L’avocat de Raja Salamé, Me Marwan Issa el-Khoury, expose en détail, dans un communiqué, les anomalies et irrégularités qui ont abouti à l’arrestation de son client à la fin de la semaine, en violation des procédures judiciaires les plus élémentaires. Cela nous amène, une fois de plus, à demander au profit de qui une guerre à outrance est menée depuis 2016 contre la Banque du Liban et le secteur bancaire dans son ensemble. Dans quel but obscur cherche-t-on à détruire le secteur bancaire, sans crier gare ?

L’avocat de Raja Salamé, frère du gouverneur de la Banque du Liban Riad Salamé, Me Marwan Issa el-Khoury, a publié un communiqué exposant dans le détail les anomalies qui ont marqué la procédure ayant conduit à l’arrestation de Raja Salamé, laquelle s’est produite sur base d’une dénonciation présentée par un obscur groupe d’avocats et qui s’est fondée uniquement sur des spéculations et des articles de presse.

En outre, M. Salamé s’est présenté devant la procureure Ghada Aoun en tant que témoin, mais au terme de son interrogatoire, qui a duré trois heures, il a été placé en état d’arrestation en dépit du fait que la dénonciation qui l’a visé n’a pas dépassé le stade de la spéculation médiatique. Ce qui nous amène à nous interroger sur les véritables motivations de cette cabale orchestrée depuis près de six ans, depuis 2016, contre le gouverneur de la BDL et contre le secteur bancaire dans son ensemble.

Cette chasse aux sorcières, fondée donc essentiellement sur des articles de presse – fruit d’un vaste travail de lobbying orchestré par des milieux aounistes et par leurs relais à l’étranger, aux intentions douteuses – a pour aboutissement de détruire le secteur bancaire libanais. Deux questions se posent sans détours sur ce plan : au profit de qui, plus précisément de quelle partie, cherche-t-on à détruire depuis près de six ans le secteur bancaire ? Si le but de cette campagne est réellement de lutter contre de prétendues malversations bancaires, pourquoi ceux qui se livrent à cette cabale, en l’occurrence le régime Aoun, occultent-ils superbement les activités de Qard el-Hassan, le réseau financier du Hezbollah totalement illégal, non reconnu par l’État (si tant est qu’il existe encore) et qui échappe au moindre contrôle des instances monétaires officielles ?

Face à cette guerre ouverte déclarée à la BDL et au secteur bancaire dans son ensemble depuis 2016, l’enjeu aujourd’hui est de s’opposer sans atermoiement aux tentatives de saboter purement et simplement le paysage économico-financier libéral au profit d’un système qui ne serait pas totalement étranger à l’esprit et au climat qui ont été à la base de Qard el-Hassan.

L’enjeu est aussi d’empêcher que des personnes et des établissements soient trainés dans la boue et accusés de tous les maux de la République, sans crier gare, dans le but, non pas d’appliquer la loi (ce à quoi tout le monde applaudirait), mais plutôt d’assouvir des ambitions d’ordre politicien, de détourner l’attention du véritable problème que pose le Hezbollah, et de faire aboutir un projet de société aux antipodes de la raison d’être du Liban … Le tout sans se soucier des procédures judiciaires les plus élémentaires, comme le démontre d’une façon flagrante le cas de Raja Salamé, dont le but est manifestement de faire pression sur le gouverneur de la BDL afin de le forcer à quitter son poste, quitte à avoir recours à des méthodes plus que douteuses.

Les faits rapportés par l’avocat de Raja Salamé

Pour en revenir à l’avocat de Raja Salamé, Me Marwan Issa el-Khoury, il a publié concernant cette affaire le communiqué suivant :

" En notre qualité d’avocat de Monsieur Raja Salamé, nous souhaitons apporter les clarifications suivantes :

Le 17 mars 2022, Monsieur Raja Salamé s’est présenté à l’audience fixée par le Procureur Général Près la Cour d’Appel du Mont Liban, Madame Ghada Aoun. Cette convocation faisait suite à une dénonciation présentée quelques jours plus tôt par un groupe d’avocats.

Monsieur Raja Salamé s’est présenté confiant en la Justice. Cependant, la Justice n’était pas au rendez-vous. Cela mérite d’être précisé. Venons-en aux faits.

Il apparaît du résumé de la dénonciation, qui fut largement diffusé dans les réseaux sociaux, que l’un de ses principaux piliers réside dans des " journaux d’investigation français ". Telle est, selon le texte du résumé, la source des faits avancés. Nous noterons au passage que l’une des deux sources citées est un journal suisse et non français. Un autre point qui mérite d’être mentionné…

Les " preuves " dans ce dossier résideraient donc dans des spéculations médiatiques ! Sachant que Monsieur Raja Salamé a fait l’objet d’une arrestation à l’issue même de son interrogatoire – au cours duquel il était initialement entendu en tant que témoin – on ne peut que dénoncer une telle démarche qui contrevient aux règles les plus élémentaires de la preuve. Preuve et spéculation sont antinomiques.

Il est également ahurissant de lire que des sociétés fictives auraient été créées en France et au Luxembourg. Comment une société créée selon les dispositions légales françaises ou luxembourgeoises, dont les actionnaires sont clairement identifiés, ayant opéré de manière régulière et s’étant acquittée de ses impôts depuis sa constitution, donc pendant des années, serait soudainement devenue fictive ? Si l’allégation est que Monsieur Raja Salamé est un prête-nom, autant dissiper le doute immédiatement : il détenait uniquement 1% de la SCI ZEL et en était le gérant jusqu’en 2015. La détention du capital restant n’a jamais été dissimulée contrairement aux rumeurs médiatiques. Les preuves documentaires sont là pour le démontrer. Où est donc la fictivité ?

Les auteurs de la dénonciation prétendent de manière péremptoire que la source des fonds des sociétés est illicite. Les sociétés qu’ils citent auraient reçu des fonds de la société Forry. Notre réponse est simple : cette allégation est totalement fausse et vise à tromper le public. Les enquêteurs en possession des comptes de Forry sont en mesure de le vérifier. C’est également l’occasion de confirmer que les sociétés BET et ZEL, les seules dont Monsieur Raja Salamé a connaissance, ont été alimentées par des fonds privés et des prêts bancaires dont la source est parfaitement traçable. La comptabilité des sociétés précitées permet de le démontrer. Les allégations d’enrichissement illicite ou de blanchiment d’argent sont donc catégoriquement rejetées.

Depuis un certain temps, des articles de presse reprennent sans cesse les mêmes sujets, alimentant des plaintes dont ils constituent le fondement. La logique et le droit ne veulent-ils pas que l’on s’assure de la véracité des éléments relatés dans ces articles ? N’est-il pas vrai que si des soupçons pèsent sur une personne, il est de son droit le plus élémentaire de bénéficier de la possibilité d’apporter les preuves qui visent à dissiper ces soupçons ? C’est tout le contraire qui s’est produit avec Monsieur Raja Salamé. En l’espace de trois heures, il est passé du statut de témoin, à celui d’inculpé pour ensuite être arrêté au mépris des règles de droit les plus fondamentales ".