La trajectoire d’Amanda Lear, la rumba congolaise entrée au patrimoine de l’Unesco ou encore les pépites " made in Versailles " (Air, Phoenix): Fame, festival international de films sur la musique, rime avec éclectique cette semaine à Paris.

" On mélange toutes les musiques dans Fame, comme dans un gros shaker, pour en écouter les échos, les résonances et voir le tournis que ça peut donner ", résume pour l’AFP Olivier Forest, co-programmateur.

Le rendez-vous, de mercredi à dimanche à la Gaîté Lyrique à Paris (et au Centre Wallonie Bruxelles, pour une soirée de pré-lancement hors les murs), fait une belle place aux femmes dans sa palette de films-documentaires.

Outre Amanda Lear (film " Queen Lear ", en présence de l’artiste et d’un proche, le styliste Jean-Paul Gaultier), Karen Dalton, icône du folk américain des années 1960 (" In my own time "), Poly Styrene (" I am a cliché "), figure de la scène punk londonienne de 1977, ou encore Charli XCX, chanteuse britannique de la pop actuelle (" Alone together "), sont à l’honneur.

Également projeté, le film " Why Versailles ? " se penche sur cette ville connue pour son château et pour des groupes qui y sont nés avant de connaître une carrière internationale (comme Air, Phoenix pour les plus réputés).

Fame s’intéresse aussi à ceux qui sont restés à la porte de la reconnaissance, avec un hommage à Nicolas Ker. Disparu l’an dernier au bout d’une vie d’excès rock’n’roll, il fut le leader du groupe français Poni Hoax (documentaire " Drunk in the house of lords ") avant de chanter en duo avec Arielle Dombasle (également actrice, mannequin, etc).

– " Grand écart " –

" Au même titre qu’on mélange les genres musicaux, il nous paraît assez naturel de faire le grand écart avec des figures de la pop culture ", souligne Olivier Forest. " Amanda Lear a fréquenté Dali, Bowie, Bryan Ferry, a été reine du disco, animatrice à la télé italienne; Nicolas Ker était pétri de culture, fan de poésie, de Pasolini, mais aussi avec un côté braillard, exalté, poursuivi par ses démons jusqu’au bout ", déroule le co-programmateur.

Mais le cœur de la programmation va surtout palpiter autour de la rumba congolaise avec trois films (" The rumba kings ", " Bakolo music international ", " Rumba rules, nouvelles généalogies "), une table ronde et des DJ sets. Ca tombe bien car cette esthétique musicale vient d’être inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco.

" Quand on a fait notre programmation, l’entrée au patrimoine de l’Unesco n’était pas encore officielle, confie Benoît Hické, l’autre programmateur. On est attentifs à ce que la musique raconte dans son rapport au monde, et la rumba congolaise, c’est la bande son des indépendances africaines ".

" Et puis on s’intéresse aussi au rapport de continuité de la musique, et la rumba congolaise infuse le rap contemporain ", poursuit ce responsable.

" La rumba remonte jusqu’à Gims, dont le père était un musicien congolais assez connu de son époque, et Gims a bouclé la boucle avec son titre " Sapés comme jamais+ ", conclut Olivier Forest.

À noter aussi, une journée dédiée aux professionnels autour du thème " plateformes et formats innovants: vers un nouvel âge d’or pour les documentaires musicaux ? ".

Le genre n’a en effet jamais connu un tel foisonnement avec des formats qui vont maintenant jusqu’aux séries-documentaires comme les récents épisodes de " Get back ", travail sur les Beatles du réalisateur Peter Jackson (l’adaptation au cinéma du " Seigneur des anneaux ").

© AFP

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