Il y a les pressentis favoris, et les autres. Les films en compétition à Cannes ont été visionnés. Certains ont leurs points forts et d’autres leurs points faibles. Ce soir, la 75e du Festival de Cannes décernera la palme d’or au plus méritant. Tour d’horizon sur les films en lice.

Decision to leave de Park Chan-wook

Decision to leave

C’est le favori des critiques : trois ans après la Palme d’Or pour Parasite de Bong Joon-ho, Park Chan-wook pourrait rapporter un second trophée à la Corée du Sud avec ce thriller à la réalisation virtuose sur un inspecteur qui tombe amoureux d’une suspecte, qui rappelle Basic Instinct, sexe et pic à glace en moins. Bémol, l’intrigue trop complexe.

Crimes of the future de David Cronenberg

Crimes of the Future

Profond ou fumeux ? Le retour du pape du gore, avec son acteur fétiche Viggo Mortensen et Léa Seydoux, plongés dans un monde post-apocalyptique pour des expériences de chirurgie à vif, fait " pschitt ". Dans une ambiance crépusculaire, Cronenberg pousse plus loin que jamais son obsession pour le corps et ses viscères.

Armageddon Time de James Gray

Armageddon Time

James Gray plus autobiographique que jamais avec cette chronique d’adolescence portée par Anne Hathaway, Jeremy Strong et Anthony Hopkins, située en plein cœur du New York des années 1980. Après Ad Astra, le réalisateur américain revient sur Terre mais perd un peu de son souffle épique au passage.

Triangle of Sadness de Ruben Ostlund

Triangle of Sadness

La Palme de l’humour : le Suédois a fait exploser de rire la Croisette avec Sans filtre, croisement punk de Titanic et La Grande Bouffe et satire acide des ultra-riches. Mais cinq ans après la Palme d’Or pour The Square (2017), le Suédois n’est-il pas en train de se répéter ?

Hi-han (EO), de Jerzy Skolimowski

Hi-han (EO)

L’espèce humaine vue par un âne… Le réalisateur octogénaire signe un des films les plus audacieux, en se glissant dans la peau d’un quadrupède errant de ville en ville. Une photographie spectaculaire, hallucinogène par moments, magnifie ce long-métrage, dont le scénario se brouille malheureusement à la fin.

Holy Spider (Les nuits de Mashhad) d’Ali Abbasi

Holy Spider

Le Danois d’origine iranienne montre l’Iran d’une façon jamais vue dans ce thriller sur un tueur de prostituées, " nettoyant " au nom de Dieu les bas-fonds de l’une des villes les plus sacrées de la République islamique. Le sujet est fort, mais la mise en scène frontale de la violence en rebutera certains.

Les bonnes étoiles d’Hirokazu Kore-eda

Les bonnes étoiles

Le Japonais brise les cœurs avec ce voyage aux côtés d’une famille faite de bric et de broc, autour d’une histoire de boîte à bébés. Après sa Palme d’Or pour Une affaire de famille (2018), le grand habitué de la Croisette tourne en Corée du Sud et offrira peut-être un prix d’interprétation à la star de Parasite, Song Kang-ho, ou à Lee Ji-eun, star de K-Pop sous le nom d’IU, qui joue la mère.

Tchaïkovsky’s wife (La femme de Tchaïkovski) de Kirill Serebrennikov

Tchaikovsky’s Wife

Plus classique que La fièvre de Petrov, La femme de Tchaïkovski, qui revient sur l’homosexualité et la femme, longtemps restée dans l’ombre, du compositeur, est porté par un souffle romanesque et une réalisation brillante. L’actrice russe Alyona Mikhailova livre une prestation incandescente et se place favorite pour un prix d’interprétation.

Les Amandiers de Valeria Bruni Tedeschi

Les Amandiers

La septième réalisation de l’actrice franco-italienne Valeria Bruni Tedeschi revient sur ses années d’apprentissage quand elle était élève à l’école et théâtre des Amandiers de Nanterre, aux côtés de Patrice Chéreau. Une histoire sur fond d’épidémie de sida, à la fin des années 1980.

Boy from Heaven de Tarik Saleh

Boy from Heaven

Une plongée dans l’islam sunnite qui fait penser au Nom de la rose. Cinq ans après Le Caire confidentiel, le cinéaste suédois de 50 ans, né d’un père égyptien, est de retour avec un thriller qui montre les rouages du pouvoir politique et religieux.

Tori et Lokita de Jean-Pierre et Luc Dardenne

Tori et Lokita

En route pour une troisième Palme d’Or ? Les vieux routiers du cinéma social n’ont surpris personne avec Tori et Lokita, en forme de plaidoyer pour les enfants exilés. Un drame engagé, mais un peu prévisible de la part des frères belges aux 35 ans de carrière.

Nostalgia de Mario Martone

Nostalgia

Après le Naples solaire de Sorrentino (The Hand of GogLa Main de Dieu), voici celui de Mario Martone, avec une histoire d’amitié et de retour au pays natal, dans l’ombre de la mafia. L’acteur Pierfrancesco Favino (Il Traditore-Le Traître) s’achète un ticket pour un prix d’interprétation avec un rôle d’homme prisonnier de son passé.

Stars at noon de Claire Denis

Stars at noon

La Française offre un thriller d’ambiance sur une journaliste américaine bloquée au Nicaragua. Claire Denis tourne en anglais, sans se soucier de la cohérence du scénario ou de la qualité des dialogues. Qu’on peut oublier pour profiter de la bande originale des Tindersticks.

Close de Lukas Dhont

Close

Close confirme le talent du Belge Lukas Dhont, pour filmer l’adolescence, mais sur un sujet, l’amitié et l’adieu à l’enfance, moins fort que Girl, sur une adolescente trans. Côté interprétation, un acteur adolescent de 15 ans, Eden Dambrine, s’achète un ticket pour un prix avec ce rôle, déchirant, d’un garçon meurtri par une amitié perdue.

Frère et sœur d’Arnaud Desplechin

Frère et Soeur

Desplechin n’a pas su se faire aimer avec ce drame sur la haine : opus décevant mettant en scène sur un mode hystérique un frère (Melvil Poupaud) et une sœur (Marion Cotillard) en conflit de longue date réunis par le décès de leurs parents.

RMN, de Cristian Mungiu

R.M.N

Un village de Transylvanie comme laboratoire explosif du populisme : le Roumain, plus pessimiste que jamais, aimerait avec RMN ouvrir les yeux des Européens sur ce mal qui les ronge. Mais la marche est peut-être haute pour une deuxième Palme d’Or, après 4 mois, 3 semaines, 2 jours.

Leila’s brothers (Les frères de Leila) de Saeed Roustaee

Leila’s Brothers

Il avait impressionné avec un film coup de poing sur la drogue en Iran : pour la première fois en compétition à Cannes, Saeed Roustaee signe avec Les frères de Leïla une fresque familiale ambitieuse, sur fond de crise économique au pays des Mollahs.

Pacifiction d’Albert Serra

Pacifiction

Un film d’ambiance, tout entier porté par la performance en roue libre de Benoît Magimel en Haut-Commissaire de la République à Tahiti. L’Espagnol a tourné 580 heures de rush et des milliers de pages de dialogue, mais sait-il vraiment où il va ?

Le Otto Montagne (Les huit montagnes) de Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen

Le Otto Montagne

Cette " bromance " au long cours entre deux garçons italiens, de l’enfance à l’âge adulte, mêle poésie des paysages alpins et questionnements sur la paternité. Sur la route des sommets, ce film tourné en couple par deux Flamands a laissé une partie des festivaliers sur le bord de la route.

Showing up de Kelly Reichardt

Showing up

Grande figure du cinéma indépendant, l’Américaine au style minimaliste (First Cow) retrouve une de ses actrices fétiches, Michelle Williams, qui interprète Lizzy, artiste plasticienne stressée avant son vernissage. À quelques jours de son exposition, elle doit régler des problèmes d’intendance chez elle, aider un frère dépressif et soigner un pigeon blessé.

Un petit frère de Léonor Serraille

Un petit frère

Léonor Serraille, remarquée en 2017 avec Jeune femme, raconte l’histoire d’une famille ivoirienne qui arrive en France à la fin des années 1980 et s’installe en banlieue parisienne. Le film a été projeté vendredi soir.

Avec AFP