
Nouvelles négociations à Istanbul
Les nouvelles négociations, qui commenceront lundi ou mardi à Istanbul, en Turquie, selon les sources, se tiendront après l’annonce par l’armée russe en fin de semaine qu’elle changeait d' "objectif principal " en Ukraine. Moscou a affirmé vendredi vouloir concentrer son offensive sur l’est de l’Ukraine, un changement de cap qui fait craindre à Kiev une partition du pays, les séparatistes de Lougansk évoquant eux la tenue d’un référendum sur l’indépendance de leur territoire.
Une séance de négociations avait déjà eu lieu le 10 mars en Turquie, à Antalya, au niveau des ministres des Affaires étrangères et à l’invitation d’Ankara, mais n’avait débouché sur aucune avancée concrète. Depuis lors, les discussions se sont poursuivies par visioconférence, jugées " difficiles " par les deux camps.
Vendredi, le commandement russe avait créé la surprise en annonçant " concentrer le gros des efforts sur l’objectif principal: la libération " du bassin minier du Donbass. Jusque-là, la volonté affichée par Moscou était de " démilitariser et dénazifier l’Ukraine " dans son ensemble, et non pas seulement dans cette région orientale où se trouvent deux " républiques " séparatistes pro-russes.
Les prorusses veulent un référendum à Lougansk
Le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov, a estimé dimanche qu' "après avoir échoué à prendre Kiev et à renverser le gouvernement ukrainien ", Moscou " pourrait imposer une ligne de séparation entre les régions occupées et non occupées de notre pays, (dans) une tentative " d’instaurer une séparation à la coréenne.
Léonid Passetchnik, leader du territoire séparatiste de Lougansk, dont Moscou a reconnu l’indépendance, a lui déclaré que cette entité pourrait organiser " dans un avenir proche " un référendum pour rejoindre la Russie. " Tous les faux référendums dans les territoires occupés temporairement sont nuls et non avenus et n’auront aucune légitimité ", a réagi Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères.
" Accalmie " au Sud, poursuite de l’offensive ailleurs
Sur le théâtre des opérations, au 32e jour de la guerre, Kiev a dit craindre une aggravation de la situation à Marioupol et dans l’Est. Mettant en garde dimanche contre " l’escalade des mots et des actions " en Ukraine, le président français Emmanuel Macron a indiqué qu’il parlerait au président russe Vladimir Poutine lundi ou mardi pour organiser une opération d’évacuation de ce port stratégique sur la mer d’Azov, assiégé depuis des semaines.
De nouveaux couloirs humanitaires ont été organisés dimanche pour permettre l’évacuation d’habitants de la ville dévastée où plus de 2.000 civils ont été tués, selon la municipalité. Plusieurs tentatives visant à établir des itinéraires sûrs pour les civils ont échoué, les deux parties s’accusant mutuellement de violations de cessez-le-feu.
" Marioupol sous un tapis de bombes ", a écrit dimanche soir sur Twitter la présidence ukrainienne, signalant également " toujours plus de roquettes " sur Kharkiv (est), Lutsk (nord-ouest), Rivne (nord-ouest) et Jytomyr (centre).
Depuis l’annonce des nouveaux objectifs de Moscou en Ukraine, l’étau russe a semblé se desserrer dans certaines régions du sud de l’Ukraine.
A Mykolaïv, les habitants ont retrouvé un peu d’espoir, après des semaines terribles pendant lesquelles l’armée russe a tenté en vain de prendre cette ville-verrou sur la route d’Odessa, plus grand port d’Ukraine, a constaté l’AFP. S’il y a encore des alertes aux bombardements aériens, les sirènes n’ont guère troublé dimanche les badauds, de plus en plus nombreux dans les rues, les marchés ou dans les files d’attente devant les distributeurs de billets. Le front a même sensiblement reculé, avec une contre-offensive ukrainienne sur Kherson, seule ville d’importance dont l’armée russe avait revendiqué la prise totale, à quelque 80 km au sud-est.
Mais à Kiev, " les groupes de sabotage de l’ennemi essayent toujours de pénétrer " dans la ville, selon l’état-major ukrainien. Il reste très difficile de vérifier de source indépendante ce qui se passe sur le terrain.
En Russie, M. Poutine a félicité dimanche dans une adresse vidéo la Garde Nationale (Rosgvardia) qu’il a créée depuis six ans, et particulièrement ceux qui participent à " l’opération militaire spéciale sur le territoire du Donbass et de l’Ukraine ".
Sur le plan diplomatique, le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba a appelé à un boycottage des supermarchés français Auchan – qui ont fait le choix de rester en Russie – ainsi que des enseignes Leroy-Merlin (bricolage) et Décathlon (sport), détenues par le même groupe familial.
A Rome, le pape François a dénoncé " le martyre " de l’Ukraine ainsi que " l’agression " " barbare et sacrilège " du pays par la Russie.
Avec AFP