Walt Disney l’artiste, le créatif associé à son frère Walt le financier à la production de dessins animés, finit malgré maints déboires par connaître le succès grâce à l’avènement de Mickey Mouse. Son ascension ne s’arrêta pas là car déjà s’annonçait le projet ambitieux de transformer le petit dessin animé en film de long métrage inspiré des contes de fées.

C’est ainsi que fut projeté pour la première fois en 1937, aux USA, le dessin animé Blanche-Neige et les 7 nains, long-métrage d’une heure 30 qui connut un succès foudroyant et quasi planétaire. Contribua à cette réussite la constitution d’une équipe bien payée composée des meilleurs créateurs, dessinateurs et ingénieurs du son et de l’image.
Les banquiers, d’abord réticents à avancer les fonds, furent conquis dès les premiers visionnages.

Les finances augmentant, la compagnie Disney prend de l’ampleur et s’organise en mode de production industrielle dans les "Hollywood Disney Studios". C’est ainsi que s’enchaînent les longs métrages avec Pinocchio, Dumbo l’éléphant, La Belle au bois dormant et tant d’autres qui n’ont cessé d’enchanter le public en lui faisant retrouver un goût d’enfance, un parfum de paradis.

Le film Fantasia sort du lot par son originalité et sera le film le plus abouti et le plus personnel de Walt Disney, un vrai bijou dont Walt sera très fier. En effet, ce dernier y réalise tous ses fantasmes et toutes ses fantaisies: adapter la musique de Mozart aux dessins animés, visualiser le son en associant les notes à l’image. Un rêve fantastique exécuté dans un ensemble de ballets féériques où acteurs et danseurs sont des êtres fabuleux sortis tout droit des  légendes ou de la préhistoire. Dinosaures, personnages de la mythologie, oiseaux, moutons se côtoient et évoluent gracieusement dans un décor fantastique.

La musique ensorcelante, les danses endiablées emportent le spectateur dans un joyeux délire, une sorte de fête dionysiaque où la vie explose dans un feu d’artifice et où le réalisateur, en grand chef d’orchestre, revisite le commencement et la fin de monde à la manière du Créateur!

L’avalanche de succès entraîne les Disney dans un vertige de créativité pour des projets de plus en plus fous.

La petite entreprise familiale, où régnait une belle ambiance de travail et de camaraderie avec les quelques dessinateurs et employés, se transforme bien vite en usine de production à grande échelle, une grosse industrie aux énormes rouages avec des milliers d’employés, la plupart réduits à un travail à la chaîne, à des tâches ingrates de reproduction de dessins à l’infini.

Walt se décrira lui-même comme l’abeille butineuse qui vole de fleur en fleur, d’un artiste à l’autre, pour proposer, conseiller, relier, guider, comme un grand marionnettiste régnant sur son univers.

Le fossé commence toutefois à se creuser entre les Disney et leurs milliers d’employés avec pour résultat des grèves parfois violentes, toujours incomprises par Walt qui finira par accuser les grévistes de Maccarthysme.

Cela n’empêchera pas Walt d’enchaîner sans arrêt films et projets jusqu’à devenir le leader mondial de la production de divertissement, avec pour actif les plus grands studios de Hollywood et une trentaine d’oscars et autres récompenses. Mais pour Walt, cela ne sera jamais assez!

Dans sa mégalomanie galopante, il voudra créer un monde de fiction où l’illusion finit par prendre le pas sur le réel! Un grand parc d’attraction où l’adulte redevient un enfant dans une totale démesure de jeu et de plaisir. Objectif atteint puisque Disneyland ouvrira ses portes à Los Angeles en 1955.

Le délire de l’artiste le poussera même à créer sa propre ville, "Hepcott", prototype de la ville modèle, utopique, celle des contes de fées, aux couleurs pastel et rose bonbon, qui rappelle curieusement le livre d’Aldous Huxley, Le meilleur des mondes, ainsi que le film de Jacques Tati, Mon oncle d’Amérique, ces deux œuvres décrivant un univers parfait, lisse et aseptisé.

Walt Disney cherchait-il encore et encore à répondre aux aspirations d’un public en manque de rêve et désabusé, cherchant à noyer ses traumatismes dans l’ivresse du plaisir et de l’oubli?

Sans doute, mais ce qui est sûr, c’est que Walt devint une vedette de renommée mondiale, idolâtrée et adulée à souhait.

Disney s’érigera lui-même une statue! Fasciné par sa propre image médiatique, il ne cessait de l’entretenir de manière obsessionnelle jusqu’à en devenir progressivement prisonnier.

À la manière des "selfies" d’aujourd’hui, il se faisait photographier en train de simuler un dessin, alors qu’il n’avait jamais vraiment dessiné lui-même, ou filmer en train de jouer avec des enfants, ce qu’il ne faisait jamais dans la vie réelle. Dans cette relation spéculaire avec lui-même, Narcisse finit par se noyer dans l’eau. Walt, lui choisira les étoiles!

Au début des années 60, atteint d’un cancer, il quittera ce monde au firmament de sa gloire, après avoir vécu ses rêves jusqu’au bout, pour aller rejoindre une autre galaxie.

Depuis, le monde de Walt Disney n’arrêtera pas de tourner et d’exercer sa fascination et son ascendant sur toutes les générations en quête d’inspiration et de lumière.

Walt nous laissera encore cette phrase à méditer: "Si tu peux le rêver, tu peux le faire, et quel que soit le résultat à la fin, tu sauras que tu as été vivant…!"

www.joganne.com

Abonnez-vous à notre newsletter

Newsletter signup

Please wait...

Merci de vous être inscrit !