La langue française perd petit à petit de son influence dans le monde. Pour tenter d’y remédier, si cela est encore vraiment possible, 88 pays se sont réunis le 19 novembre lors d’un sommet en Tunisie organisé par l’Organisation internationale de la Francophonie.

Des dirigeants des pays francophones se sont retrouvés samedi lors d’un sommet en Tunisie, avec l’ambition affichée de voir le bloc jouer un " rôle accru " à l’international dans la résolution des crises en cours.

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), un espace de 88 pays membres, associés ou observateurs, doit affirmer " son influence dans un monde fracturé " par des crises multiples, a estimé la secrétaire générale de l’OIF Louise Mishikiwabo, en ouverture du sommet de deux jours sur l’île de Djerba.

Le président français Emmanuel Macron arrive à Djerba pour le sommet de la Francophonie qui s’est ouvert samedi en Tunisie. Il est accueilli par le président tunisien Kais Saied et la secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo.

 

 

" La Francophonie doit rester un trait d’union pour éviter que les tensions ne dégénèrent en conflits ", a souligné l’ancienne cheffe de la diplomatie rwandaise, prônant une " Francophonie décomplexée " et " plus soudée " dans " l’élaboration de positions communes " pour aller vers un " multilatéralisme repensé ".

Elle a cité les nombreuses " tempêtes " traversées par la planète, notamment la pandémie de Covid-19 ainsi que les défis environnementaux et technologiques.

Le sommet doit officiellement mettre l’accent sur l’économie, avec comme slogan " le numérique comme vecteur de développement ". " Il est de notre ressort de mener la bataille pour l’emploi des jeunes dans notre espace ", a dit Mme Mishikiwabo.

Le sommet de l’OIF, fondée en 1970, coïncide avec la phase finale de la COP27 sur le climat en Egypte et fait suite à une réunion du G20 en Indonésie dominée par la guerre en Ukraine, pays observateur au sein de l’OIF.

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Lucide, Emmanuel Macron a estimé que la langue française avait perdu de son influence ces dernières années (AFP)

 

La cheffe de l’OIF n’a pas mentionné ce conflit dans son discours, mais le président français Emmanuel Macron, présent au sommet, entend en discuter avec les autres dirigeants, selon son entourage.

Sur ce dossier, un fossé s’est creusé au sein de l’espace francophone, de nombreux pays d’Afrique regrettant un manque de solidarité internationale avec le continent, face à des Occidentaux très mobilisés en revanche pour venir en aide à l’Ukraine.

Kais Saied, le président de la Tunisie qui accueille ce sommet 16 mois après s’être emparé des pleins pouvoirs en juillet 2021, a émis le souhait de voir la réunion apporter des " résultats tangibles et effectifs " face " aux bouleversements que connaît le monde ".

Le président tunisien Kais Saied rencontre le président français Emmanuel Macron en marge du 18ième sommet de la francophonie 16 mois après son coup de force.

 

 

" C’est à nous de rêver d’un monde meilleur pour l’humanité toute entière, pour un développement universel fondé sur la justice et la liberté ", a-t-il ajouté.

Faisant allusion aux fractures grandissantes entre pays pauvres, notamment africains, et Etats développés siégeant au sein de l’OIF, il a affirmé que " l’être humain est un être humain partout où il est dans le monde et ne se réduit jamais à un simple chiffre ".

Il a cité un monstre sacré de la littérature française, Victor Hugo, pour mieux faire passer son message devant un auditoire francophone. " Zéro, disait Hugo, n’existe pas, tout est quelque chose, rien n’est rien ".

Outre M. Macron, d’autres dirigeants comme le Canadien Justin Trudeau, le président du Conseil européen Charles Michel ou le Sénégalais Macky Sall ont fait le voyage à Djerba.

Les pays francophones du monde entier se réunissent en Tunisie pour des discussions axées sur la coopération économique. Le président tunisien Kais Saied, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian et la secrétaire générale de l’organisation, Louise Mishikiwabo, ont prononcé des discours lors de la séance d’ouverture.

 

 

En rencontrant un groupe de jeunes samedi, M. Macron a appelé à une " francophonie d’action " et à " ne pas tomber dans le ronron des sommets ".

Le Premier ministre arménien, Nikol Pachinian, dont le pays assurait la présidence sortante de l’OIF, a mis à profit son discours pour dénoncer les " pressions injustifiées et non provoquées " de la part de l’Azerbaïdjan, son voisin.

Il a appelé la communauté internationale à condamner " l’occupation de parties du territoire arménien " et exiger " le retour des forces azerbaïdjanaises sur leurs positions antérieures ".

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Les dirigeants et les délégués des États membres de l’Organisation internationale de la Francophonie posent pour une photo de famille au début du sommet de l’organisation sur l’île tunisienne de Djerba.

 

 

La réélection pour quatre ans de la secrétaire générale de l’OIF, seule en lice, est au menu de la rencontre entre représentants de cet espace de 321 millions de francophones, appelés à devenir 750 millions en 2050, grâce à l’Afrique.

Le Québec insistera via son Premier ministre François Legault " sur l’importance du français, troisième langue d’affaires dans le monde ", selon un communiqué. Et comme bon nombre de membres de l’OIF, la province canadienne entend profiter du sommet pour " accroître (sa) présence en Afrique francophone où les occasions d’affaires se multiplient ".

Pour le Canada, poids lourd de la Francophonie, l’OIF doit faire entendre sa voix sur des questions comme " la prospérité économique " mais aussi " la consolidation de la démocratie ".

Avec AFP