La 27e Conférence des Nations Unies sur le climat à Charm el-Cheikh a souffert d’un contexte de crise: la récession et l’inflation affaiblissent l’économie mondiale, alors que plusieurs conflits géopolitiques occupent le devant de la scène.

L’habitat naturel de plusieurs animaux sauvages se rétrécit en raison des coupes forestières.
Un bilan écologique inquiétant

Le réchauffement climatique ne cesse de s’aggraver. L’été 2022 a été marqué par une sécheresse record en Afrique de l’Est, des inondations destructrices au Pakistan, des canicules et de graves incendies aux États-Unis ainsi que dans plusieurs pays d’Europe. C’est également l’été le plus chaud jamais enregistré en Europe. Il a entrainé la mort de 15.000 personnes selon l’OMS. Une récente étude de l’Agence européenne de l’environnement (AEE) prédit le décès de 90.000 Européens chaque année d’ici la fin du siècle à cause des canicules.

Si l’industrie du ciment était un pays, elle serait le troisième plus grand émetteur de CO2 sur Terre, derrière la Chine et les États-Unis. Le ciment est utilisé pour fabriquer du béton, un matériau essentiel pour le logement, la construction et les infrastructures dans le monde. Mais peut-on le rendre moins dommageable pour la planète ?

 

 

Dans ce contexte, la COP 27 a pour objectif premier de rappeler les États participants à respecter leurs engagements de limiter le réchauffement climatique de la planète à +1,5 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. Cette limite a été fixée par l’Accord de Paris en 2015 et réaffirmée lors de la COP26 de Glasgow. Cependant, la trajectoire actuelle est estimée à +2,8 °C.

Un contexte géopolitique particulier

L’invasion russe de l’Ukraine constitue un obstacle supplémentaire aux 110 chefs d’États, de gouvernements et autres représentants de près de 200 pays réunis en Égypte.

 

Une guerre dont on mesure encore mal les conséquences même si, déjà, l’impression est qu’elle occupe une place prioritaire, reléguant au second plan les questions environnementales.

Le conflit en Ukraine est, par ailleurs, à l’origine d’une crise énergétique sans précédent qui inquiète des millions d’Européens, du fait des coûts de carburant à l’approche de l’hiver. Quant aux industriels, ils redoutent déjà une facture énergétique multipliée par dix et pour lesquels se pose désormais la question de maintenir ou pas leur activité.

Autant dire que le " climat " qui pèse sur la COP27, entre guerre et menace d’une crise économique comparable à celle de 2008, est particulièrement lourd.

 

La question posée est de savoir si, dans ces conditions extraordinaires, subsiste de la place pour des avancées significatives dans les négociations.

De l’aveu même du ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, la COP27 s’annonçait comme la plus difficile. Les chances d’obtenir un accord cette année sont bien plus réduites qu’à Paris en 2015 ou que l’an dernier à Glasgow, a-t-il déclaré.

Image aérienne d’une zone en feu à Labrea, dans le sud de l’État d’Amazonas, au Brésil. Le géant sud-américain signale plus d’incendies en Amazonie depuis le début de l’année 2022 que pendant toute l’année 2021. 

 

 

Si 110 chefs d’États ont fait le déplacement, deux dirigeants brillent par leur absence à Charm El Cheikh: le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre indien Narendra Modi, qui représentent quand même deux poids lourds de l’économie mondiale et donc parmi les premiers pollueurs.

Quant à Joe Biden, il a profité des résultats décevants du camp républicain aux élections de mi-mandat pour faire passer sa politique environnementale. Notons qu’une majorité républicaine au Congrès n’aurait pas facilité pas la tâche au président US qui est à l’origine d’une politique environnementale ambitieuse dans un pays qui compte des forces des plus climato-sceptiques de la planète!

Cette clairière n’est pas l’oeuvre de la nature, mais le résultat de la déforestation faite par l’homme. La faune et la flore amazoniennes sont des sujets de débat internationaux en raison du danger que représente la dégradation de la forêt tropicale pour la planète entière.

 

Des régions au centre des enjeux climatiques

Une note positive tout de même avec le retour sur la scène du Brésil avec l’élection du président Lula. L’Amazonie couvre en effet 40% du territoire brésilien, ce qui en fait un des " poumons de la planète ".

Véritable puits de carbone, l’Amazonie joue un rôle déterminant dans la stabilisation du climat mondial. En outre, le bassin du Congo, et son couvert forestier estimé à 220 millions d’hectares, soit environ 6% de la surface forestière planétaire, représente un autre enjeu important de la COP27.

 

En effet, il capture à lui seul, plus de 30 milliards de CO2, soit le nombre d’émissions cumulées en trois ans par le reste du monde. Un réservoir gigantesque donc, et qui représente un potentiel écologique énorme.

Cependant, l’Afrique est considérée par le Groupe Intergouvernemental d’Experts sur l’Évolution du Climat (GIEC), comme le continent le plus vulnérable aux effets du changement climatique. 100 millions d’Africains sont menacés par les retombées environnementales d’ici à 2030.

La fracture nord-sud

 

L’un des principaux enjeux du sommet est de réussir à convaincre, par souci d’équité, les pays riches de financer la transition énergétique des pays du sud. De plus, avec une présidence africaine, la justice climatique sera au cœur des débats. Car si les pays du G20 sont responsables de 80 % des émissions mondiales, ce sont bien les pays les plus pauvres (et notamment africains) qui en paient le plus lourd tribut.

En 2009, les pays développés se sont engagés à mobiliser chaque année 100 milliards de dollars à partir de 2020 pour aider les pays en développement à faire face aux répercussions du changement climatique.

 

Néanmoins, seulement 83,3 milliards de dollars ont été débloqués en 2020. Le Pacte de Glasgow de la COP26 a repoussé l’échéance pour le versement des 100 milliards de dollars à 2023. Il s’agira ainsi de veiller à la crédibilité de cette promesse lors de la COP27.

Plane aussi la question de l’indemnisation des dégâts irréversibles de la part des pays développés. Pour le moment, aucun engagement financier n’a été établi à ce sujet. Mais la question figure dans l’agenda des négociations de la COP 27. Une analyse faite par les économistes Anil Markandya et Mikel Gonzalez-Eguino estiment le montant des tributs à payer de 290 à 580 milliards de dollars par an.

Les raisons de l’inaction

Face à la multiplication des catastrophes climatiques dans l’ensemble du monde, aucune avancée majeure n’a pour autant été recensée jusqu’à ce jour. Au contraire, la situation ne fait qu’empirer.

Cette tendance s’explique naturellement par l’aspect particulièrement couteux de la transition énergétique d’une économie fondée sur les énergies fossiles à une économie alternative établie sur les renouvelables. On demande aux pays du Nord d’abandonner l’exploitation du charbon et du pétrole au profit d’énergies propres, mais bien plus couteuses, et encore difficile à implanter.

 

Il est encore plus difficile de convaincre les pays du Sud qui font face à des problématiques plus urgentes que les enjeux climatiques, d’investir dans le projet d’une transition énergétique. De plus, le manque cruel d’information et de sensibilisation ainsi que l’idée que la " fin des temps " n’est pas si proche que ça, limite encore plus l’urgence d’agir au présent.

Enfin, les États-Unis, première puissance économique et, surtout, technologique mondiale compte parmi ses décideurs politiques, plus spécifiquement les républicains, des climato-sceptiques et autres magnats du pétrole dont les idées et les actions renforce le manque général de volonté.