Malgré les retombées de la guerre en Ukraine, l’Agence spatiale européenne (ESA) reste ambitieuse dans ses programmes spatiaux. Cinq nouveaux astronautes ont été sélectionnés et devraient commencer leurs formations au printemps. Le budget a également été rehaussé à hauteur de 17%, atteignant 16,9 milliards d’euros pour les trois prochaines années.

Deux femmes et trois hommes un jour dans l’espace. L’Agence spatiale européenne (ESA) a désigné mercredi cinq nouveaux astronautes et approuvé un budget en nette hausse pour ses programmes spatiaux malgré la crise économique et la guerre en Ukraine.

La nouvelle promotion comprend Rosemary Coogan, une Britannique de 31 ans, et Sophie Adenot, une pilote d’essai d’hélicoptère de 40 ans, deuxième Française après Claudie Haigneré.

Les nouveaux astronautes devraient rejoindre la station spatiale internationale (ISS) à partir de 2026 (AFP)

 

Les trois hommes sont le Suisse Marco Sieber, l’Espagnol Pablo Alvarez Fernandez et le Belge Raphaël Liégeois.

Tous viennent rejoindre les sept astronautes européens en service, issus de la promotion 2009 qui comptait seulement une femme. La promotion 2009 comprenait deux Allemands, deux Italiens –dont Samantha Cristoforetti–, un Britannique, un Danois et le Français Thomas Pesquet.

Plus de 22.500 candidats européens avaient postulé lors du lancement de la campagne de recrutement en février 2021. La nationalité des astronautes retenus tient compte des équilibres entre pays et de leur contribution financière au budget de l’ESA.

Leur entraînement doit commencer au printemps. La première mission en orbite pour le premier d’entre eux n’est pas prévue avant 2026.

" Grand succès "

Lors de la présentation de cette nouvelle génération, Thomas Pesquet leur a conseillé de " bien s’accrocher ". Et " pendant ce temps, nous continuons notre travail, personne aujourd’hui ne part à la retraite. Pour les missions Artémis vers la Lune, on va envoyer (…) plutôt des gens de ma génération, d’ici à 2030, pendant que cette nouvelle promotion apprend le métier, fait ses armes et une mission sur l’ISS ", la station spatiale internationale, a-t-il dit.

L’ESA a également sélectionné le Britannique John McFall, porteur d’un handicap physique, pour étudier l’apport des personnes en situation de handicap à l’aventure spatiale.

L’astronaute français Thomas Pesquet a reçu les nouveaux nommés et leur a conseillé de " bien s’accrocher " (AFP)

 

Les 22 États membres ont également validé, au terme d’âpres négociations, un budget de 16,9 milliards d’euros pour les trois prochaines années, en hausse de 17% par rapport aux 14,5 milliards d’euros accordés lors de la conférence ministérielle en 2019.

C’est toutefois moins que les 18,5 milliards de dollars demandés par le directeur général de l’agence, Josef Aschbacher.

Les discussions sur les contributions de chaque État –chaque pays abondant à sa guise les programmes qu’il souhaite financer en fonction de ses priorités nationales– se sont poursuivies jusqu’au tout dernier moment et ont nécessité plus de six tours de table.

C’est un " grand succès ", a salué le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire, assurant que le budget allait " au-delà des attentes ". Paris l’a abondé à hauteur de 3,25 milliards d’euros, l’Allemagne y pourvoit 3,5 milliards et l’Italie 3,1 milliards.

Faire face à la concurrence

" Étant donné le niveau de l’inflation, je suis très impressionné par ce résultat ", a déclaré le patron de l’ESA, jugeant que le budget voté était " nécessaire pour ne pas rater le train " face à la concurrence féroce, américaine et chinoise notamment.

Le budget européen reste toutefois loin des 24 milliards de dollars dont dispose la Nasa américaine pour la seule année 2022.

Tous les programmes de l’agence sont en hausse : les programmes d’observation de la Terre, qui permettent de mesurer et surveiller le changement climatique, notamment via le programme Copernicus, bénéficient d’une enveloppe de près de 2,7 milliards d’euros (+6%), l’exploration robotique et humaine de 2,7 milliards d’euros (+36%), les activités de télécommunications de 1,9 milliard (+19%).

Décollage de la première mission habitée vers la station spatiale chinoise (AFP)

 

La mission Exomars, dont l’avenir était assombri par la rupture de la coopération avec la Russie, verra finalement le jour avec une aide américaine, a assuré Josef Aschbacher. Le rover de l’ESA, dont le lancement était prévu cet automne, devait initialement se poser sur la planète Mars avec un atterriseur russe.

Le sujet des lanceurs spatiaux, sources de tensions ces dernières années entre la France (cheffe de file d’Ariane 6), l’Allemagne (favorable à une concurrence des micros et minilanceurs) et l’Italie (et sa fusée Vega-C), a bénéficié de 2,8 milliards d’euros, soit une hausse de plus d’un tiers par rapport à 2019.

L’autonomie de l’accès de l’Europe à l’espace est actuellement fragilisé par le retard de trois ans du lanceur lourd Ariane 6 –le premier vol est dorénavant prévu fin 2023– et la fin de l’utilisation de la fusée moyenne russe Soyouz depuis l’invasion de l’Ukraine.

Avec AFP