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Le chef permanent de l’orchestre philharmonique libanais, Lubnan Baalbaki, associé souvent à la musique occidentale savante enflammera le festival de Batroun, le 26 juillet, à 20h, lors d’une "Nuit libanaise". Ce concert fera revivre les grands tubes de la chanson libanaise datant des années 50 aux années 80 et ressuscitera les chefs-d’œuvre des grands maîtres disparus. Pour la première fois, Lubnan Baalbaki révèle à Ici Beyrouth, l’histoire secrète de ses débuts.

Né en pleine guerre civile en 1981, le troisième enfant du peintre, sculpteur et poète Abdel-Hamid Baalbaki fut nommé Lubnan, pour souligner l’appartenance viscérale de la famille au Liban, quand les séismes de nature confessionnelle et sectaire démembraient le pays. Lubnan a grandi dans une famille d’artistes, au sein d’une fratrie de huit enfants, voués au chant, à la musique, la peinture et l’art dramatique. Ayant découvert sa passion pour la musique classique, il sillonne les capitales mondiales de la musique et aiguise son savoir au contact de ses professeurs, les célèbres Petre Sbârcea, Horiaa Andreescu, Johaness Wildner et Kurt Masur. Le grand maestro obtient plusieurs diplômes prestigieux, parmi lesquels un master ès arts en direction d’orchestre de l’université de musique de Vienne et un doctorat en psychologie de la direction d’orchestre de l’université nationale de musique de Bucarest. En 2013, il devient le chef d’orchestre permanent philharmonique libanais et depuis 2015 le chef d’orchestre de la diva Magida el-Roumi et son directeur musical. Il a collaboré avec les noms les plus brillants comme Soumaya Baalbaki, Marcel Khalifé, Abdel-Rahman el-Bacha et Georges Khabbaz.

Vous avez dirigé l’orchestre sur de prestigieuses scènes internationales et nationales. En quoi le concert "Nuit libanaise" à Batroun se distingue-t-il de vos précédentes prestations? Quelle touche unique souhaitez-vous y apporter?

C’est la première fois que je suis seul sur scène avec mon orchestre composé de vingt-cinq musiciens et le Chœur de Notre-Dame de Louaizé. C’est aussi la première fois que le programme est purement libanais du début à la fin. C’est pourquoi le spectacle est intitulé "Nuit libanaise". C’est un voyage à travers l’histoire de la musique libanaise, les chansons classiques des années 50, 60 et un hommage aux monuments de la musique et de la chanson, comme les frères Rahbani, Feyrouz, Sabah, Zaki Nassif, Nasri Chamseddine. Ce périple continue, dans une conception assez moderne, avec le répertoire des années 70 et 80, qui mérite d’être célébré et revalorisé avec ses figures de proue, Ziad Rahbani, Salwa el-Katrib, Melhem Barakat, Marcel Khalifé, Elie Choueiri, Marwan Mahfouz, Azar Habib et plein d’autres…

Dans les concerts de Magida el-Roumi et de Soumaya Baalbaki, c’est vous qui dirigez l’orchestre. Comment décrivez-vous votre relation avec chacune des deux divas? Qu’est-ce qui les relie et les différencie?

Je collabore depuis 2015, de façon continue avec Magida el-Roumi, en tant que chef d’orchestre et directeur musical de ses concerts. La voix de Soumaya, ma sœur, a bercé mon enfance et mon adolescence. Elle a le mérite de m’avoir plongé dans la magie de la musique. Magida a un style très propre à elle, qu’on ne saurait définir avec les mots, un mélange savant de musique pop-classique alors que Soumaya chante le tarab. Une amitié forte me lie à Magida, sur le plan humain et une grande complicité au niveau des affinités artistiques. La confiance et la liberté qu’elle m’a accordées, pour créer un nouveau concept sur le plan de la structure de l’orchestre, de la distribution, ont été très fructueuses. Les dénominateurs communs entre les deux divas c’est la rigueur, la discipline. Elles sont toutes les deux pointilleuses dans leurs choix, au niveau de la chanson et des concerts. Elles ont payé cher leur conservatisme, mais elles ont gagné l’estime du public et façonné leur statut d’icônes.

Comment avez-vous découvert votre penchant pour la musique? Il parait qu’il existe chez vous, un mystère bien gardé, à l’origine de ce déclic?

Il y a une histoire à l’origine de ma passion pour la musique, que je n’ai jamais racontée. Tout le monde sait que l’ambiance de la maison me prédisposait à l’art. Mais le vrai déclic a eu lieu, loin dans l’enfance. Il y avait chez nous une grosse pile de cassettes qui s’entassaient, jour après jour, avant l’apparition des disques compacts. Un jour, en farfouillant dans cette montagne, qui grandissait à vue d’œil, je suis tombé sur une cassette de musique classique qui m’a littéralement ébloui, par l’orchestre et le son du violon. Chez nous, le tarab régnait en maître absolu. Depuis cette découverte, je guettais l’absence de la famille et le calme de la maison pour brancher la cassette secrète, amplifier le niveau du son et me laisser griser. La cassette reproduisait Le concerto pour violon de Beethoven. Elle m’a accompagnée dès l’âge de six ans jusqu’à mon entrée au Conservatoire. C’est cette musique de Beethoven qui m’a incité à faire le voyage à Vienne et à me spécialiser dans la musique classique. Elle m’a ouvert les portes du monde et de l’humanité. Elle m’a permis de mieux déchiffrer les mystères de la vie, de la création et de la créativité. La musique a renforcé les liens du peuple libanais disséminé sur les sept continents et divisé à l’intérieur du pays. Elle a rappelé la relation ombilicale avec la patrie. Hommage aux compositeurs libanais qui ont construit pierre par pierre le patrimoine musical libanais, l’antonyme parfait du champ de bataille et de la terre brûlée auquel on veut réduire le Liban.

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