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Un an déjà. En dépit des évènements chaotiques qui secouent la région et plombent l’atmosphère, le Liban continue, malgré tout, à manifester sa volonté de survie, grâce à des festivités de toutes sortes pour conjurer le sort, en plus d’exorciser la peur et l’angoisse.

Du 14 décembre 2023 jusqu’au 13 janvier 2024, la galerie Chaos, inaugurée début décembre 2022, fête l’anniversaire de son ouverture.

Un an déjà, avec son cortège d’expositions multiples, son défilé de talents divers et d’expressions artistiques. Tout au long de cette année, peintures et sculptures ont animé ce lieu privilégié, décorant les murs de leurs couleurs vives et chatoyantes.

Les poulains, ou enfants chéris de cette galerie, font ainsi un retour dans une sorte de rétrospective festive. Cette exposition collective regroupe une vingtaine d’artistes connus ou émergents, parmi lesquels on retrouve le peintre Jad el-Khoury avec ses drôles de créatures agglutinées qui tapissent la toile, laissant émerger un personnage ou une forme circulaire qui se démarque de l’ensemble, refusant de se fondre dans la masse pour affirmer son individualité. Il y a aussi Haïfa el-Khodr, avec sa série de tableaux en noir et blanc, qui représentent un personnage central sur fond blanc et portant un bouquet. Le tout est griffonné à la hâte dans un gribouillis de lignes noires et taches colorées. Un flux vibratoire semble traverser la toile pour insuffler énergie et mouvement à l’ensemble.

Avec Hoda Baalbaki, la nature est une célébration de joie de vivre dans une ambiance fauve où les troncs d’arbre s’élancent rouges ou bleus vers le ciel, où les fleurs surgissent en myriades de taches colorées. Même atmosphère joyeuse sur les toiles de Yolande Naufal dans un style naïf pour raconter le charme du terroir dans toutes ses manifestations culturelles. Un quotidien sublimé par la gaieté colorée des scènes dans un subtil mélange de douceur et de nostalgie.

Najla Hobeiche, quant à elle, rend hommage au cèdre du Liban qu’elle représente par un tronc massif solidement planté dans la toile, érigé en symbole de puissance pérenne et indéfectible. Un arbre dont la sève brûlante traverse les nervures pour puiser dans la terre sa force de vie et dont les feuilles explosent en rouges sanglants et verts criards, cri de triomphe ou de désespoir.

Le peintre Missak Terzian, par contraste, transporte le spectateur dans un univers cosmique à géométrie abstraite qui se décline en aplats de couleurs vives et primaires. On retrouve ailleurs les sculptures en bronze de Karine Hochar; anges aux bras qui s’ouvrent pour accueillir le monde ou qui se referment sur un cèdre dans un geste de tendresse et de protection. Les oiseaux en bronze patiné de Sabine Karam aux formes stylisées nous invitent par leur grâce aérienne à plus de douceur et de poésie. Une autre sculpture de l’artiste nous interroge par son étonnante ambiguïté.

Une mystérieuse silhouette féminine en bronze drapée d’une cape, mais vide à l’intérieur, se pose en paradoxe sur l’essence ou l’apparence, le fond ou la forme et incite à rêver d’une matrice remède à toutes les misères humaines. Toutes ces œuvres, ainsi que celles qu’on ne peut toutes citer ici, nous rappellent que grâce à l’art, la vie est aussi une fête et que nous en avons urgemment besoin. Cette exposition s’offre surtout comme un avant-goût de Noël, un Noël porteur de joie et d’espoir, comme une promesse de festivités à venir.

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