La photographe américaine Beth Moon avait déjà photographié des arbres en Afrique. Mais c’est en Afrique de l’Est, à Madagascar, l’île royaume de la vanille, qu’elle se rend en 2018 pour photographier Tsitakakoike, un baobab de plus de mille quatre cents ans qui s’est effondré.

Paru très récemment, Baobab expose des photos magnifiques des baobabs géants aux gestes difformes prises à Madagascar, en Afrique du Sud, au Sénégal et au Botswana, avec des imprimés platine et colorés à la main avec des détails très élaborés.

Beth Moon photographie Tsitakakoike et des dizaines d’arbres environnants. Comme elle l’écrit à propos d’un tronc rongé par les intempéries: "C’est un palimpseste vivant de cicatrices bien usées et de nombreuses couches d’histoire, avec de nouveaux chapitres écrits sur les vieux, année après année, siècle après siècle, séparant hier d’aujourd’hui."

Le baobab est un arbre assez méconnu; pourtant, en Australie et en Afrique, il évoque la survie dans des conditions extrêmes, des déserts arides et des garrigues sèches en basse altitude. Une véritable force de la nature qui défie les intempéries des sols malmenés par le vent, les sables, l’aridité ainsi que les bêtes sauvages. Imposant et curieux d’aspect, il est surnommé "arbre à l’envers" par les Gambiens en raison de sa silhouette qui ressemble à un arbre renversé.

Symbole de l’adaptation en milieu hostile, le baobab s’est accommodé au biome de la savane en ne produisant des feuilles que pendant la saison humide. Le reste du temps, il nous fait croire que ses racines sont aériennes. En poussant, ses feuilles forment de minuscules grappes ressemblant à des doigts. Ce qui est astucieux c’est que la petite taille des feuilles permet de limiter les pertes en eau. Un baobab contient 4 500 litres d’eau et le centre de l’arbre peut servir d’abri aux gens. Pour les villageois d’Andombiro, un bourg voisin de la forêt, Tsitakakoike veut dire "l’arbre où on ne peut entendre les pleurs de l’autre bord". Pour eux, il est sacré car il abrite l’esprit des ancêtres.

Si à Madagascar il est surnommé "la mère de la forêt", le baobab tire son nom de l’arabe bu hibab, fruit à nombreuses graines car chacun de ses fruits ovales contient souvent plusieurs centaines de graines.

Les photographies de Beth Moon peignent la majesté des baobabs de Madagascar et d’Afrique australe qui peuvent vivre plus de deux mille cinq cents ans et sont de véritables arbres de vie. Comme durant un semestre entier il ne pleut pas, les Malgaches recourent aux géants séculaires. C’est en creusant une cavité dans les troncs massifs des baobabs qui peuvent contenir l’eau qu’ils pourront étancher leur soif durant les mois de sécheresse.

Extrait du livre 
"Il faut 32 pas pour faire le tour de la base, un peu plus de 90 pieds de circonférence. Je ferme les yeux et trace du bout des doigts les zones érodées à la surface de l’écorce. C’est comme lire le Braille, des inscriptions formées de nœuds en relief et de crevasses, sculptées lissées par le vent. Les futures tempêtes, sécheresses et inondations laisseront également des traces."

Plus qu’un reportage sur l’éclat des baobabs africains, l’album photos est un véritable témoignage et une célébration de la survie extraordinaire de ce géant en péril. C’est aussi une alerte sur le danger de leur disparition.

Baobab de Beth Moon (paru en anglais et en français), éditions Abbeville Press Inc., 2021, 128 p.

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