Les clubs de football libanais ont du mal à trouver des ressources de financement leur permettant de se développer sur du long terme. Si la manne des droits TV est d’un montant relativement correct dans le contexte de la crise économique libanaise, les autres postes de recettes tels que la billetterie ou le sponsoring ne génèrent pas assez de revenus.

Le financement des clubs de football libanais se heurte à la difficulté de trouver des ressources susceptibles de rendre ce sport pérenne économiquement et par conséquent de se développer. Les différents postes de recettes ne génèrent pas assez d’argent, dans un contexte où les stades ne sont pas adaptés pour que les joueurs produisent un bon niveau technique et où l’arbitrage est source d’interminables contestations. Ces problèmes empêchent le football libanais d’avancer. Les différents clubs de l’élite survivent tant bien que mal dans cet écosystème pas assez professionnel.

Dans un entretien avec Ici Beyrouth, le président de la Sagesse, Élie Yahchouchi, indique que "le budget de la section football de la Sagesse pour la saison 2022/2023 oscille entre 350.000 et 400.000 dollars". Quant au budget des 3 clubs leaders du championnat de ces trente dernières années que sont Nejmeh, Ansar et Ahed, Ici Beyrouth a obtenu plusieurs informations de différentes sources bien informées, qui indiquent que les budgets de ces 3 clubs pour la saison 2022/2023 oscillaient entre 700.000 et 900.000 dollars.

Comme souvent dans les sports collectifs, les salaires des joueurs représentent la part du lion des dépenses d’un club. Élie Yahchouchi explique que "les salaires des joueurs et du staff technique représentent 70 à 80% du budget du club cette saison. Les salaires des joueurs les plus élevés oscillent entre 2.500 et 3.000 dollars, et les salaires les moins élevés oscillent entre 400 et 500 dollars. Nous avons le droit à 3 joueurs étrangers dans l’effectif". Ces derniers ont généralement les salaires les plus élevés de l’effectif.

La capacité en nombre de spectateurs de la majorité des stades utilisés pour le Championnat du Liban de football ne permet pas de générer d’importantes recettes de billetterie. Photo: Fédération libanaise de Football

Une autre dépense des clubs est la location des terrains, sachant que pour les matches officiels, certains stades, dont celui de Jounieh, sont partagés par plusieurs clubs. Yahchouchi explique que "nous jouons à Fouad Chehab et nous nous entraînons au stade municipal de Dekwaneh. Nous avons fait récemment un accord avec la municipalité de Sin el-Fil et l’équipe première va commencer à s’entraîner sur les terrains municipaux de cette ville".

Au niveau de l’équipementier, le club de la Sagesse a un accord avec Capelli dont les deux parties tirent profit. Yahchouchi explique que "nous avons un deal de trois ans avec Capelli, de 2020 à 2023. C’est donc la dernière année de notre partenariat. C’est un troc: ils nous fournissent les équipements sportifs et, en contrepartie, ils ont une présence sur les panneaux de conférence de presse, sur les panneaux des terrains et bien sûr sur le maillot des joueurs. C’est un partenariat ‘win-win’. Ils gagnent en notoriété et, en contrepartie, nous avons un équipementier pour nos tenues sportives." Nous sommes encore loin du stade où l’équipementier doit payer un montant pour ses partenariats avec des clubs et aussi une quote-part sur la vente des maillots du club, comme c’est le cas en Europe.

Les droits TV, principale recette générée par l’écosystème du football libanais

Au niveau des sponsors, Yahchouchi explique que la Sagesse a un partenariat avec "la compagnie d’assurance Victoire qui couvre les joueurs sur tout ce qui est lié au sport. Nos sponsors sont généralement des annonceurs pour à la fois le basket et le foot. Les montants générés par le sponsoring sont peu élevés."

La principale recette conséquente générée par l’écosystème du football libanais est celle provenant de la manne des droits TV. La MTV diffuse le Championnat du Liban de football depuis 2017 et a donné un petit élan supplémentaire à ce sport. Le premier partenariat de la MTV allait de 2017 à 2021, avant d’être prolongé jusqu’en 2022 après l’arrêt des compétitions pendant toute une saison en raison de la pandémie de Covid-19. La MTV a décidé de rempiler pour une deuxième phase de quatre ans (2022 à 2026) avec la Fédération libanaise de football. Ici Beyrouth a obtenu des informations divergentes sur le montant du nouveau partenariat, mais les sources les plus fiables font état d’un accord autour de 600.000 dollars. Une majorité de ce montant est partagée entre les 12 clubs de première division.

Quant aux recettes de la billetterie, elles demeurent faibles, d’autant plus que les clubs ne jouent pas dans les grands stades libanais comme la Cité sportive Camille Chamoun (55.000 places) ou le stade municipal de Saida (22.600 places), dont la grande taille pourrait permettre de générer des recettes importantes au football libanais, notamment au cours des grandes affiches du championnat. Mais ces stades ne sont malheureusement pas assez bien entretenus pour accueillir des matches du championnat tout au long de la saison. Un des stades qui accueille le plus grand nombre de matches de l’élite cette saison est le stade Fouad Chehab, dont la capacité n’est que de 5.000 places.

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