Villes assiégées et bombardées sans relâche, hôpitaux détruits: l’armée russe poursuit le même mode opératoire en Ukraine qu’en Syrie afin de pousser l’adversaire à capituler et les populations à fuir, estime le médecin humanitaire français Raphaël Pitti, témoin du conflit syrien depuis onze ans.

A Alep, comme à la Ghouta, dans la banlieue de Damas, ou à Grozny, en Tchétchénie, une fois la capitulation arrachée, les populations ont été " triées " et celles qui s’opposaient au vainqueur poussées à partir. En Syrie, " on met alors à disposition des camions qui embarquent tous ceux qui ne veulent pas rester avec le régime ", raconte Raphaël Pitti, qui a effectué plus de 30 missions humanitaires dans ce pays depuis le début de la guerre civile en 2011. " Ceux qui sont d’accord pour rester sous l’autorité du régime vont vers les zones contrôlées par le régime. Les autres sont autorisés à partir vers les ‘zones de désescalade de la violence’, c’est-à-dire la zone d’Idleb ", aujourd’hui dernier bastion rebelle en Syrie, poursuit-il. Depuis le début de l’invasion russe, plus de 2,8 millions de personnes ont déjà fui l’Ukraine. " C’est exactement ce qu’ont fait Assad et Poutine, laisser sortir la population ", afin de mieux contrôler le pays, souligne-t-il.
Le Pr Pitti et le directeur de l’UOSSM France, Ziad Alissa, ont lancé mardi un appel aux candidats à la présidentielle en France, onze ans jour pour jour après le début du conflit syrien, pour qu’ils se mobilisent pour la paix et le respect du droit humanitaire international.
AFP