L’Angleterre s’est qualifiée mardi pour les huitièmes de finale du Mondial-2022, où elle affrontera le Sénégal, à la faveur d’une victoire tranquille contre le pays de Galles (3-0), acquise grâce à Marcus Rashford et Phil Foden, convaincants pour leur première en tant que titulaires. Seule une défaite aurait pu compromettre les chances des Three Lions, qui terminent la phase de groupe invaincus, en tête de la poule B devant les États-Unis, victorieux dans le même temps de l’Iran (1-0) et qui rallient aussi les huitièmes.

Après le festival offensif du premier match contre l’Iran (6-2) puis la déception du deuxième face aux Américains (0-0), la rencontre face aux Gallois a peut-être été celle de la maturité pour les joueurs de Gareth Southgate.

En quête d' "équilibre entre fraîcheur et stabilité ", le sélectionneur des Three Lions s’était passé de Mason Mount, Kieran Trippier, Raheem Sterling et Bukayo Saka pour leur préférer Jordan Henderson, Kyle Walker, Marcus Rashford et Phil Foden, au Stade Ahmed Ben Ali de Doha.

Les deux derniers cités lui ont totalement donné raison, en marquant et en étant les principaux dangers de leur sélection dans ce " Britannico ".

Rashford a ouvert le score d’un coup franc direct à 25 mètres en pleine lucarne, après une faute obtenue par… Foden à la suite d’une accélération foudroyante (50e).

Puis le milieu de Manchester City l’a imité dans la foulée en reprenant un centre bien senti du capitaine Harry Kane après une récupération haute de… Rashford.

Mais l’attaquant de Manchester United ne voulait pas en rester là. Lancé en profondeur sur le côté droit gallois, il a repiqué sur son pied gauche avant de décocher une frappe à ras-de-terre entre les jambes de Joe Rodon et Danny Ward, pas exempt de tout reproche.

Centième but de l’Angleterre

Il s’agissait du centième but de l’Angleterre dans l’histoire de la Coupe du monde, mais surtout d’un message envoyé à Southgate, qui ne l’avait fait jouer qu’une vingtaine de minutes lors des deux premières rencontres.

Foden (22 ans) et Rashford, deux rivaux de Manchester mais surtout deux talents précoces annoncés très tôt comme la relève de la sélection, ont sans doute montré que leur heure était venue.

Avant la rencontre, Gareth Southgate avait résumé le début de Mondial des finalistes du dernier Euro ainsi : " On a bien utilisé le ballon dans notre premier match et marqué plusieurs buts, le deuxième a été plus dur mais on a bien défendu, maintenant on veut rassembler ces deux éléments. "

Ses joueurs l’ont entendu dans l’ensemble du match face aux Gallois, inoffensifs et dépassés, mais surtout en deuxième période. Car les Three Lions, soporifique et maladroits, n’ont pas rugi en première.

À plusieurs reprises, on a vu deux joueurs anglais faire le même appel en profondeur, ou se gêner en étant dans la même zone de frappe.

En face, ç’a été même pire : seule une reprise de volée de Joe Allen, du pied gauche, a animé la première période galloise (45e+5). Symbole de la faillite de son équipe, le capitaine Gareth Bale est sorti à la mi-temps, remplacé par Brennan Johnson. " The Dragons " quittent le Mondial par la petite porte.

L’Américain Christian Pulisic marque face à l’Iran à Doha mardi. Odd Andersen/AFP

Les USA évincent l’Iran

De leur côté, les Etats-Unis ont également décroché leur ticket pour les huitièmes, qu’ils disputeront contre les Pays-Bas, en battant l’Iran (1-0) à Doha.

Christian Pulisic, l’attaquant de Chelsea, a marqué l’unique but de la rencontre à la 38e minute, mais s’est blessé sur l’action et n’est pas revenu en seconde période.

La Team USA, qui n’était pas qualifiée pour le dernier Mondial en Russie, a déjà atteint trois fois les 1/8 de finale depuis la guerre (1994, 2010, 2014) et une fois les quarts de finale (2002).

Comme ils l’avaient annoncé, les 22 acteurs ont fait abstraction du contexte politique tendu, pour se concentrer sur l’enjeu sportif et livrer un match engagé mais disputé dans un excellent état d’esprit.

Les Etats-Unis, qui devaient absolument l’emporter pour arracher une qualification, ont rapidement pris le jeu à leur compte, et toutes les occasions de la première période ont été pour eux. Une percée de Pulisic dans l’axe après 90 secondes de jeu, contrée in extremis, a donné le ton.

Les Américains ont ensuite multiplié les situations dangereuses, mais leur maladresse dans la dernière passe, ou la défense impeccable des Iraniens, ont retardé l’échéance. Pulisic a échoué de la tête (11e) sur le gardien Alireza Beiranvand, remis de sa commotion subie au début du premier match contre l’Angleterre (défaite 6-2).

Timothy Weah, le fils de la légende George Weah, actuel président du Libéria, a ensuite éprouvé la solidité de la Team Melli, avec une percée dans la défense (24e), une tête cadrée (28e), et encore un tir puissant de près juste au-dessus de la barre (33e).

Pulisic sonné

Le but est venu sur un superbe ballon lobé en profondeur de Weston McKennie, le milieu de terrain de la Juventus, sur Sergino Dest qui a remisé de la tête dans la surface. Pulisic, arrivé en pleine course, a poussé le ballon dans les filets (1-0, 38e), mais a heurté violemment le gardien iranien.

Sonné et semblant souffrir, le jeune Américain, clairement le meilleur joueur de son équipe en première période, a eu besoin de plusieurs minutes pour récupérer. Il a courageusement repris sa place quelques minutes avant la pause, mais il n’est pas revenu sur la pelouse en seconde période.

L’Iran, qui devait impérativement égaliser pour décrocher son ticket pour le tour suivant, a tenté d’emballer le jeu. Dans les dernières minutes de la rencontre, la " Team USA " a eu très chaud sur plusieurs attaques iraniennes, mais a résisté jusqu’au bout.

Cette rencontre était la première entre les deux nations depuis le célèbre " match de la fraternité ", remporté en France par l’Iran 2 à 1 lors du Mondial 1998. A l’époque, la rencontre avait été l’occasion de gestes de fraternisation entre les deux équipes.

Mais le contexte était autrement plus tendu cette année, avec en toile de fond le mouvement de contestation réprimé dans le sang par Téhéran. Les Iraniens, qui n’avaient pas chanté leur hymne national lors du premier match, apparemment en soutien aux manifestants, l’ont cette fois entonné normalement.

Ensuite, les deux équipes se sont appliquées à ne donner aucun message politique, ni dans un sens ni dans l’autre.