Face à la poursuite des bombardements meurtriers, et à des négociations qui s’éternisent, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a exhorté la Chine, allié stratégique de Moscou, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et un des grands absents, avec l’Inde, du concert de condamnations et de sanctions qui s’est abattu sur Moscou, à prendre position.  " La Chine peut être un élément important du système de sécurité mondial si elle prend la bonne décision de soutenir la coalition des pays civilisés et de condamner la barbarie russe ", a tweeté Mykhaïlo Podoliak, un conseiller de M. Zelensky et un des participants aux négociations avec la Russie.

 

Le président américain Joe Biden s’était entretenu vendredi pendant près de deux heures par visioconférence avec son homologue chinois Xi Jinping, pour lui exposer " les conséquences si la Chine fournissait un soutien matériel à la Russie ", selon la Maison blanche.  Mais M. Xi a maintenu l’ambiguïté, se bornant à souligner que les conflits militaires n’étaient " dans l’intérêt de personne ", selon la télévision chinoise.

A New Delhi, c’est le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, qui a exhorté l’Inde, gros acheteur d’armes et de pétrole russes, à sortir de sa réserve et à condamner l’invasion. Son homologue indien, Narendra Modi, s’est gardé de mentionner l’Ukraine et la déclaration conjointe s’est bornée à un appel à " un arrêt immédiat de la violence. "

Le président Zelensky a cependant encore une fois souligné que " des négociations portant sur la paix et la sécurité pour l’Ukraine sont la seule chance pour la Russie de minimiser les dégâts causés par ses propres erreurs ", dans une vidéo publiée sur Facebook, filmée de nuit dans une rue déserte de Kiev.

Plusieurs rounds de tractations entre Kiev et Moscou ont eu lieu depuis le 24 février. Le quatrième s’est ouvert lundi au niveau de délégations négociant par visioconférence.  Le chef de la délégation russe a affirmé voir vendredi soir un " rapprochement " des positions sur la question d’un statut neutre de l’Ukraine et la démilitarisation du pays.  Mais le négociateur ukrainien Mikhaïlo Podoliak a souligné que les " déclarations de la partie russe ne sont que leurs demandes de départ ".  " Notre position n’a pas changé: cessez-le-feu, retrait des troupes (russes) et garanties de sécurité fortes avec des formules concrètes ", a-t-il tweeté.  L’Ukraine refuse un simple statut de neutralité et exige des " garanties de sécurité absolues ".

Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu avait indiqué jeudi que la proposition ukrainienne était celle d’un " accord de sécurité collective " impliquant les cinq membres du Conseil de sécurité ainsi que la Turquie et l’Allemagne.

Pour la cheffe de la diplomatie britannique cependant, Liz Truss, ces pourparlers ne sont qu’un " écran de fumée " avant une nouvelle offensive. Elle a dit dans une interview au Times être " très sceptique " sur les négociations.  Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait fait jeudi une analyse similaire, estimant que la Russie ne cherche que la " capitulation ukrainienne " à travers " l’aggravation de la guerre des sièges ".

 

AFP