Le duo père-fille le plus rock’n roll du cinéma italien est de retour : le roi du " giallo " Dario Argento retrouve sa fille Asia dans " Dark Glasses ", son premier film depuis dix ans. Frissons garantis.

Signe que le cinéma de genre a acquis ses titres de noblesse, c’est sur le tapis rouge de la Berlinale que le réalisateur de films horrifiques ou fantastiques cultes (" Les Frissons de l’Angoisse ", " Inferno "…) est venu présenter son film, le premier depuis " Dracula 3D ", en 2012.

Au casting, Ilenia Pastorelli, une actrice italienne, incarne le rôle principal de Diana, une prostituée qui devient aveugle dans un accident, poursuivie par un tueur psychopathe. Mais aussi sa propre fille, Asia Argento, qu’il avait fait tourner dès l’adolescence dans " Trauma " (1993) ou encore " Le Syndrome de Stendhal " (1997).

Elle joue une jeune femme, employée d’une association d’aide aux aveugles, qui va tenter de se mettre en travers du chemin du tueur, un dresseur de chiens d’attaque.

Retrouver son père derrière la caméra, " c’était génial ", a confié Asia Argento à Berlin. " Des années ont passé depuis notre dernier film ensemble, donc j’ai pu mûrir ", a-t-elle ajouté. " Tourner avec ma fille ou d’autres acteurs, c’est la même chose pour moi. Sur le plateau, je suis le réalisateur, et elle est actrice ", a déclaré de son côté Dario Argento.

Gros plans sanguinolents, caméra subjective, " Dark Glasses " ravira les fans de " giallo ", ce genre dont le nom vient de la couleur jaune de la couverture des romans policiers italiens, et qui sont un savant mélange de gore, d’érotisme et de suspens.

" La distinction entre le film d’horreur, le gore, le giallo, c’est un truc de journalistes ", lâche Asia Argento, cigarette (électronique) à la main.

L’actrice à la vie cabossée, dont la jeunesse entre une mère violente et un père qui n’en avait que pour le cinéma fut un mélange de souffrance et de folle liberté, défend la touche paternelle : " Personne ne peut faire un film " à la Argento " comme un Argento, et seulement lui peut le faire. C’est son monde fantastique, ses rêves et ses cauchemars, et il n’a pas besoin d’y mettre une étiquette ".

– Sans âge –

Coproductrice du film, Asia Argento a pu imposer dans " Dark Glasses " ses choix musicaux à son père, connu pour son attention à la bande-son. C’est le musicien électronique français Arnaud Rebotini qui s’en charge, en lieu et place des Daft Punk, que Dario comptait embaucher : " heureusement, ils se sont séparés avant ! ", s’amuse-t-elle.

Comme souvent dans le cinéma de Dario Argento, les chances de survie des personnages féminins sont plus que réduites.

Dans " Dark Glasses ", Diana ne peut compter que sur sa seule amie, jouée par Asia Argento, sur un petit orphelin d’origine asiatique, Chin, et sur son chien-guide d’aveugle. La police ne lui ait d’aucune utilité.  " Rien de neuf! Ça a toujours existé, des femmes sont victimes de violence, vont voir la police et la police ne fait rien ", a expliqué à l’AFP Dario Argento.

" Les films de mon père n’ont pas d’âge, ils ne sont jamais à la mode ", explique de son côté Asia Argento. " Ils sont d’aujourd’hui, d’avant de demain. Il n’en a rien à faire de faire des choses à la page. Je pense que le thème (du film) est universel ".

Ces dernières années, Asia Argento s’était éloignée des plateaux après être devenue une figure du mouvement #MeToo de lutte contre les violences sexuelles, en dénonçant à visage découvert les crimes du producteur Harvey Weinstein.

" C’était un moment très douloureux de ma vie. Maintenant, c’est fini, je suis contente que ce soit derrière moi ", explique l’actrice, qui a elle-même essuyé des accusations qu’elle réfute d’agression sexuelle de l’acteur américain Jimmy Benett.

© AFP