Les présidents colombien et vénézuélien, Gustavo Petro et Nicolas Maduro, ont lancé mardi à la tribune de la COP27 un appel à la création d’une vaste alliance pour protéger l’Amazonie, la plus grande forêt tropicale de la planète, menacée par la déforestation.

Cette clairière n’est pas l’oeuvre de la nature, mais le résultat de la déforestation faite par l’homme. La faune et la flore amazoniennes sont des sujets de débat internationaux en raison du danger que représente la dégradation de la forêt tropicale pour la planète entière.

 

 

" Nous sommes décidés à revitaliser la forêt amazonienne " afin " d’offrir à l’humanité une victoire importante dans la lutte contre le changement climatique ", a affirmé Gustavo Petro lors de la conférence de l’ONU pour le climat à Charm el-Cheikh, en Egypte, aux côtés de Nicolas Maduro et du président du Suriname, Chan Santokhi.

 

 

Gustavo Petro, à l’origine de cette initiative, a appelé à y associer les Etats-Unis, " le pays qui pollue le plus " sur le continent américain, tandis qu’au sud se trouve " l’éponge qui absorbe le plus de CO2 du continent ".

Il a plaidé pour " l’ouverture d’un fonds " qui serait alimenté par " la contribution d’entreprises privées et des Etats du monde ".

Des pans entiers de l’Amazonie sont défrichés pour laisser la place à des cultures souvent intensives.

 

 

M. Petro avait annoncé la veille que son pays comptait consacrer 200 millions de dollars par an pendant 20 ans pour la sauvegarde de l’Amazonie.

Il a lancé un appel à la solidarité des organisations internationales, au moment où la COP a mis à son agenda officiel la question du financement des dommages déjà causés par le réchauffement.

 

 

" Un des sujets qui pourrait faire consensus entre nous, l’Afrique et une partie de l’Asie est celui d’un échange de dettes contre l’action climatique ", dans lequel le Fonds monétaire international (FMI) " a un rôle à jouer " avec les pays développés, a-t-il ajouté.

Image aérienne d’une zone en feu à Labrea, dans le sud de l’État d’Amazonas, au Brésil. Le géant sud-américain signale plus d’incendies en Amazonie depuis le début de l’année 2022 que pendant toute l’année 2021. 

 

 

Le " message politique (est) très important " mais la question " est de savoir comment vont se matérialiser ces intentions ", a réagi un représentant indigène de Colombie, Harol Rincon Ipuchima, co-président du groupe indigène de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique. Il a reproché au président Petro de ne pas avoir encore parlé avec eux, " les maîtres du territoire ".

Le fleuve de l’Amazone.

 

 

Selon l’organisation Amazon Conservation, qui surveille la déforestation dans la région, environ 13% de la biomasse originelle de la forêt amazonienne a déjà disparu.

Le bassin amazonien, qui s’étend sur 7,4 millions de kilomètres carrés, couvre près de 40% de l’Amérique du Sud et s’étend sur neuf pays, avec une population estimée à 34 millions d’habitants, indigènes pour la plupart.

Potira, un jaguar de 7 ans vivant en captivité dans une clinique vétérinaire de Sao Paulo, subit un examen médical. La clinique a pour objectif de reproduire les jaguars élevés en captivité et de relâcher leurs petits dans la nature afin de protéger cette espèce menacée par la destruction de l’Amazonie.

 

 

M. Petro, premier président de gauche de la Colombie, a pris ses fonctions le 7 août avec un projet environnemental ambitieux visant à convertir son pays aux énergies propres et à stopper l’exploration de nouveaux puits de pétrole, entre autres mesures.

Il a cependant reconnu que la présence de réserves d’hydrocarbures dans le sous-sol de la région amazonienne, à commencer par le Venezuela, pouvait contrarier ce plan de sauvegarde, mais s’est dit déterminé à parvenir à terme à l’abandon des énergies fossiles.

La communauté indigène de Ticuna, dans l’Amazonie colombienne.

 

 

La ministre colombienne de l’Environnement, Susana Muhamad, a prôné une " diversification " de l’économie des pays possédant de telles ressources, les exhortant à " laisser les réserves enterrées ".

Le représentant indigène a rappelé que " des territoires entiers des peuples indigènes d’Amazonie ont été détruits ". " Pas seulement au Venezuela, la Colombie aussi a beaucoup d’entreprises pétrolières sur ces territoires. De même que le Pérou, la Bolivie et l’Equateur ", a ajouté Harol Rincon Ipuchima.

La leader Waorani, Nemonte Nenquimo, qui travaille à la protection de la forêt amazonienne en Équateur, a été reconnue par le Time Magazine comme l’une des 100 personnes les plus influentes en 2020. Elle y voit le résultat du travail de ses ancêtres pendant des " milliers d’années " pour protéger leurs terres.

 

 

En Amazonie brésilienne, la déforestation a touché 1.455 km2 en septembre, un record pour ce mois de l’année, et tout laisse à penser que 2022 pourrait dépasser le record historique de la première année de mandat de Jair Bolsonaro.

La surface déboisée dans la partie brésilienne de la plus grande forêt tropicale du monde a augmenté de 48% par rapport à septembre 2021, selon le système de surveillance par satellite de l’Institut national de recherche spatiale (INPE).

L’exploitation et le commerce du bois se font parfois sans le respect de la législation ou sans surveillance des autorités publiques.

 

 

Le président Lula, récemment élu, promet d’être plus rigoureux dans la préservation de l’Amazonie, dont plus de 60% est situé en territoire brésilien.

Depuis l’arrivée au pouvoir en janvier 2019 de Jair Bolsonaro, la déforestation annuelle moyenne en Amazonie brésilienne a augmenté de 75% par rapport à la décennie précédente. L’ex-président avait favorisé l’exploitation minière et agricole (cultures, élevage) en Amazonie, au détriment de la forêt.

Avec AFP