Une sortie honorable de  Nicolas Mathieu  et  Connemara d’Éric Vuillard, deux autres romans de lauréats du Goncourt à ne pas manquer  en cette rentrée littéraire d’hiver.

Nicolas Mathieu publie un nouveau roman en cette rentrée littéraire d’hiver. Connemara (Actes Sud) raconte l’histoire d’une femme et d’un homme originaires de la même petite ville des Vosges, en Lorraine. L’une a tout fait pour s’en éloigner, l’autre y est resté. Ce quatrième roman de l’auteur du prix Goncourt Leurs enfants après eux relate leurs étranges retrouvailles.

Hélène, bientôt 40 ans, mariée, deux enfants, bonnes études, réussite professionnelle, a réalisé ses ambitions de jeunesse. Elle a quitté sa campagne des Vosges, a pu échapper à sa condition et mène une existence bien paisible. Mais en réalité, malgré la réussite, elle s’ennuie littéralement dans la routine. Christophe, lui, est resté à Cornécourt, la petite ville où ils ont tous les deux grandi. Sa carrière de hockeyeur n’a pas décollé. Commercial, il vend des croquettes pour chats et chiens et partage sa vie entre les fêtes et ses vieux copains, et son petit garçon, Gabriel, un enfant un peu farouche et solitaire, qu’il élève à mi-temps avec son ex-compagne dont il est séparé. Hélène et Christophe se retrouvent plusieurs années après leur première rencontre et entament de nouveau une liaison. Qu’engendreront ces retrouvailles inattendues?

C’est ce que raconte, entre autres, ce nouveau roman de Nicolas Mathieu. Une histoire qui vous interpelle et des personnages dans lesquels tout un chacun peut se reconnaître. On retrouve en quelque sorte les mêmes thématiques que celles de Leurs enfants après eux. Le romancier y avait peint la jeunesse d’une poignée d’adolescents dans une zone sinistrée de la Lorraine désindustrialisée. Il peint dans Connemara la même génération, grandie dans les années 80-90, cette fois à l’aube de la quarantaine.  Le narrateur remonte le temps, avec des flash-backs dans l’adolescence de ses deux personnages qui vivent un moment charnière de leur vie, celui où l’on s’arrête pour regarder en arrière et analyser son passé.

Un autre Prix Goncourt, Éric Vuillard publie Une sortie honorable, toujours chez Actes Sud.  Auteur de L’ordre du jour, il reprend ici un thème qui lui est cher, à savoir la complaisance et la compromission des élites au pouvoir.

Un récit sur la guerre d’Indochine, où les premières puissances d’alors, la France et les Etats-Unis, ont perdu contre un tout petit peuple, les Vietnamiens. Le livre s’ouvre avec des extraits d’un guide de voyage sur l’Indochine paru en 1923 et se termine par la prise de Saigon, en 1975, par l’armée populaire vietnamienne, et le départ des Américains.

Vuillard analyse avec une précision remarquable, dans un texte très fort et un style remarquable, les derniers soubresauts de la présence française en Indochine. La complexité des intérêts économiques et des enjeux militaires est décortiquée avec un incroyable souci d’exactitude sans que pour autant le récit se perde dans des détails superflus. On apprend beaucoup de choses car l’écrivain ne se contente pas de relater les faits que l’on connaît déjà. Et c’est là que réside la force de son récit.

Un sujet parfaitement maîtrisé par l’auteur qui analyse l’histoire avec fougue et précision. Un roman historique brillant et captivant.