Les débats dans le cadre du festival "Beyrouth Livres" se poursuivent avec plusieurs tables rondes organisées dans différents lieux de la capitale. Intitulée "Littérature et féminisme", la causerie organisée à l’Université libano-américaine (LAU) a donné la parole aux membres du Parlement des écrivaines francophones.

Les membres du Parlement des écrivaines francophones ont répondu présentes à l’invitation de l’Institut français du Liban pour débattre, le 27 octobre, de la relation entre le féminisme et la littérature au théâtre Gulbenkian de l’Université libano-américaine de Beyrouth. Les intervenantes ont discuté l’écriture du corps et la condition de la femme dans le monde autour de deux tables rondes qui avaient pour modératrice Joëlle Hajjar.

L’écriture du corps

Loin du fétichisme masculin et de sa dimension fantasmée, le corps est étudié sous un nouvel angle en littérature. Corps meurtri, corps souillé, corps détesté, corps de femme, corps de fillette, corps innocent, corps à la peau noire, corps à la peau blanche… et la liste est longue. Le corps parle, le corps hurle, dans les romans, la poésie, et les pièces de théâtre.

La littérature devient dès lors synonyme de liberté. Le pronom "je" demeure le miroir du pronom "tu" dans le roman des écrivaines. L’écriture, quant à elle, revient à ses racines ou au mot "cri" pour faire véhiculer le message des femmes partout dans le monde. Rédiger à l’encre noire permet aux auteures de s’occuper de la "fécondité de l’esprit" et de contredire le dicton "sois belle et tais-toi".

Le combat des femmes

Au Moyen-Orient, comme en Afrique et ailleurs, la condition de la femme a connu des progrès dans plusieurs domaines. Une décennie plus tôt, le travail des organisations non gouvernementales ne portait pas ses fruits. Dans certaines régions du monde, les femmes étaient encore et toujours victimes des pratiques et traditions portant atteinte à leurs corps au point de les déformer. Grâce à des initiatives locales, l’amère réalité s’est relativement adoucie. Les centres locaux établis pour sensibiliser et éduquer ont eu recours à des moyens adaptés à chaque région afin d’améliorer la condition des femmes.

Au niveau local, les femmes œuvrent pour une meilleure vie sans pour autant être en rupture avec l’identité et les traditions de leur milieu ambiant. La modernisation donne à la personne le libre choix de respecter ou de refuser son vécu. Par le biais de la culture, le respect des droits des femmes serait alors garanti sans imposer un modèle sociétal unique aux communautés. Le féminisme se placerait ainsi à mi-chemin entre la volonté de briser la domination masculine, tout en respectant le choix de l’autre, ses croyances ainsi que les spécificités de son milieu.