Emmanuel Macron ne s’est toujours pas déclaré candidat à un deuxième mandat, à 51 jours du premier tour de l’élection présidentielle. Mais le reflux du Covid-19 et le départ acté des troupes françaises du Mali lui permettent désormais de franchir le pas dans de meilleures conditions.

Il y a une semaine, le chef de l’Etat liait l’officialisation de sa candidature à deux conditions: dépasser le " pic épidémique " et tourner la page d’une " situation internationale éminemment à risques ".

La première est en bonne voie puisque tous les indicateurs sont à la baisse et le retour à une vie quasi normale semble à portée de main. Mercredi, le ministre de la Santé Olivier Véran a envisagé la fin du port du masque en intérieur pour les adultes et les enfants " à la mi-mars ".

Mais le volet international est plus incertain : la situation reste confuse à la frontière russo-ukrainienne et, malgré les annonces de Moscou du retrait de certaines unités militaires, le risque d’une invasion n’a pas disparu, selon Washington.

Vendredi, des journalistes de l’AFP ont constaté des bombardements près de Stanytsia Louganska, une ville de l’est de l’Ukraine sous le contrôle des forces gouvernementales qui combattent des séparatistes prorusses.

" Il vaut mieux dans ces conditions, quand on parle avec le président Poutine, être chef d’Etat en exercice plutôt que candidat ", a souligné vendredi son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian pour justifier une entrée en campagne différée.

Mais même si Emmanuel Macron entend rester très impliqué dans la médiation entre Moscou et Kiev, aucun rendez-vous international n’est à son agenda dans les prochains jours.

Parallèlement, il a en partie soldé le dossier malien en annonçant jeudi, avec ses partenaires européens, le départ des troupes en réaction aux " obstructions " des colonels au pouvoir à Bamako, qui ont multiplié ces dernières semaines les affronts envers la France, l’ancienne puissance coloniale.

" Avec la fin de cette séquence qui l’a beaucoup occupé, son agenda de président va clairement s’alléger ", souligne un proche.

Pour autant, Emmanuel Macron, favori des sondages, va-t-il entrer en lice la semaine prochaine? Ou celle d’après? " J’espère que ce moment arrive. Quand? C’est une décision très personnelle. Les candidats ont jusqu’à début mars pour se déclarer ", a résumé mardi une ministre, Marlène Schiappa.

" Tout est prêt "

Tous les regards se tournent vers l’échéance phare de la semaine prochaine: le Salon de l’agriculture, rendez-vous annuel des politiques français souhaitant incarner leur lien avec le monde rural, surtout en période électorale.

Emmanuel Macron y déambulera-t-il le 26 février dans le costume du président-candidat? Certains observateurs imaginent même qu’il l’endosse sur place, en se déclarant au milieu des vaches, des tracteurs et des stands de produits régionaux.

Pour ce moment tant attendu, " il lui faudra être à la fois original et solennel, un équilibre qui n’est pas facile à trouver. Ca phosphore… ", indique un cadre de la majorité, en reconnaissant que " seules quelques personnes sont dans le secret ".

Une fois l’officialisation faite, " tout est prêt pour les 15 premiers jours de la campagne ", les derniers arbitrages sur le programme devant être actés ces jours-ci, assure ce responsable.

Emmanuel Macron a déjà présenté un certain nombre de ses projets lors de ses récentes visites présidentielles, dénoncées par ses adversaires comme autant de déplacements de candidat aux frais de l’Etat.

Il a ainsi détaillé des programmes sur la sécurité, le nucléaire civil, l’espace… en projetant la France, à chaque fois, à l’horizon 2030, voire 2050, soit bien au-delà du prochain quinquennat.

Tous les sondages placent le président sortant nettement en tête du premier tour, qui se tiendra le 10 avril, avec environ 25% des suffrages, et vainqueur au second (24 avril) quel que soit l’adversaire.

Si " l’élection présidentielle était un référendum ", il serait en difficulté car seule " une minorité de Français est convaincue de la qualité de son bilan ", souligne Gilles Finchelstein, directeur général de la Fondation Jean Jaurès. Mais " sa principale force réside surtout dans la faiblesse des autres candidats " puisque les Français considèrent qu’ils feraient globalement moins bien, ou pas mieux, que lui, ajoute le politologue.

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