Malgré les promesses des pays riches, l’aide financière accordée aux pays émergents pour lutter contre le réchauffement climatique se révèle largement insuffisante. Un mécontentement qui n’a pas fait l’unanimité au sein des participants.

Les discussions sur l’avenir de l’aide climat aux pays en développement ont officiellement débuté mercredi à la COP27, sur fond de promesses non tenues et de divergences de vues sur les montants, origines et affectations des sommes.

Des délégués sont assis sous une grande réplique de la planète Terre dans la salle d’exposition lors de la conférence sur le climat COP27 au Centre international des congrès de Charm el-Cheikh.

 

 

En 2009, les pays riches avaient promis de porter les financements aux plus pauvres pour la réduction des émissions et l’adaptation au changement climatique à 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Or selon les derniers chiffres, contestés, de l’OCDE, ils n’ont été que de 83,3 milliards à la date cible, et les 100 milliards devraient être atteints en 2023.

Les discussions sur la poursuite de ces financements au-delà de 2025 ont été lancées à la conférence climat de Charm el-Cheikh, en Egypte, sans calendrier précis.

Le public arrive au centre de congrès international de Charm el-Cheikh pour assister à une conférence tenue à l’occasion de la journée sur la finance.

 

 

Elles ont débuté par un point de situation réalisé par un comité spécial, qui a listé trois points nécessitant une " orientation politique " et qui résument les principaux désaccords : faut-il un ou des objectifs quantitatifs ? Faut-il élargir la base des contributeurs ? Faut-il inclure dans ces financements les " pertes et dommages " déjà subis par certains pays ?

Les premiers tours de table ont permis aux parties de réitérer des positions connues.

" Carences "
Des militantes des droits humains, dont Sanaa Seif, la soeur du détenu politique Alaa Abdel Fattah – icône de la " révolution " de 2011 en Egypte et également de nationalité britannique, tiennent une conférence de presse en Egypte, en marge de la COP27.

 

 

La représentante kényane, au nom du groupe africain, a appelé à " ne pas reproduire les carences dans la fourniture des 100 milliards ". Concernant les montants, " ils doivent être liés aux besoins " qu’elle a estimés à " au moins 1.300 milliards par an en 2030 ".

Cette question des montants a été abordée par de nombreux pays en développement. " Il faut s’assurer que nos niveaux d’endettement ne soient pas augmentés ", ont plaidé les Maldives, au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires (Aosis), en réclamant des dons ou financements subventionnés et " simples d’accès ".

De nombreux pays dénoncent ainsi la faiblesse des dons par rapport aux prêts.

Des militants de l’organisation " the Big Shift " manifestent pendant le " Climate Finance Day ", devant le lieu d’une conférence de la COP 27 sur le climat, au centre de congrès de Charm el-Cheikh, situé dans la station balnéaire éponyme de la Mer Rouge en Egypte. " Les banques multilatérales de développement (BMD) font le point sur leur positionnement vis-à-vis des accords de Paris. Nous ne pensons pas que les accords de Paris doivent inclure le financement de combustibles fossiles. ", déclare Sophie Richmond, responsable du projet " the Big Shift ".

 

 

La représentante pakistanaise a pour sa part plaidé pour que les " pertes et dommages ", sujet très contesté, soient inclus dans ces financements. " Je viens de l’épicentre du changement climatique " a-t-elle lancé en référence aux inondations qui ont laissé un tiers du Pakistan sous l’eau il y a quelques mois en faisant 30 milliards de dollars de dégâts, selon l’ONU.

" L’augmentation des besoins et le changement climatique vont beaucoup plus vite que nos délibérations ", a-t-elle averti, en soulignant que " l’argent est très rapidement disponible pour la guerre ", ou pour soutenir l’économie.

" Somme dérisoire "
Des ouvriers nettoient l’entrée du pavillon des délégations au Centre international de convention de Charm el-Cheikh après un refoulement d’égout survenu au troisième jour de la COP27.

 

 

" Aucun gouvernement au monde n’a l’argent pour faire ce que nous devrions faire " a assuré quant à lui l’émissaire américain John Kerry, venu en personne, estimant les besoins futurs à 3.500 à 4.000 milliards par an et regrettant que les plus riches n’aient toujours pas tenu leur promesse des 100 milliards, une " somme dérisoire ".

Des militants écologistes du collectif baptisé " Letzte Generation " (" Dernière génération ") déploient une banderole sur la Porte de Brandebourg pour appeler à la solidarité, à l’occasion de la date d’anniversaire de la chute du mur de Berlin en Allemagne.
Ce groupe d’activistes a dernièrement bloqué des rues pour alerter contre le réchauffement climatique.

 

 

Il a donc appelé à " penser de façon totalement différente comment nous pouvons mobiliser la finance ", privée ou multilatérale, tout en insistant que la priorité était la réduction des émissions.

Les pays moins développés se plaignent régulièrement que l’atténuation est privilégiée au détriment de l’adaptation, et maintenant des pertes et dommages, pour l’instant pas pris en compte en tant que tels.

" Il est très facile d’annoncer que l’on sera net zéro (en émissions) d’ici 2050. Mais il faut passer de la parole aux actes et nous avons constaté qu’il n’y a pas assez d’actions ", met en garde Catherine McKenna, à la tête d’un panel de l’ONU sur le changement climatique, lors de la COP27 en Egypte.

 

 

Le représentant chinois, dont le pays est directement concerné par la possibilité " d’élargir la base " des contributeurs, n’a pas abordé cette question, mais a notamment appelé les pays riches à tenir au plus vite leur promesse.

Plusieurs participants ont également suggéré une remise à plat des institutions financières internationales, pour les orienter plus vers la finance climat.

Encore faut-il " définir exactement ce qui constitue la finance climat ", a dit Kristalina Georgieva, la patronne du FMI, jugeant " primordial de mesurer les besoins et leur valeur nette ".

Avec AFP