Plusieurs hommes d’affaires libanais ont financé le sport local dans les trente dernières années. Ici Beyrouth fait un tour d’horizon de ces principaux financeurs.

Depuis le début des années 90, des dizaines d’hommes d’affaires libanais ont financé le sport local. En plus des financements individuels, de nombreuses compagnies ont parrainé plusieurs sports, aussi bien individuels que collectifs.

Ainsi, des dizaines de millions de dollars ont été investis, au cours de cette période de près de trente ans, essentiellement sur le basket-ball et le football, sans oublier le volley-ball.

Antoine Choueiri, le pionnier

Le premier jalon de cette spirale d’investissements, sur cette période, a eu lieu avec l’élection d’Antoine Choueiri à la présidence de La Sagesse en 1993. Choueiri avait alors succédé à Henri Asmar, décédé des suites d’une crise cardiaque. Ce malaise cardiaque était survenu après une défaite 7 buts à 1 de La Sagesse face à Ansar à Tripoli, dans le cadre de la Coupe du Liban de football.

Choueiri, propriétaire d’un groupe publicitaire, avait d’abord soutenu la Fédération de football, avant de s’en retirer progressivement, pour créer la section basket-ball de La Sagesse. La Sagesse connaît un premier succès sportif sous son règne, avec la victoire en coupe du Liban en 1993, alors que le club est en deuxième division. Après avoir été promu en première division, La Sagesse va connaître une série de succès nationaux, régionaux et continentaux, grâce notamment aux apports financiers de Choueiri. Ce dernier se retirera soudain du club en 2004. Choueiri a également soutenu l’équipe nationale de basket-ball ainsi que la fédération de ce sport tout comme les fédérations d’autres sports tels que le volley-ball, l’athlétisme, le ping-pong, etc.

Depuis le véritable lancement du basket-ball au Liban dans les années 90, la LBCI a également joué un rôle important en diffusant les rencontres localement et internationalement grâce à l’amitié qui lie Choueiri et le PDG de la station citée, Pierre Daher. Une coopération très étroite  a eu lieu entre les deux hommes dans le domaine du basket-ball aux niveaux des sélections libanaises et des clubs via la Fédération.

À la suite du départ de Choueiri, plusieurs hommes d’affaires ont pris le relais du financement de La Sagesse, tels que Henri Chalhoub, Georges Chehwan, Wadih el-Absi, Talal Makdessi, Amal Abou Zeid, Antoun Sehnaoui, Nadim Hakim et d’autres financeurs tels que l’ancien député Ghassan Hasbani dans la phase présente.

Progressivement, de plus en plus d’hommes d’affaires ont investi dans le sport en général, et le basket en particulier. Ainsi, Khalil Nassour, le commerçant de diamants, a financé Chabeb el-Chiyah; Élie Beaino, le commerçant en fer, a financé le Tadamon Zouk; et le banquier Mario Saradar a soutenu Blue Stars ainsi que la Fédération libanaise de basket-ball à l’époque du président Michel Tannous. René Jreissati, lui, a succédé à la tête de Blue Stars. Saradar finance actuellement le club d’athlétisme Let’s Run.

Quant au club de Champville, il a enregistré le soutien de plusieurs hommes d’affaires comme le défunt Henri Chalhoub, Milad Sebaali, Wadih el-Absi (qui a également soutenu Annibal, Chabab Zahlé ainsi que les fédérations de basket-ball et de ping-pong), Akram Halabi (actuel président de la Fédération de basket-ball et qui a également soutenu Tadamon Zouk), Charbel Habib, Joe Ghoussou et actuellememt Akram Safa et bien d’autres.

Concernant le Sporting Beirut, il a été soutenu pendant de longues années par le Premier ministre assassiné Rafic Hariri, ainsi que par son fils Saad par la suite. D’autres hommes d’affaires ont également soutenu le club beyrouthin, tels que Jihad el-Arab et Hicham Jaroudi.

Le club Beyrouth est quant à lui financé surtout par Georges Henri Chalhoub et Nadim Hakim, qui est le président du club depuis sa naissance en 2017. Rappelons que ce club fait désormais partie des cadors du championnat de basket libanais, aussi bien chez les hommes que chez les femmes, et s’est illustré dimanche dernier par sa victoire par 17 points d’écart face au Dynamo.

Quant à Atlas, il a été soutenu pendant une certaine période par le spécialiste de la bourse, Michel Daher. De son côté, Antranik est soutenu par un homme d’affaires de la famille Demerjian.

Historiquement, plusieurs autres exemples peuvent être cités, tels que le soutien de l’ex-ministre Mohammed Safadi au club de Moutahed; Guy Manoukian à Homenetmen; Riad Haddad à Kahraba; Imad el-Hajj à Rosaire; Jean Hammam au Club Ghazir; le défunt Antoine Chartier (président de la Fédération de basket-ball de 1996 à 1999) et Michel Abi Ramia (qui a présidé la Fédération de volley-ball de 2017 à 2020 et soutient de nombreux clubs et fédérations).

Au niveau du football, les financeurs sont également nombreux. Ali Ahmad (Tadamon Tyr), Assaad Sakkal (Nejmeh), Omar Ghandour (Nejmeh), Salim et Karim Diab (Ansar), Nabil Bader (Ansar), Samir Dabouq (Ansar), Sleiman Frangieh (Salam Zgharta), Kabalan Yammine (Salam Zgharta), Walid Joumblatt (Safa), Bahij Abou Hamze (Akhaa Ahly Aley), Michel Pharaon (Racing), Naji Azar (Racing), Tamim Sleiman (Ahed), Taha et Rana Klailat (Club olympique), etc.

Quant au volley-ball, il a été financé par plusieurs hommes d’affaires tels qu’Antoine Choueiry et Jean Hammam (président de la Fédération de basket-ball de 1999 à 2004, de la Fédération de volley-ball de 2008 à 2017 et du comité olympique de 2013 à 2021). À noter également que l’actuel Premier ministre, Najib Mikati, finance le club du nord Zahraa el-Mina.

En handball, le président actuel de la fédération, Abdallah Achour, finance le club Sadaka, et Tamim Sleiman a financé depuis quelques années le club el-Sad. L

Le rugby est quant à lui notamment financé par le président de la fédération actuelle, Samir Dabouq, et auparavant par Abdallah Jammal.

Au niveau des sports individuels, plusieurs présidents de fédérations financent leur sport depuis plusieurs années tels que Oliver Fayssal (Tennis), Habib Zarife (Taekwondo), Tony Nassar (Natation), Roland Saade (Athletisme), Wassim Ismaïl (Triathlon), le défunt Edmond Chaghouri (ex-président de la Fédération de Yachting), Kamil Rizk (président d’honneur de la Fédération de ski), Charbel Salameh (ex-président de la fédération de ski), Marwan Hakim (Squash) et Mohammed Dagher (MMA).

À noter également que plusieurs associations, comme celle du Marathon de Beyrouth, qui bénéficiaient de parrainages d’entreprises commerciales et bancaires, souffrent désormais de la baisse de ces soutiens depuis le début de la révolution du 17 octobre.

Plusieurs autres hommes d’affaires ambitionnent d’intégrer ce milieu, tels que Fadi Najm, qui souhaiterait mettre en place une stratégie pour le développement de l’équitation et sera le favori pour présider la Fédération d’équitation.

À un niveau local, plusieurs hommes d’affaires, politiciens et municipalités accordent un soutien aux clubs de leurs périmètres géographiques respectifs, et cela dans un contexte d’absence de soutien du ministère de la Jeunesse et des Sports et de l’État.