Dans le cadre de son cycle de réunions ayant pour thème  " le dialogue participatif ", le Conseil économique et social (CES) a reçu, mercredi 9 mars, le vice-président du Conseil des ministres, Saadé Chami, qui s’est exprimé sur les négociations avec le FMI et ses progrès ainsi que sur le plan de redressement économique.

Saadé Chami, rappelle-t-on, dirige la délégation chargée de mener les discussions avec le Fonds monétaire international (FMI) pour obtenir un " fonds de sauvetage pour le Liban ". C’est un technocrate, sans expérience politique, qui a effectué la grande partie de sa carrière au FMI où il a passé 20 ans.

Pour lui, les négociations vont bon train et se déroulent dans le bon sens depuis janvier contrairement aux informations relayées par la presse. Le résultat final n’a pas encore été atteint, mais cela pourrait être possible dans les prochaines semaines si tous les efforts sont conjugués, notamment la coopération entre le législatif et l’exécutif.

" La situation libanaise est très complexe, souligne M. Chami, la crise est financière, monétaire, économique, sociale, éducative, etc. C’est pour cette raison que la tâche est dure. Les négociations sont difficiles, mais des progrès sont enregistrés. Nous avons donné les chiffres. La délégation du FMI est venue au Liban pour faire part aux responsables de ses exigences. On se comprend désormais. Il existe une certaine clarté dans la vision. On sait ce que le FMI veut, et le FMI sait ce que nous pouvons faire et que nous voulons faire des réformes. D’ailleurs, les réformes microéconomiques sont au cœur des discussions ", explique Saadé Chami.

Et le vice-Premier ministre d’ajouter : " Les réformes microéconomiques sont la politique budgétaire à moyen terme et les budgets qui doivent être cohérents avec le plan économique intégré, en veillant notamment à ce que les déficits budgétaires des années à venir ne soient pas financés par l’impression de billets, ce qui conduirait à une inflation et à une nouvelle détérioration du taux de change. Par conséquent, nous soulignons la nécessité d’une politique budgétaire à moyen terme tenant compte de la nécessité d’augmenter les dépenses dans les secteurs sociaux pour lutter contre la pauvreté ".

Le FMI ne peut accepter de plan qui ne prévoit pas une soutenabilité de la dette. De toutes les façons, avec la dévaluation de la livre, la dette a beaucoup baissé. La réforme monétaire est nécessaire parce qu’aucun pays ne peut subsister avec plusieurs taux de change. Il faut l’unifier ", poursuit-il.

Et de préciser que " des idées ont fuité, mais ce ne sont pas celles que nous allons adopter ".

Impossibilité de rembourser les déposants en dollars

Les dépôts en devises dans les banques s’élèvent à 102 milliards de dollars. " Dire que les déposants vont être remboursés en dollars est impossible, relève M. Chami. Néanmoins, toute réforme doit être basée sur des principes, tout d’abord préserver les petits déposants, assainir le secteur bancaire pour qu’il puisse faire son travail correctement, c’est-à-dire financer le secteur privé et coopérer avec les déposants. La réforme du secteur bancaire doit être faite selon des normes internationales ", insiste le vice-Premier ministre.

M. Chami souligne d’autre part qu’il n’y a pas de plan modèle pour la réforme du secteur bancaire. Il y aura toujours des insatisfaits, mais le plus important est de sauver les petits déposants.  " De plus, tous les mois la BDL perd de ses réserves en devises, c’est une situation qui ne peut plus durer ", affirme M. Chami. La participation de l’État au remboursement des déposants sera limitée, indique le vice-président du Conseil, qui ne perd pas espoir sur ce plan et aspire à une solution pour les gros déposants.

Saadé Chami est revenu sur le fait que certains estiment qu’on ne doit pas toucher à l’argent des déposants avant de récupérer l’argent volé. Selon lui, cette procédure va prendre beaucoup de temps et faire perdre un temps précieux. Les déposants doivent savoir que tout retard dans les réformes est mauvais pour le pays.

Que veut le FMI ?

Le FMI exige, pour arriver à un accord et débloquer une aide au Liban, des législations qui ont besoin d’un vote au Parlement et un contrôle des capitaux qui a pris trop de retard. M. Chami soutient que ces législations peuvent être adoptées avant les élections.

Pour sa part, Charles Arbid, président du CES, a réclamé des progrès rapides en politique pour sauver la situation économique.

Quant à l’ancien ministre Mohammad Choucair, président des organismes économiques, il a estimé que ce sont de mauvaises politiques qui nous ont menés à cette situation. Selon lui, " l’État doit supporter les pertes et il est injuste que les politiciens sortent leur épingle du jeu ".

Le président de la CGTL, Bechara Al Asmar a réclamé de son côté que les réformes ne fassent pas assumer davantage de charges aux Libanais.