Je viens d’une institution qui est l’école même de la liberté, des libertés.
Je cite le Nahar où j’ai eu l’extraordinaire privilège de côtoyer Ghassan et Gebran Tuéni, deux icônes de la presse, de la liberté et du patriotisme absolus, et d’apprendre à la source le sens de ces concepts sacrés.
Ghassan Tuéni a fait de la prison. Oui ! De la prison ! Et plus d’une fois. Évidemment pas pour avoir tué, ni même volé – deux actes devenus monnaie courante dans un pays où la morale a perdu tous ses repères – mais pour avoir osé dire la vérité, dévoiler des secrets, et attaquer de front le régime, les régimes. Ces régimes-là qui n’en finissent plus de se suivre et de se ressembler : policiers, dictatoriaux et tyranniques parce que faibles et fragiles.
Quant à Gebran Tuéni…
Une histoire que l’on m’a racontée est restée gravée dans ma mémoire. Je la partage aujourd’hui comme un exemple en ces temps troublés : dans les années soixante-dix, le régime en place, excédé par " l’effronterie " de Ghassan Tuéni et des publications de son journal, mène une campagne d’intimidation pour museler ce quotidien devenu trop influent, voire fauteur de troubles. Une menace déguisée en " recommandation " somme les grands commerçants de la ville de s’abstenir de placer leurs encarts publicitaires dans les pages du *Nahar*, dans l’espoir de l’affaiblir et de le mettre au pas.
Seulement, loin d’être intimidés, les commerçants en question décident de se solidariser avec un organe de presse qu’ils savaient garant des libertés, à commencer par celle de la parole. Ils se donnent alors pour mot d’ordre de continuer à payer les espaces publicitaires loués, sans pour autant bénéficier de la visibilité supposée leur être assurée vu qu’au lieu des messages publicitaires, seul apparaissait un espace blanc encadré avec pour seule mention le mot : " publicité ".
C’est là une formidable leçon de solidarité, de maturité politique et de clairvoyance, à l’image des valeurs qu’Ici Beyrouth se promet, vous promet, de défendre afin de mener à bien cette même vocation et cette même mission portées à bout de bras par Ghassan et Gebran Tuéni.
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Coordinatrice générale de la rédaction
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