La trouvaille par l’armée de culture de feuilles de coca dans l’État du Guerrero, découverte qui aurait été singulière il y a quelques années, révèle aujourd’hui l’adaptation des cartels dans le juteux business du trafic de drogue.

Le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador a reconnu pour la première fois en 2021 que des groupes criminels expérimentaient la culture de la coca et que son gouvernement enquêtait. C’est désormais une réalité: les cartels mexicains, qui dominent toute la route de transit de la drogue depuis l’Amérique du Sud jusqu’aux États-Unis, essayent de diversifier leur production en essayant d’adapter la culture de la feuille de coca, notamment dans l’état du Guerrero.

Un soldat mexicain procède à la saisie de matériel de traitement de la coca lors d’une opération dans la région montagneuse de la municipalité d’Atoyac de Alvarez, dans l’État de Guerrero. (AFP)
État-clé

Il s’agit d’un état-clé du trafic de drogue en raison de sa vocation agricole et de son accès aux ports du Pacifique comme Acapulco. Les modestes paysans du Guerrero s’en sont toujours remis à la culture de la marijuana et du pavot. Mais l’émergence du fentanyl, drogue synthétique 50 fois plus puissante que l’héroïne et introduite en masse sur le marché nord-américain par les cartels, a entraîné une chute du prix de la gomme d’opium, fabriquée à partir du pavot, la matière première de l’héroïne.

Les plantations de coca sont historiquement concentrées dans le triangle d’Amérique du sud Colombie-Pérou-Bolivie. La Colombie étant le plus gros producteur mondial, fournissant les deux tiers des 2.000 tonnes de cocaïne produites en 2021, selon les experts. Le trafic de cocaïne est extrêmement rentable, un kilo revient à 1.000 dollars sur les lieux de production et peut être revendu 40.000 dollars en Europe.

Cultures d’adaptation

Pour Insight Crime, le Mexique et ses 36 hectares éradiqués en quatre ans par l’armée est loin de faire de l’ombre à la Colombie et ses 204.000 hectares de champs de coca recensés en 2021 par l’ONU. Les spécialistes de l’ONG pour le journalisme d’investigation sur le crime organisé en Amérique latine et dans les Caraïbes estiment que ces expérimentations au Mexique sont peut-être des tentatives d’adaptation de la plante, produites à des latitudes beaucoup plus basses en Colombie et au Pérou.

Mais " bien que les niveaux des cultures de coca restent faibles, l’augmentation progressive des surfaces constatées à Guerrero et son historique des cultures illicites pourraient être des sources de problèmes dans cet Etat " qui borde le Pacifique nord, prévient la fondation dans un rapport.

Maxime Pluvinet avec AFP