L’Allemagne a conservé dimanche ses chances de voir les huitièmes de finale en arrachant à l’Espagne un match nul à la 83e minute, rebattant les cartes dans un groupe E où tout se jouera lors de la dernière journée.

Niclas Füllkrug, le buteur du Werder Brême qui découvre l’équipe nationale à 29 ans, a répondu à un but d’Alvaro Morata, pour repousser le risque d’une deuxième élimination consécutive au premier tour d’un Mondial, après la retentissante humiliation en Russie en 2018.

L’Espagne pour sa part n’est pas encore qualifiée, mais en position favorable avec quatre points avant d’affronter le Japon jeudi dans le dernier match. L’Allemagne s’était mise dans un très mauvais pas dès l’entame, en concédant une surprenante défaite 2-1 face au Japon.

Une réhabilitation était indispensable, même si les Allemands, avec un seul point, vont devoir impérativement battre le Costa Rica et probablement soigner leur différence de buts pour s’assurer de jouer les huitièmes de finale. Entre deux équipes aux philosophies de jeu similaires, le match a tenu toutes ses promesses en matière d’intensité.

Mais fidèle à son jeu de possession, la Roja a tenu le ballon (64% de possession) et a fait déferler des vagues rouges sur la défense allemande, qui a souffert, à l’image de Thilo Kehrer, maillon faible de l’arrière-garde germanique.

Dès la 7e minute, Dani Olmo, le joueur de Leipzig, a obligé Manuel Neuer à détourner un tir puissant sur sa barre. Puis Jordi Alba a raté le cadre de très peu (22e), et Ferran Torres s’est procuré la plus belle occasion: il a repris instantanément un centre de la gauche du point de pénalty, mais son ballon est passé au dessus de la cage de Manuel Neuer (33e).

Füllkrug le sauveur

En face, l’Allemagne a longtemps tenu le choc défensivement, mais a beaucoup peiné à ressortir proprement les ballons, malgré tout le talent de Jamal Musiala en attaque et les rushs de Leon Goretzka pour remonter les ballons balle au pied.

Serge Gnabry s’est retrouvé deux fois en position favorable, mais a buté deux fois sur le gardien ibérique Simon Unai (10e, 25e). Le premier tournant du match a été l’entrée à la 54e minute d’Alvaro Morata. Critiqué par une large frange de supporters au début de l’Euro l’an dernier pour sa maladresse face aux cages, l’attaquant de l’Atlético Madrid a toujours pu compter sur la confiance de son sélectionneur Luis Enrique.

C’est lui, à la 62e minute, qui a ouvert le score d’une subtile pichenette de l’extérieur du pied droit au premier poteau de Manuel Neuer, sur un service de Jordi Alba (1-0). Mais ce but a donné aux Allemands un surcroît de rage et d’énergie.

Et la Nationalmannschaft a dominé la fin de match, d’abord avec une première tentative de Füllkrug (73e), suivie quelques secondes plus tard d’un arrêt réflexe du gardien Unai Simon sur un tir de Musiala à bout portant. Et c’est encore Füllkrug, servi une nouvelle fois par Musiala, qui a marqué le but de l’espoir d’un tir tendu de près, un geste de véritable buteur, à la 83e minute.

L’Allemagne respire mais revient de loin. Quasiment dans la même situation en Russie, les Allemands avaient été éliminés en perdant leur dernier match contre la Corée du Sud (2-0). Rien n’est fait.

Plus tôt dans la journée, les vice-champions du monde croates, tenus en échec lors de leur entrée en lice dans le Mondial contre le Maroc (0-0), se sont relancés en battant le Canada (4-1), deuxième équipe éliminée de la compétition, dimanche au Stade International Khalifa, à Doha.

Grâce à cette victoire, la Croatie se replace à la première place du groupe F, à égalité de points avec les Lions de l’Atlas (quatre), et devant la Belgique (trois points), qu’elle affrontera jeudi prochain (17h00). Les Diables rouges devront gagner pour être assurés de rallier les huitièmes de finale, après leur défaite embarrassante plus tôt ce dimanche contre le Maroc (2-0).

Avant ce duel, les Croates se sont rassurés, et même retrouvés contre le Canada, maîtrisant la partie dans l’ensemble. Un joueur a particulièrement ébloui la rencontre, et ce ne fut pas le capitaine et Ballon d’or 2018 Luka Modric, mais bien l’attaquant Andrej Kramaric, buteur à deux reprises et insaisissable pour la défense canadienne.

Le joueur d’Hofenheim a d’abord cru égaliser d’une frappe croisée du pied droit mais son but a été annulé pour une position de hors-jeu (26e). Il a alors recommencé, d’une frappe croisée du pied gauche cette fois (1-1, 36e), puis a inscrit le troisième but, scellant le résultat du match, d’une nouvelle frappe imparable du gauche après un crochet du droit (70e).

Avant cela, Marko Livaja, titulaire après la blessure de Nikola Vlasic lors de la première rencontre des Croates, avait donné l’avantage aux siens d’une frappe tendue à ras de terre (44e).

Le Canada trop friable

Outre le score ample, la sélection au damier rouge et blanc a de nouveau fait honneur à son surnom, la " Vatreni " (les Flamboyants), et à son statut de vice-championne du monde. Le match avait pourtant mal commencé, quand Alfonso Davies a marqué d’une tête rageuse d’emblée (2e), quelques minutes après la victoire des Canadiens en Coupe… Davis.

Le joueur du Bayern Munich avait sans doute la volonté de se racheter après son penalty manqué lors de la défaite contre la Belgique (1-0). Très en vue lors des 25 premières minutes, durant lesquelles les " Canucks " ont pris de vitesse les joueurs de Vlatko Dalic, il a aussi incarné les manquements défensifs de sa sélection.

C’est lui qui a été pris de vitesse par Juranovic, qui a ensuite trouvé Livaja, lors du deuxième but croate. Les 25 premières minutes pleines d’audace étaient l’érable qui cachait la forêt canadienne, tant les Canucks ont été friables défensivement. C’est une nouvelle erreur individuelle qui a permis à Lovro Majer d’inscrire le quatrième but croate (90e+4). De quoi gonfler la confiance des coéquipiers de Modric avant le match tant attendu contre la Belgique.

AFP