Le président des Émirats Arabes Unies, cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, est décédé vendredi à l’âge de 73 ans, à la suite d’une longue maladie. Il était rarement vu en public depuis son AVC en 2014, laissant la direction de facto du pays à son demi-frère, le prince héritier d’Abou Dhabi Mohammed ben Zayed.  Le gouvernement a décrété " un deuil officiel et les drapeaux mis en berne " pour une durée de 40 jours, les trois prochains jours étant non travaillés. Retour sur un leadership discret, qui a mené les Emirats Unies de petite puissance régionale à leader international. 

C’est sous l’impulsion de cheikh Khalifa qu’Abou Dhabi a procédé au sauvetage financier d’Abou Dhabi en 2009. En guise de reconnaissance, la plus haute tour du monde érigée dans le centre de Dubaï est baptisée Burj Khalifa. (AFP)

Le président des Émirats arabes unis, cheikh Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, qui avait accompagné ces deux dernières décennies l’ascension fulgurante de son pays sur la scène internationale, est décédé vendredi à l’âge de 73 ans, ont annoncé les autorités.

Rarement vu en public depuis un AVC en janvier 2014, cheikh Khalifa devrait être remplacé sous peu par son demi-frère, le célèbre prince héritier d’Abou Dhabi Mohammed ben Zayed, dit " MBZ ", qui était déjà considéré comme le dirigeant de facto du pays. " Ses positions, ses réussites, sa sagesse, sa générosité et ses initiatives se trouvent dans tous les coins du pays ", a déclaré sur Twitter Mohammed ben Zayed. " Khalifa ben Zayed, mon frère, mon mentor et mon professeur, que Dieu t’accorde sa miséricorde ".

Le gouvernement a décrété " un deuil officiel et les drapeaux mis en berne " pour une durée de 40 jours, a indiqué l’agence de presse officielle WAM. Les trois prochains jours à compter de vendredi seront non travaillés, a-t-elle ajouté. Les médias émiratis ont rapidement interrompu leurs programmes habituels pour diffuser des images et des articles en hommage à cheikh Khalifa. Son portrait est affiché vendredi partout dans les rues, les institutions et même les hôtels de cet État du Golfe.

Une influence discrète mais effective 

Le leadership de cheikh Khalifa a été marqué par une discrète et progressive montée en puissance des Emirats Arabes Unis sur la scène internationale (AFP)

Né en janvier 1948, cheikh Khalifa a succédé en 2004 à son père, cheikh Zayed ben Sultan Al-Nahyane, président et père-fondateur des Émirats arabes unis, riche État pétrolier du Golfe regroupant sept émirats dont Dubaï et la capitale Abou Dhabi.

Après l’établissement en 1971 de la fédération, cheikh Khalifa a été désigné vice-Premier ministre du nouvel État. Il a présidé ensuite le Conseil supérieur du pétrole, organisme doté de larges pouvoirs dans le domaine énergétique.

Il reçoit fréquemment des membres des tribus, avec lesquelles, à l’instar de son père, il est soucieux d’entretenir de bons rapports. Il a également été à l’origine de la création d’un département des services sociaux pour améliorer le niveau de vie de ses compatriotes. Cheikh Khalifa était connu pour l’intérêt qu’il portait aux sports traditionnels, en particulier les courses de chevaux et de chameaux. Ses apparitions publiques étaient rares avant même ses problèmes de santé.

Fidèle à la vision de son père, cheikh Khalifa prête main forte à Dubaï lorsque l’émirat est frappé de plein fouet par la crise financière de 2009. En guise de reconnaissance, la plus haute tour du monde érigée dans le centre de Dubaï est baptisée Burj Khalifa.

Sous le mandat de cheikh Khalifa, les Émirats ont connu un rapide essor économique, portés par les richesses pétrolières d’Abou Dhabi, qui concentre 90% des réserves de la fédération, et l’affirmation de Dubaï comme hub de la finance, luxueuse destination touristique ou encore carrefour du transport aérien.

Mais à l’instar de son président, les Émirats sont restés relativement discrets sur la scène internationale, se rangeant généralement derrière son grand allié, l’Arabie saoudite, mastodonte du Golfe et du monde arabe dont elle reste la première économie.

Le tournant Ben Zayed

Jusqu’aux printemps arabes, les Emirats Arabes Unies avaient tendance à s’aligner sur la politique étrangère de Riyad, une politique qui a été modifiée avec la montée au pouvoir du prince héritier Mohammed ben Zayed, porteur d’orientations plus pro-actives, voire bellicistes, dans la région. (AFP)

Les soulèvements populaires du Printemps arabe, qui ont bouleversé la donne régionale en 2011, marquent un tournant pour les Émirats. En interne, le pouvoir réprime toute voix contestataire avec notamment des procès de dizaines d’islamistes, dont des étrangers, liés aux Frères musulmans.

Les militants des droits humains sont également pris pour cible, à l’instar d’Ahmed Mansour, arrêté en 2011 puis gracié la même année par le président Khalifa. Il est de nouveau emprisonné depuis 2017. Ailleurs dans le monde arabe, Abou Dhabi est accusé de soutenir les forces contre-révolutionnaires et les régimes considérés comme autoritaires, comme celui d’Abdel Fattah al-Sissi en Egypte.

Selon les observateurs, c’est sous l’impulsion du prince " MBZ " que le pays sort progressivement de son habituelle discrétion, en particulier depuis les années 2010 en gagnant une influence grandissante au Moyen-Orient et en Afrique. Abou Dhabi participe même à des interventions militaires contre le groupe État islamique (EI) en Irak et en Syrie, puis au Yémen aux côtés des Saoudiens pour combattre les rebelles Houthis, proches de l’Iran.

Avec AFP