Les démocrates auraient dépensé des millions de dollars pour soutenir financièrement des candidats extrêmes, jugés plus faciles à battre lors des élections de mi-mandat. Si beaucoup qualifient cette méthode d’hypocrite, les démocrates et Joe Biden l’ont justifiée publiquement et à plusieurs reprises, car la démocratie elle-même était en jeu lors des élections de mi-mandat.

Décrite comme risquée, voire dangereuse, la stratégie démocrate d’aider lors des primaires républicaines des candidats radicaux pro-Trump, jugés plus faciles à battre lors des élections de mi-mandat, semble avoir été payante.

Les démocrates ont dépensé des millions de dollars pour maximiser les chances d’investiture de certains des candidats les plus extrêmes pour ensuite les battre aisément.

Dans le Maryland, Dan Cox, qui soutient Donald Trump et ses accusations infondées de fraude électorale, a ainsi bénéficié d’au moins 1,7 million de dollars de la part du parti démocrate pour représenter le Parti républicain aux élections de mi-mandat, selon une analyse du Washington Post.

Mardi, il s’est lourdement incliné face au démocrate Wes Moore, premier gouverneur noir de l’État.

S’immiscer dans les primaires du parti adverse 

Dans l’Illinois, c’est pas moins de 34,5 millions de dollars qui ont été investis dans la candidature de Darren Bailey, lui aussi soutenu par Donald Trump, au poste de gouverneur, notamment par le biais de spots publicitaires soulignant son lien avec l’ancien président et décrivant ses rivaux comme des centristes modérés.

Grâce à une vague de soutien des trumpistes, Darren Bailey a remporté l’investiture du parti avant d’être battu sèchement mardi par le candidat démocrate sortant, J.B. Pritzker, qui a dépeint M. Bailey comme trop dangereux pour être gouverneur.

La stratégie qui consiste à s’immiscer dans les primaires du parti adverse pour promouvoir ses candidats les plus faibles n’est pas nouvelle, mais elle a retenu davantage l’attention cette année.

Beaucoup la qualifient d’hypocrite, alors que les démocrates et Joe Biden ont insisté publiquement et à plusieurs reprises sur le fait que la démocratie elle-même était en jeu lors des élections de mi-mandat.

Et elle aurait pu tout aussi bien se retourner contre eux si certains de ces républicains avaient créé la surprise en remportant des postes clés dans certains états. “Le comité de campagne du parti démocrate avait alors reçu énormément de critiques, mais il semblerait que cette stratégie fût payante " analyse Steven Maviglio, consultant en stratégie.

“Aider ceux (qui nient les résultats électoraux) à monter les échelons était un pari risqué. Mais ça a porté ses fruits” ajoute-t-il.

Aider financièrement les candidats faibles 

Parmi les autres candidats républicains extrémistes défaits mardi après avoir reçu l’aide des démocrates pour se faire élire, on retrouve Doug Mastriano en Pennsylvanie, Don Bolduc et Robert Burns dans le New Hampshire, et John Gibbs dans le Michigan.

Dans certains États où l’aide financière des démocrates n’a pas suffi à faire investir le candidat le plus extrême, les républicains plus modérés l’ont emporté ou paraissent en bonne voie de le faire.

Par exemple, dans une circonscription rurale de Californie, les démocrates ont échoué de peu à faire pencher la balance en faveur de Chris Mathys, fidèle de Donald Trump, pour la candidature républicaine à la Chambre des représentants.

Un financement démocrate à hauteur de 350.000 dollars avait été utilisé pour rappeler aux électeurs républicains que le rival de Chris Mathys, David Valadao, était l’un des rares de son parti à avoir voté pour la destitution de Donald Trump.

David Valadao a tout de même remporté l’investiture républicaine et il est en passe de battre son rival démocrate.

“Je pense qu’ils n’y sont pas allés assez fort”, estime même le spécialiste Steven Maviglio à propos de la stratégie des démocrates.

Il s’attend cependant à voir cette tactique être utilisée plus fréquemment à l’avenir, malgré les réserves de ses détracteurs.

" Les électeurs lambdas ne comprennent pas tout cela ", selon lui, " mais les personnes qui savent comment mener et gagner des campagnes n’ont aucune limite en termes de stratégie.”

" C’est risqué. Il n’y a aucun doute là-dessus. C’est un gros coup de poker ", a ajouté Steven Maviglio. " Mais comme la plupart des gros paris, lorsqu’ils sont payants, ils sont très payants ".

Avec AFP