Le président brésilien Lula da Silva s’est présenté en sauveur de l’Amazonie, premier puits de carbone du monde, lors de la COP27, promettant de lutter pour une " déforestation zéro ". De même, les conclusions de la G20, avec un engagement des dirigeants à poursuivre les efforts pour limiter le réchauffement à 1,5°C, ont revigoré les négociations lors de la COP27, qui prendra fin vendredi 17 novembre. 

Luiz Inacio Lula da Silva a promis de lutter pour une " déforestation zéro " et proposé la candidature du Brésil pour accueillir la COP30 en pleine Amazonie. (AFP)

 

Le président élu du Brésil, Lula, s’exprime mercredi en sauveur de l’Amazonie devant une conférence mondiale sur le climat revigorée par les conclusions du sommet du G20.

" Le Brésil est de retour " et " sera une force positive pour relever les défis mondiaux. C’est ce que nous sommes venus dire à la COP27 ", a tweeté l’ancien et futur chef d’État mardi soir après son arrivée à Charm el-Cheikh, en Égypte, où se tient la conférence de l’ONU sur le climat.

Le plus grand pays d’Amérique latine s’était isolé sur la scène internationale sous le mandat de Jair Bolsonaro, notamment à cause des politiques du président d’extrême droite favorisant l’agro-industrie et le secteur minier, avec une augmentation massive de la déforestation.

Luiz Inacio Lula da Silva a au contraire promis de lutter pour une " déforestation zéro ". Il doit prononcer un discours très attendu à Charm el-Cheikh mercredi en fin d’après-midi et pourrait, selon le quotidien brésilien O Globo, annoncer que le Brésil est candidat pour accueillir la COP30 en 2025.

Des signaux positifs
Sous l’effet du réchauffement et de la déforestation, l’Amazonie approche plus rapidement que prévu d’un " point de bascule " qui pourrait la transformer en savane. (AFP)

 

 

Le président élu a rencontré mardi soir l’émissaire spécial américain pour le climat John Kerry, qui s’est dit " très encouragé par la façon dont il (Lula) a parlé de faire les choses (…) afin de préserver l’Amazonie ". Et de promettre que " nous travaillerons assidûment dans le but d’atteindre cet objectif ensemble ".

Il a également rencontré l’émissaire chinois pour le climat à la COP.

La Chine et les États-Unis sont dans cet ordre les deux premiers émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique. Les récentes tensions diplomatiques entre les deux pays faisaient craindre pour les négociations sur le climat.

Mais les délégués à la COP27, où les discussions sont marquées par des oppositions tranchées, notamment sur les questions financières, ont été rassurés par les conclusions du sommet du G20 à Bali.

Ces pays, qui représentent 80% des émissions mondiales, se sont en effet engagés à poursuivre les efforts pour limiter le réchauffement à 1,5°C, objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris. Ils se sont également prononcés pour la réduction des subventions " inefficaces " aux énergies fossiles, responsables du réchauffement.

Et les présidents américains Joe Biden et chinois Xi Jinping ont eu un long tête-à-tête, s’engageant à relancer leur coopération sur le climat.

L’urgence climatique 
Le monde se dirige vers un réchauffement catastrophique de 2,8°C. (AFP)

 

 

" Les signaux positifs du sommet du G20 devraient donner une bouffée d’air aux négociations en Égypte qui entrent dans leurs derniers jours ", a commenté Ani Dasgupta, président du centre de réflexion World Resources Institute.

L’accord de Paris de 2015 vise à limiter le réchauffement nettement en dessous de 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle, si possible 1,5°C. Alors que chaque dixième de degré entraîne une multiplication des catastrophes climatiques, les signataires de l’accord s’étaient engagés l’an dernier à la COP26 à " maintenir en vie " l’objectif le plus ambitieux.

Mais selon des observateurs, l’Arabie saoudite et la Chine, membres du G20, avaient fait savoir lors de la COP27 leur réticence, déjà exprimée par le passé, à voir à nouveau cette référence dans le texte final, alors que le monde se dirige vers un réchauffement catastrophique de 2,8°C.

 

 

Avant de prononcer son discours en fin d’après-midi, Lula doit rencontrer une délégation de leaders indigènes, ainsi que plusieurs gouverneurs d’États brésiliens présents eux aussi à la conférence.

La forêt tropicale amazonienne, dont le Brésil abrite 60% de la surface totale, est le plus grand puits de carbone au monde, primordial pour lutter contre le changement climatique.

Mais sous l’effet du réchauffement et de la déforestation, elle est désormais très fragilisée et, selon une étude publiée en mars, approche plus rapidement que prévu d’un " point de bascule " qui pourrait la transformer en savane.

La protection de l’Amazonie sera une " priorité stratégique " après l’entrée en fonctions de Lula le 1er janvier 2023, a assuré à Charm el-Cheikh l’ancienne ministre de l’Environnement Marina Silva, membre de l’équipe du président élu et pressentie pour reprendre ce ministère.

Et le Brésil s’y attellera " par ses propres moyens " avec un objectif de reforestation de 12 millions d’hectares, avait-elle dit samedi devant la presse, sans conditionner cette politique à une reprise de l’aide internationale, suspendue par de nombreux pays suite aux politiques du président sortant d’extrême droite.

Avec AFP