Le nombre de " pertes et dommages " résultant du réchauffement climatique ne cesse d’augmenter, en témoigne les épisodes caniculaires de cet été ou les inondations massives notamment au Pakistan. Ces impacts ont été chiffrés en dizaines de milliards de dollars et sans mesures pour freiner le processus, ils devraient fortement augmenter.

 

 

Cette prise en considération était depuis des années une revendication essentielle pour les pays les plus exposés, qui sont aussi souvent très peu responsables des émissions de gaz à effet de serre causant le réchauffement.

Le texte fondamental de la lutte contre le réchauffement climatique, l’accord de Paris de 2015, repose sur deux éléments principaux: " l’atténuation ", ou réduction des émissions de gaz à effet de serre, et " l’adaptation " des pays aux effets physiques et sociaux prévisibles, montée du niveau des eaux ou changement des modèles agricoles par exemple.

 

Mais il fait déjà référence (article 8) à la " nécessité d’éviter les pertes et préjudices (ou dommages, ndr) liés aux effets néfastes des changements climatiques (…) de les réduire au minimum et d’y remédier ".

Il renvoyait toutefois principalement ce processus à un " mécanisme de Varsovie ", créé en 2013 lors de la COP19 en Pologne pour " promouvoir la mise en œuvre d’approches face aux pertes et dommages ".

Des montants importants

Or, depuis lors, leur nombre n’a fait que croître, comme l’ont illustré les catastrophes en série en 2022 à travers le monde, inondations, méga-feux, canicules ou sécheresses.

 

Avec des coûts déjà très élevés. Selon l’ONU, les inondations qui ont submergé un tiers du territoire du Pakistan et affecté quelque 33 millions de personnes ont causé plus de 30 milliards de dégâts et pertes économiques.

Une récente étude du groupe V20, qui rassemble 58 pays " vulnérables ", estimait de son côté que les désastres climatiques avaient coûté 525 milliards de dollars à leurs économies depuis 20 ans.

Avec l’accélération des catastrophes et un réchauffement sur une trajectoire toujours montante, les montants de ces dommages que l’adaptation ne peut plus endiguer devraient s’envoler.

 

Ils pourraient ainsi atteindre de 290 à 580 milliards de dollars par an en 2030 et de 1.000 à 1.800 milliards en 2050, selon des chiffres cités par l’Institut Grantham sur le changement climatique de la London School of Economics.

Face à ces sommes colossales, les pays les plus exposés réclament un canal de financement spécifique.

 

Mais les pays riches se sont toujours montrés très réticents. Ils craignent les conséquences légales d’une telle " reconnaissance " des pertes et dommages et arguent que le financement climatique dispose déjà de multiples canaux et qu’en créer un de plus ajouterait une complexité inutile.

Paroles en l’air

Mais leur échec persistant à tenir une précédente promesse de porter à 100 milliards par an en 2020 leur aide aux pays en développement pour l’atténuation et l’adaptation a fragilisé leur position. Cette aide plafonne à un peu plus de 83 milliards, selon les derniers chiffres, contestés par les pays vulnérables, de l’OCDE pour 2020.

" Mettre les pertes et dommages à l’agenda aura été un combat de 10 ans. Mais s’agira-t-il simplement de paroles en l’air ou d’une vraie discussion significative ? " s’inquiétait avant même l’ouverture de la COP Harjeet Singh, responsable de la stratégie du Climate Action Network, principale coalition mondiale regroupant plus de 1.800 ONG.

 

Les discussions mises à l’agenda de la COP ne donnent aucune piste précise sur les modalités du financement. Elles n’aborderont pas les questions de responsabilité ou de compensation, qui pourront toutefois être soulevées par ailleurs. Une précision importante alors que certain pays explorent les possibilités de lancer des actions devant la justice internationale.

Ces discussions devraient déboucher à horizon 2024… le même calendrier que celui qui avait été fixé lors de la précédente COP à Glasgow en 2021.

Avec AFP