Le mandat de l’ancien président Michel Aoun a été ponctué par de nombreuses crises. Avant son départ du palais présidentiel de Baabda, l’ex-président a plaisanté avec certains journalistes accrédités en disant qu’il ne manquait plus à son mandat qu’une météorite s’écrase sur le Liban pour couronner le tout. Mais, en réalité, cette météorite, du nom de Ghada Aoun, n’a pas manqué de frapper à plus d’un coup.

Le système judiciaire libanais est historiquement connu pour les personnalités chevronnées qui ont fait ses heures de gloire. De grands noms qui ont statué avec impartialité et intégrité. En revanche, on y trouve également des juges qui se sont employés à émettre des jugements dénués d’éthique et établis selon les pots-de-vin qu’ils ont touchés. Par ailleurs, il existe une catégorie à part, laquelle est représentée par Ghada Aoun.

Les frasques de la Procureure générale près la cour d’appel du Mont-Liban durant les dernières années sont du jamais vu dans l’histoire du système judiciaire libanais. Mme Aoun a commis des violations flagrantes et à répétition. Son comportement était pour le moins que l’on puisse dire étrange. Le trop-plein a été atteint la semaine dernière avec un tweet dont le contenu était alambiqué et irrationnel, sans compter les chiffres déconnectés de la réalité qu’il comportait. Pire encore, la juge Aoun a publié des informations sans vérifications préalables, et a admis dans un tweet ultérieur, qu’elle a ensuite supprimé, que les informations avancées n’étaient pas confirmées. Partant, si certaines personnes mentionnées dans le tweet de la juge étaient soupçonnées de corruption, le simple fait de publier des informations inexactes et des chiffres exagérés a été suffisant pour les dédouaner.

Ainsi, rien de plus facile pour la juge notoire du mandat présidentiel précédent que de diffamer et de nuire à la réputation de bon nombre de personnes. Une pratique dont Michel Mecattaf a hélas fait les frais. Aussi, pour Mme Aoun, tweeter est devenu la plateforme de prédilection pour enfreindre la loi, émettre des jugements et des positions politiques et régler ses comptes. Néanmoins, en réponse à ses débordements, l’inspection judiciaire n’a pas pris les mesures qui s’imposaient face aux dizaines de procès intentés à son encontre, par crainte des réactions de l’ancien président de la République et de son conseiller pour les affaires judiciaires, M. Selim Jreïssati.

Enfin, la dernière péripétie de la juge " de l’ancienne garde " concerne son refus de comparaître devant le procureur général de la République, Ghassan Oueidate, dans le procès intenté contre elle par le chef du Parlement Nabih Berry et son épouse. Ce faisant, Ghada Aoun a fini par agir de la même manière qu’elle reproche aux autres. Cette dernière a non seulement choisi de ne pas se présenter à l’audience fixée à cet effet, mais elle a également présenté une demande de dessaisissement de M. Oueidate, pour cause d’incompétence dans cette affaire.

Il est regrettable que lorsque l’on parle de Ghada Aoun, on ne peut ni jubiler ni se réjouir de son malheur. On en arrive plutôt à déplorer que le système judiciaire au Liban, qui était notre fierté, au même titre que les écoles, les universités et les hôpitaux, soit tombé aussi bas. Et si ces derniers secteurs ont souffert et continuent de le faire en raison de la crise économique, la justice, quant à elle, pâtit de la transformation de certains magistrats en patins du pouvoir politique.

Madame Ghada Aoun, le mandat est déjà derrière nous. Ne serait-il pas temps de mettre fin aux " caprices judiciaires " ?