Les institutions libanaises sont en déliquescence totale, tandis que ceux qui contrôlent le pays s’évertuent à avoir recours à des moyens détournés et contraires à la loi pour éviter une vacance au niveau de certains postes auxquels ils sont attachés… D’où le refus d’adopter les mesures légales et constitutionnelles nécessaires pour garantir une alternance au niveau du pouvoir et des postes administratifs si une telle alternance n’est pas conforme aux intérêts de ceux qui tirent les ficelles. La présidence de la République en est le parfait exemple: les décideurs en font leur jouet et la vacance pourra durer ad vitam eternam si les changements ne s’opèrent pas selon leur desiderata.

Si la vacance présidentielle et gouvernementale persiste, le pays sera confronté, fin juin, à la vacance au niveau du directoire de la Banque du Liban… Les possibles répercussions d’une telle situation sont inconnues de tous.

Le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, a d’ores et déjà tranché en refusant la prorogation de son mandat. Dans le même temps, le premier vice-gouverneur, Wassim Mansouri, a transmis une position claire aux personnes concernées, dont le président de la Chambre Nabih Berry: hors de question pour lui d’assumer le poste de gouverneur car il refuse de se laisser entraîner dans un conflit à caractère confessionnel et sectaire lié à ce poste. M. Berry semble approuver cette position.

Le paysage politique ne changera qu’avec l’élection d’un président de la République et la formation d’un gouvernement qui se chargera de désigner un nouveau gouverneur, entre autres nominations. À défaut, la Banque du Liban post-Salamé deviendra inexorablement une institution ankylosée, incapable de jouer le moindre rôle, étant donné que le Conseil central de la BDL se réunirait sans son gouverneur qui jouit de toutes les prérogatives et détient le pouvoir décisionnel. Une telle situation entraînerait probablement d’autres déboires financiers, ainsi qu’un gaspillage accru des réserves monétaires et des droits de tirage spéciaux, sous prétexte qu’il faudra assurer le bon fonctionnement des institutions et les besoins de base du pays.

Dans ce contexte, certains proposent que le gouvernement d’expédition des affaires courantes nomme un remplaçant à Riad Salamé, en partant du principe que "nécessité fait loi". Mais la lutte autour de cette nomination sera alors sans merci, même si rien n’encourage qui que ce soit à postuler pour ce poste. Par ailleurs, il est certain que les camps politiques qui souhaitent s’emparer de ce poste, notamment le Courant patriotique libre, mèneront une bataille impitoyable contre tous les autres partis, qui lui opposeront une résistance farouche pour l’empêcher de se saisir des finances de l’État.

 

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