Jacques et Thomas Dutronc  ont joué sur l’échéancier politique durant leur conférence de presse à Courbevoie à la veille de leur première tournée ensemble qui commence aujourd’hui mardi, faisant un clin d’oeil aux deux candidats finalistes en évoquant, parmi leurs tubes, L’opportuniste, de grande actualité entre deux tours de présidentielle.

Des petits drapeaux " Votez Dutronc & Dutronc " sont distribués aux journalistes à l’entrée de la salle où ils se produisent et le slogan " pour l’augmentation du goût de la vie " apparaît sur un écran derrière eux pendant qu’ils interprètent " L’opportuniste ", un des deux titres en apéritif avant un petit jeu de questions-réponses.

Jacques Dutronc, 78 ans, entre en scène les santiags enfilés dans des charentaises, Ray-Ban sur le nez et éternel cigare en main. Il est en grande forme, la voix bien en place pour une relecture tonique de ses titres. Son répertoire est réorchestré rock (ce qui donne une nouvelle vie à " Et moi, et moi, et moi ", l’autre titre joué) sous la conduite de Thomas, à la guitare, entouré de cinq musiciens.

Une fois les deux morceaux joués, ils répondent à la presse dans leur décor mi bar-mi studio d’enregistrement depuis la scène, surplombant les journalistes assis devant eux. C’est une marque et une tradition familiale, l’interview sera décousue et potache.

" Thomas est un grand travailleur "

Comme quand Thomas glisse qu’il a croisé plut tôt " un mec un peu aviné " qui lui a lancé " hé, je vais faire L’opportuniste et te demander une petite pièce ". " J’y vois un bon signe ", s’amuse Dutronc junior, 48 ans.

Interrogé sur les qualités qu’ils reconnaissent à l’autre, Jacques répond: " J’ai vu tellement d’amis qui avaient des poisons pour enfant, moi, j’ai eu de la chance ". Avant de développer: " Thomas est un grand travailleur, ce qui est une qualité, sauf peut-être en Corse, avec moi, ça fait une moyenne ".

L’interprète des " Cactus " se complaît dans le rôle de l’expert es-paresse reclus dans sa tanière en Corse, entouré de ses chats et de ses amis, jusqu’à ce que son fils vienne le chercher pour cette tournée XXL. La série de shows sobrement baptisée " Dutronc & Dutronc " passe, après Courbevoie, par deux soirées au Casino de Paris, puis par les festivals et enfin des grandes salles en France, Belgique et Suisse jusqu’à la fin de l’année.

Le costume de cossard un peu ronchon endossé par son père fait pouffer Thomas. " J’ai pris une photo après une répétition et je t’ai pris en flagrant délit, tu souris et tu as du plaisir d’être là ", lui glisse affectueusement son fils, " tellement heureux " de cette tournée.

Françoise Hardy veille de loin…

Une des rares autres fois où les deux hommes seront sérieux, c’est en évoquant celle qui manque dans le tableau à Courbevoie, mais qui est si présente, Françoise Hardy (soignée pour un cancer du pharynx, elle n’apparaît plus en public), mère de Thomas. " C’est un peu pour elle que je suis là, elle me dit que ça fait tellement plaisir à Thomas ", confie Jacques.

" Ma mère s’inquiète, elle me dit +mais ça va être très jazz comme sur ta dernière tournée?+, +Mais non maman, ça explose, ça envoie quoi+, je lui réponds ", déroule Thomas.

Son père mettra encore entre parenthèse les bons mots en expliquant pourquoi il ne joue pas de guitare sur cette tournée: un de ses chats l’a fait tomber en Corse et il en a gardé une marque en creux à hauteur de pommette et une difficulté à retrouver la maniabilité d’une main.

Mais chassez le naturel, il revient au galop. Comme quand on leur demande si cette tournée débouchera sur un disque des Dutronc père et fils. Là, c’est Thomas qui répond, malicieux: " on a plein de projets en cours mais, chuuut, mon père n’est peut-être pas au courant de tout (rires) ".

Avec AFP