La classe politique américaine n’est franchement pas réputée pour sa jeunesse et sa fraîcheur, hormis quelques exceptions. Le président Joe Biden fête le 20 novembre ses 80 ans et rejoint un club assez large d’octogénaires, qui comprend, par exemple, la présidente sortante de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, âgée de 82 ans. Les septuagénaires sont encore plus nombreux.

En intégrant dimanche le club des octogénaires, le président Joe Biden ne détonne pas au sein d’une classe politique américaine où les visages juvéniles sont rarissimes, si bien qu’elle est parfois qualifiée de gérontocratie.

La présidente sortante de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a 82 ans. Au Sénat, c’est à peine moins: le chef de la majorité démocrate, Chuck Schumer, va bientôt fêter ses 72 printemps. Celui de la minorité républicaine, Mitch McConnell, en a 80.

Le chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell.

 

 

Un vent de fraîcheur – tout relatif – pourrait néanmoins souffler. Nancy Pelosi a renoncé jeudi à briguer un nouveau mandat de présidente, disant vouloir laisser place à " une nouvelle génération ". Tout comme les deux autres ténors démocrates de la Chambre, James Clyburn et Steny Hoyer, respectivement âgés de 82 et 83 ans.

Aucun n’a en revanche choisi d’abandonner son siège.

Un jeune de 52 ans

Pressenti pour remplacer Nancy Pelosi, Hakeem Jeffries, fait figure de jeunot dans les rangs du Congrès avec ses fringants 52 ans.

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Joe Biden fête ses 80 ans le 20 novembre (AFP)

 

 

Soit environ 35 de moins que certains de ses collègues, comme le républicain Chuck Grassley. A 89 ans, il vient de rempiler pour un huitième mandat de sénateur – au début de sa carrière politique, en 1959, Dwight Eisenhower était à la Maison Blanche.

Un autre sénateur, Richard Shelby, 88 ans, est né un an avant l’invention de la bière en canette. Il prendra sa retraite à la fin de l’année.

Le cas de la sénatrice Dianne Feinstein, 89 ans, avait récemment relancé le débat autour de l’âge à partir duquel les élus devraient céder leur place. Le déclin visible des capacités cognitives de cette figure respectée fait douter de son aptitude à exercer ses fonctions.

Le visage du nouveau Congrès n’est pas encore totalement connu, le dépouillement de quelques scrutins n’étant pas achevé. Mais celui de l’ancien est très loin d’être jeune: sa moyenne d’âge était l’une des plus élevées de l’histoire (58 ans à la Chambre, 64 au Sénat).

Le sénateur Richard Shelby, 88 ans, est né un an avant l’invention de la bière en canette.

 

 

A la faveur des récentes élections de mi-mandat, quelques nouvelles figures vont arriver au parlement.

Le démocrate Maxwell Frost, 25 ans, sera par exemple le premier représentant de la " génération Z ", dont il compte bien défendre les intérêts.

AOC comme exception

" Il est important d’avoir une gouvernance qui ressemble au pays ", disait-il à l’AFP en octobre, s’agaçant de certains clichés accolés à sa génération, jugée impatiente. " Je dirais que nous savons ce que nous voulons. "

Il rejoindra une jeune garde de la colline du Capitole tout aussi déterminée.

La sénatrice Dianne Feinstein, 89 ans, une figure respectée, mais dont le déclin visible de ses capacités cognitives fait douter de son aptitude à exercer ses fonctions.

 

 

L’une des plus connues, la trentenaire Alexandria Ocasio-Cortez, ou " AOC ", est à la fois coqueluche des démocrates les plus à gauche et bête noire des conservateurs.

Mais ces élus ne représentent qu’une goutte d’eau dans un océan grisonnant. Et les postes à plus haute responsabilité du Congrès restent occupés par des seniors.

Près de trois-quarts des Américains pensent pourtant qu’une limite d’âge devrait être imposée aux élus, selon un sondage CBS News publié en septembre.

Qu’ils soient démocrates ou républicains, tout jeunes adultes ou sexagénaires, cette proportion est similaire, rare signe d’unité dans un pays dont les divisions n’échappent à personne.

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La présidente sortante de la chambre des représentants Nancy Pelosi a 82 ans (AFP)

 

 

" Les gens semblent plutôt favorables à l’idée d’avoir un élu plus jeune " mais " ils ne sont pas vraiment prêts à traduire cette volonté en vote ", explique à l’AFP Damon Roberts, chercheur en science politique à l’université du Colorado-Boulder.

Quand ils déposent leur bulletin dans l’urne, les électeurs semblent prendre davantage en compte l’origine ethnique ou le genre que l’âge, ajoute-t-il.

Barrières institutionnelles

D’autres éléments peuvent expliquer cette propension à élire des candidats ayant allègrement dépassé l’âge de la retraite.

Il existe des barrières institutionnelles: il faut avoir 25 ans pour rejoindre la Chambre, au moins 30 pour le Sénat, et minimum 35 pour prétendre poser ses valises à la Maison Blanche.

Et les Américains voient généralement les candidats plus jeunes comme " moins qualifiés ", " moins expérimentés " et " plus extrêmes sur le plan idéologique " que leurs aînés, reprend Damon Roberts.

Ronald Reagan en compagnie de Margaret Thatcher à Camp David.

 

 

En 1984, le président Ronald Reagan, qui affrontait un candidat moins âgé durant sa campagne pour sa réélection, avait repris à son compte ces arguments.

Alors que, pendant un débat, un journaliste lui faisait remarquer qu’il était le président américain le plus vieux de l’histoire – Joe Biden l’a depuis détrôné – le républicain avait magistralement retourné les critiques.

" Je ne mettrai pas l’âge au centre de cette campagne. Je ne vais pas exploiter, à des fins politiques, la jeunesse et l’inexpérience de mon adversaire ". Deux semaines après, un raz-de-marée électoral le confirmait à la Maison Blanche.

Avec AFP

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