Dans son homélie prononcée à l’occasion de la fête de Saint Maron, le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, son appel en faveur de la neutralité du Liban en vue de mettre le pays à l’écart des conflits dans la région.

Le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï, a renouvelé son appel en faveur de la neutralité du Liban en vue de mettre le pays à l’écart des conflits dans la région. " Nous avons voulu que le Liban soit un projet pionnier dans l’Orient et pour l’Orient ", a-t-il ainsi déclaré dans son homélie prononcée le mercredi 9 février à l’occasion de la Saint Maron. " Nous avons voulu que le Liban soit un lieu de rencontre des civilisations et un oasis de coexistence, a-t-il poursuivi. Néanmoins, le manque d’immunité nationale conjuguée à la multiplication des allégeances à l’étranger ont dénaturé la vocation du Liban. Nous luttons ensemble pour que le Liban ne continue pas d’être un terrain de luttes régionales, une plateforme de missiles et un front de bataille. "
" L’État libanais n’a pas été fondé pour être l’ennemi de ses pays frères et amis. Qu’on ne fasse pas en sorte que le Liban soit l’ennemi de lui-même ", a encore martelé le patriarche Raï, qui a présidé la messe en l’église Saint-Maron à Gemmayzé, en présence notamment du chef de l’État, Michel Aoun, du président de la Chambre, Nabih Berry, du Premier ministre, Najib Mikati, et le commandant en chef de l’armée, le général Joseph Aoun.
" Reconnaître que le Liban est un pays définitif sous-entend la reconnaissance de trois constantes : le caractère définitif du pacte de vivre-ensemble, le caractère définitif du rôle chrétien et celui de l’allégeance pour le Liban et nul autre. C’est par le respect de ce triptyque historique que nous sauverons l’unité du Liban et en consoliderons la neutralité. "

Cinq priorités
Le patriarche Raï a en outre évoqué les cinq priorités auxquelles devrait aspirer le peuple libanais : la tenue des législatives et de l’élection présidentielle dans les délais constitutionnels ; la révélation de la vérité sur la double explosion au port de Beyrouth le 4 août 2020 ; l’accélération du processus de réformes et de l’accord avec le Fonds monétaire international sur base d’un plan réaliste et global susceptible de mettre fin à l’effondrement du pays ; la poursuite de l’application de l’accord de Taëf tout en remédiant aux failles qui en ont résulté et l’application des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies pour que le Liban restaure sa souveraineté sur l’ensemble du pays. " Si l’État libanais reste incapable de le faire, il faudrait recourir aux Nations unies pour la tenue d’une conférence internationale garante de la mise en œuvre de solutions et de la sécurité du Liban ", a insisté Mgr Raï. Enfin, la cinquième priorité consiste, selon lui, à adopter la neutralité positive comme fondement des relations extérieures, " puisque c’est la seule garantie de l’unité, de l’indépendance et de la souveraineté du Liban ". " La neutralité que nous réclamons est en tout cas un élément structurel de la composition du Liban et inhérente à sa position géographique et son legs pacifique ", a-t-il poursuivi.
" L’histoire nous apprend que la chute politique et militaire de tous les empires avait été précédée par l’effondrement des valeurs au sein de leur société respective, une baisse du niveau de leurs dirigeants, leurs disputes chroniques, la corruption généralisée et le règne des intérêts personnels ", a constaté Mgr Raï.
Revenant sur le rôle des maronites, il a souligné qu’ils ont contribué à " la pluralité culturelle et religieuse de leur pays, à la mise en place d’un système démocratique parlementaire, à la sauvegarde des libertés publiques, à l’instauration de la neutralité et de la paix, à la séparation de la religion et de l’État ". " Ils ont également affermi la spécificité de leur patrie au niveau de l’économie libérale, de son système bancaire, de ses institutions pédagogiques et hospitalières ", a-t-il conclu.

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