie… Les plus belles fleurs continueront de pousser à travers les champs de ruines…

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