L’occupation iranienne et la nécessité de proclamer la neutralité du Liban étaient au centre de la visite qu’une délégation du Front souverainiste a effectué jeudi à la Nonciature apostolique, à Harissa.

Une délégation du Front souverainiste pour le Liban a été longuement reçue jeudi par le Nonce apostolique Mgr Joseph Spiteri à Harissa. La délégation, présidée par le leader du Parti national libéral (PNL), Camille Dory Chamoun, comprenait entre autres le député Eddy Abillamaa (Forces libanaises), l’avocat Élie Mahfoud, le juge Peter Germanos, Amine Jules Iskandar, Camille Joseph Chamoun, Charbel Azar, et Mariane Renno.

Durant la réunion, la coalition a insisté sur le fait que la situation actuelle n’est autre que la conséquence de l’occupation du pays par une milice dont les membres détiennent, certes, des papiers d’identité libanais, mais dont le centre de décision n’est autre que la République islamique d’Iran. À travers le Nonce apostolique, la délégation du Front souverainiste a transmis une lettre au pape François dans laquelle sont évoqués notamment l’appauvrissement du peuple, les effets de la contrebande de carburants, de médicaments et d’armes vers d’autres pays, l’exode des jeunes, les assassinats, l’explosion du port, les atteintes aux libertés.

Le message du Front souverainiste a donc deux objectifs : d’une part, exposer et démontrer les effets de l’occupation iranienne, et d’autre part insister sur l’importance d’une action du Vatican visant à contribuer à la levée de cette occupation à travers l’application effective de la résolution 1559 du Conseil de sécurité de l’ONU qui exige " le désarmement de toutes les milices libanaises et non-libanaises ", ainsi que par le biais de la neutralité positive du Liban, telle que prônée par l’Église maronite et son chef le patriarche Béchara Raï.

La réponse du Vatican

De son côté, Mgr Spiteri a rassuré la délégation en citant Sa Sainteté le Pape qui a demandé aux Libanais de tenir bon, " le Liban étant le centre des chrétiens d’Orient ".

Le Pape François a également affirmé que le Vatican " ne permettra pas que les chrétiens du Liban subissent le sort de leurs coreligionnaires de Syrie et d’Iraq ". Cette position fera peut-être écho à la demande de lobbying auprès des grands acteurs internationaux qu’exprime le Front souverainiste à l’adresse du Saint-Siège, avec l’espoir notamment de la formation d’une zone libre dans laquelle pourraient être acheminées des aides internationales dont la destination serait transparente et non pas opaque comme cela a été le cas pour un nombre important de donations ayant été reçues (ou plutôt ne l’ayant pas été) après l’explosion du 4 août.

M. Amine Iskandar, membre de la délégation, a d’ailleurs insisté auprès du Nonce apostolique sur ce projet de région libre, actuellement étudié à Washington, soulignant qu’il représente " le seul projet capable d’arrêter l’hémorragie actuelle en attendant les solutions plus globales ".

Notons que le président de la République Michel Aoun, qui est aux yeux du Front l’un des collaborateurs de l’occupation iranienne, sera reçu lundi par le Saint-Père dans le cadre de sa seconde visite officielle au Vatican depuis la prise en charge de ses fonctions en 2016.

Rappelons que le Front souverainiste a été formé en 29 septembre 2021. Il regroupe une vingtaine de formations souverainistes issues de la société civile ainsi que des personnalités et partis politiques, tels que les Forces libanaises, le Parti national libéral, le Parti syriaque international et les Gardiens du cèdre. Le but de ce front est de dénoncer ouvertement la mainmise du Hezbollah sur le Liban, son État et ses institutions, et de mettre l’accent sur son rôle de bras armé de la République islamique d’Iran.