Sous l’intitulé provocateur On est tous fous !, Benjamin Vautier, plus connu sous son nom d’artiste Ben, présente une exposition d’un an à Nice, dans une atmosphère délicieusement chaotique. Plus de 500 œuvres y sont présentées, mêlant ses propres créations à une myriade de pièces issues de sa collection personnelle. Les visiteurs auront ainsi le privilège de découvrir des œuvres signées par l’illustre Robert Combas, mais aussi des œuvres d’artistes anonymes, témoignant de l’éclectisme et de l’ouverture d’esprit de Ben.

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Du 5 mai 2023 au 6 mai 2024, le musée international d’art naïf Anatole Jakovsky accueille une exposition d’ampleur inédite, regroupant pas moins de 550 œuvres. L’ensemble de ce festival artistique déferle audacieusement jusqu’au jardin, où sont exposées des sculptures et installations diverses, y compris un ring promis à être l’arène de futurs débats.

Le célèbre artiste Ben, reconnu pour ses slogans percutants calligraphiés en lettres blanches sur fond noir tels que " Je ne sais pas quoi dire ", " Fais-moi cygne " ou " Comment savoir si c’est de l’art ou pas ? ", qui ont engendré une pléthore de produits dérivés, est également un porte-étendard du mouvement d’avant-garde Fluxus. Sa renommée a débuté à Londres, au commencement des années 1960, lors de sa rencontre avec George Maciunas, fondateur principal de ce mouvement artistique.

" C’est une expo ratée, j’ai mis tous mes souvenirs de famille au lieu de mettre des chefs-d’œuvre ", a-t-il déclaré avec un brin d’autodérision lors du vernissage. " J’ai raclé mes fonds de tiroir, j’ai retrouvé des amis, des souvenirs, et je les ai exposés dans ce magasin de souvenirs ", a-t-il ajouté, décrivant ainsi son approche singulière et personnelle de cette exposition.

Chacune des œuvres sélectionnées, y compris celles des artistes plasticiens comme Bernar Venet ou Patrick Moya, " a quelque chose à dire, apporte quelque chose ", selon Ben. Ces œuvres, acquises par lui-même, cohabitent avec les siennes, plus de 300 au total, dont certaines ont été créées spécialement pour l’occasion. Cette exposition, à la fois déconcertante et fascinante, est complétée par des œuvres de la collection permanente du musée, notamment celles du Douanier Rousseau.

Dans un mélange artistique explosif, Ben a choisi de mélanger des figures artistiques établies, comme un assistant de Buren, avec des anonymes, dont un, bipolaire, qui vendait chaque semaine à Ben un tableau, et des stars très cotées comme Robert Combas. " Un des artistes que je préfère ", a confié l’artiste octogénaire, qui avait acquis plusieurs de ses toiles dans les années 80.

Robert Roux, adjoint au maire de Nice chargé de la Culture, a expliqué : " Après une première expo avec lui dans un autre lieu de Nice il y a trois ans, j’ai voulu qu’il refasse ça ici, dans ce musée d’art naïf, et ce pour une durée d’un an, ce qui est rare aujourd’hui ". Selon lui, Ben, bien que parlant beaucoup d’ego, est celui qui en a le moins, car il met en valeur les autres en les exposant.

Lors de la soirée d’inauguration, Jean Mas, autre protagoniste majeur de l’école de Nice, était invité à réaliser une performance insolite : l’épluchage d’un sac de 10 kilos de pommes de terre. Entre deux gestes précis du couteau économe, il a dressé de Ben un portrait élogieux, le qualifiant d’artiste " incontournable ". " Son œuvre, aussi chaotique puisse-t-elle sembler à certains, ne peut être ignorée. Tout est art, et tout art (" tout têtard ") finit par devenir quelque chose de plus grand, comme une grenouille ", a-t-il proclamé, ponctuant ses mots d’une tirade vibrante capable de ressusciter les morts.

Au cours de cette année d’exposition, une pléiade d’événements, de happenings et de débats se dérouleront, en parfait accord avec la tradition du mouvement Fluxus où musique, poésie et performances tiennent une place primordiale. Ces manifestations promettent d’animer le musée et de faire vivre l’art sous toutes ses formes, créant une atmosphère d’effervescence culturelle et artistique constante.

Avec AFP