La guerre de la Russie contre l’Ukraine entre dans sa troisième journée de combats actifs. Le temps de M. Poutine est compté. C’est une course absolue entre soit une guerre éclair russe réussie, soit une guerre d’usure exténuante, où les Ukrainiens entraînent la Russie dans un autre Afghanistan.

La Russie dispose d’une brève fenêtre d’environ une semaine à dix jours pour prendre le contrôle de quelques grandes villes clefs, en particulier Kiev, et précipiter l’effondrement du gouvernement ukrainien et de sa structure de commandement et de contrôle de l’armée. Une fois cela accompli, M. Poutine pourra alors placer ses alliés ukrainiens au pouvoir et engager des "négociations", tout en chargeant ses représentants des régions séparatistes d’assurer la stabilité avec l’aide de ses forces. Un scénario similaire à la manière dont la Russie avait réagi en Syrie en 2015, contre les zones contrôlées par les rebelles. En effet, à cette époque, la Russie avait lancé des campagnes dites de choc et d’effroi, se concentrant sur les frappes aériennes et les missiles pour maîtriser la résistance. Ensuite, elle avait chargé l’armée syrienne et ses autres alliés de pénétrer, et de combattre, les dernières poches de résistance pour imposer la stabilité et limiter l’exposition russe à la colère de la population locale, et à une éventuelle résistance farouche.

D’un autre côté, le gouvernement ukrainien doit tenir bon, montrer sa volonté de résister, ralentir l’avancée russe au point de la rendre servile, la saigner à vif, en utilisant des armes antichars et antiaériennes fournies par l’Occident. En effet, l’armée doit réagir avec agilité et adopter des tactiques de guérilla, notamment dans les zones urbaines. Tant qu’une partie de l’armée ukrainienne continuera de combattre, et le gouvernement de poursuivre son approche défiante, les gens continueront à croire et à résister violemment. Le président ukrainien Zelenski, s’est montré à la hauteur. Ses discours récents et son refus d’être déplacé par avion en lieu sûr, choisissant plutôt de rester près de ses gens, est une décision intelligente et bonne pour le moral de son peuple, mais également dangereuse.

Pendant ce temps, plus le gouvernement ukrainien et son armée gagnent du temps, plus l’Occident a la possibilité d’augmenter son aide militaire, en envoyant des munitions et des systèmes d’armes létaux supplémentaires. On pense ici aux missiles anti-aériens américains Stinger qui ont décimé les hélicoptères russes en Afghanistan. De même, les missiles antichars Javelin pouvant être d’une grande efficacité pour stopper l’avancée russe. De petits groupes de soldats ukrainiens ou même de mercenaires, rôdant dans la campagne à la recherche de chars et d’avions russes, changeraient la donne. En effet, plusieurs rapports indiquent que les pays occidentaux ont commencé à envoyer de tels systèmes d’armement.

De surcroît, si les Ukrainiens résistent, cela rendra Moscou plus agressive, et à même de causer plus de dégâts et de victimes civiles. Cela facilitera alors le développement d’un consensus entre les pays occidentaux pour renforcer les sanctions et les rendre encore plus douloureuses. La négociation en cours pour retirer la Russie du système Swift est un parfait exemple du temps qu’il faut pour parvenir à un consensus et mettre en œuvre des sanctions globales et radicales.

En effet, l’augmentation des pertes dans les camps russes, ainsi que la destruction de matériels militaires vont sûrement soulever la colère de la population russe, et on a constate déjà un nombre important de manifestations et de déclarations en faveur de l’arrêt de la guerre. Malheureusement, un long conflit entraînera un grand nombre de victimes civiles, et des pressions supplémentaires sur la Russie, en particulier de la part de la Chine, qui hésite déjà à soutenir Poutine, contrairement à son habitude.

Bref, c’est une course en bonne et due forme! La Russie devra atteindre ses objectifs le plus tôt possible, déclarer "victoire" et renforcer la stature du président Poutine, l’étoile montante de la Russie. Une fois la victoire assurée et les inquiétudes de la Russie d’avoir l’OTAN à ses portes apaisées, la Russie pourra alors commencer à réparer ses relations avec l’Occident, en faisant pression pour la levée des sanctions à moyen terme via de petites concessions. D’un autre côté, l’Ukraine devra se replier et faire payer – cher – aux Russes le coût de chaque centimètre de terrain qu’ils auront pris, tout en rassemblant un soutien international de grande envergure et, surtout, en n’abandonnant jamais.