Demain samedi 12 février à 16 heures 30, les éditions Osez dire en collaboration avec  la fondation Audi et l’Institut français de Saïda organisent une soirée poétique au musée du savon de Saïda. L’événement  est animé par six poètes francophones: Nadim Bou Khalil, Antoine Boulad, Corinne Boulad, Lina Semman, Hamsa Solh et Mireille Tavitian. Leurs voix seront accompagnées par la guitare de Nadim Bou Khalil. Ici Beyrouth a rencontré le poète Antoine Boulad, pour en savoir davantage sur l’événement culturel et son contexte. 

Comment est née l’idée d’organiser une soirée poétique dans un lieu aussi particulier?

L’idée de cette soirée poétique est née dans le cadre enchanteur des voûtes du Musée du savon de Saïda! Christiane Audi, l’hôtesse de ces lieux, a souhaité prolonger l’ambiance envoûtante qui a régné lors de la lecture/signature, en novembre dernier, du recueil de Hamsa Solh.
En fait, c’est la directrice de l’antenne de l’Institut français à Saïda, Tyr et Nabatieh qui s’est tournée vers le Musée lorsque je l’avais sollicitée pour organiser la signature du Livre des HymnesC’est d’ailleurs elle, Sophie, qui m’a suggéré d’animer un atelier d’écriture poétique dans une classe du Lycée Houssameddine Hariri et dont les productions feront partie du programme de la soirée.

La poésie peut-elle inspirer un salut quelconque dans ce contexte catastrophique?

La poésie elle-même est fille des catastrophes. Dès notre entrée dans ce monde dont la voie de sortie est énigmatique. Nous sommes confrontés à des questions essentielles en suspens comme l’Univers: qu’est-ce que nous faisons ici? Il n’y aurait rien eu – aucun souffle culturel d’aucune sorte dans aucune des civilisations de l’Histoire – sans ce destin où nous avançons en aveugles sur des chemins improbables et noirs.

Qu’est- ce qui réunit ou distingue chacun.e  des poètes qui animent cette veillée?

Il m’est extrêmement difficile de répondre à cette question. En revanche, ce qui réunit ces poètes – à part qu’ils-elles sont abrité.e.s par la même Maison, Oser dire – c’est leur appartenance à la francophonie en Orient, à ses valeurs humaines universelles.

Est-ce que les amoureux de la poésie seront au rendez-vous  malgré les contraintes de la Covid et les autres tracas de la vie libanaise ?

Je ne nie pas le fait que les amoureux de la poésie sont de plus en plus rares. Mais, paradoxalement, rien n’arrête les amoureux de la poésie. Les barrières sautent et les murs, on les traverse!

Qu’est- ce qui distingue la collection que vous dirigez au sein de la maison Osez dire?

Ce qui distingue cette collection, c’est qu’elle existe. Publier de la poésie de nos jours et en français, c’est une double gageure. Les maisons d’édition libanaises ferment et Osez dire ose ouvrir en 2019. Les recueils que nous avons publiés n’étaient pas à compte d’auteur comme maintenant. La maison prenait en charge tous les frais et payait un certain pourcentage au poète. Malheureusement, dans le contexte calamiteux de la banqueroute, les choses ont évolué vers la publication à compte d’auteur. Celle-ci implique une contribution minime se limitant aux frais de la publication, la condition sine qua non étant toujours la qualité de l’ouvrage.

Lire aussi : " Musicality " ou lorsque Zeina Nader peint des symphonies avec brio