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Le 21 septembre, Karim Saïd dirigera l’Orchestre de chambre d’Amman dans la création mondiale de Nour, une rhapsodie orchestrale en hommage à la Terre sainte, signée Naji Hakim.

Ô Liban, ô désespoir. Qu’il est difficile de te décrire en ces temps moroses. N’as-tu pourtant pas été célébré comme le pays des superlatifs, tantôt glorieux, tantôt tragiques? Tous ces drames que tu endures stoïquement ne laissent, hélas, égrener dans le paysage que des guerres, du chaos et des lamentations. Tandis que d’aucuns s’acharnent à te parer des teintes funestes de la mort, d’autres œuvrent, avec détermination, à raviver tes couleurs originelles. Non pas au nom d’une résilience culturelle, trop souvent invoquée à tort, mais au nom d’une vérité profonde, d’une histoire et d’une identité ancrées dans cette terre sainte. À soixante-neuf ans, Naji Hakim poursuit inlassablement cette mission. Une vocation, dit-il. Celle de faire élever l’Homme jusqu’au Divin par le biais de sa musique, pour reprendre l’expression du génie de Bonn.

Bourlingueur musical

De Bruges à Beyrouth, de Munich à York, de Cork à Dudelange, ce bourlingueur arpente le monde, diffusant ici et là la Bonne Nouvelle. À sa façon. C’est à Amman que Naji Hakim jettera, le 21 septembre, l’ancre pour dévoiler sa toute nouvelle création musicale, Nour (c’est-à-dire lumière en arabe), dédiée à la Terre sainte. "C’est grâce à ma collègue, Mathilde Vittu, que j’ai été présenté à Michele Cantoni, directeur général de la Philharmonie de Palestine, basée à Bethléem. La première collaboration a eu lieu le 26 août 2015, avec la création française de ma pièce symphonique Baalbeck au CRR de Paris par le Palestine Youth Orchestra, sous la direction de Nicolas Simon", explique le compositeur libano-français à Ici Beyrouth.

Le succès de ce projet a alors conduit Cantoni et Vittu à commander à l’organiste un motet pour trois chœurs et ensemble instrumental sur un texte de Mahmoud Darwich, intitulé Tibaaq (c’est-à-dire contrepoint). La pièce fut créée à l’église de l’Annonciation, à Lyon, le 30 juin 2018 par le choeur Amwaj de Palestine, les Petits chanteurs de Lyon, ainsi que quatre musiciens de la Philharmonie de Palestine. "Par la suite, Michele Cantoni m’a commandé une œuvre symphonique pour la Philharmonie de Bethléem, mais la création de cette pièce n’a pas encore eu lieu. Finalement, Nour sera créée au Royaume de Jordanie le 21 septembre 2024, à Amman, un lieu proche de Bethléem", se félicite Naji Hakim.

Cierge pascal

Selon le musicien libanais, le titre de cette rhapsodie pour orchestre évoque la lumière du cierge pascal, symbole de la résurrection du Christ et du retour à la vie. "Cette lumière trouve un écho particulier en Terre sainte, berceau du christianisme", précise-t-il. Si cette composition prend racine dans le Lumen Christi (la Lumière du Christ), elle se distingue néanmoins par l’usage exclusif de thèmes folkloriques levantins, dépourvus de toute référence liturgique ou religieuse. Néanmoins, la sève chrétienne y demeure présente. Elle est d’ailleurs intrinsèque à toute œuvre signée Naji Hakim, qui, selon lui, doit absolument être écrite pour la gloire de Dieu. Faute de quoi, elle serait inutile, pour reprendre l’expression de l’organiste français Charles Tournemire. "Ainsi, même en dehors du cadre religieux, mon œuvre reste ancrée dans ma foi", insiste l’ancien titulaire du grand orgue de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.

Écriture concertante

Dans sa nouvelle pièce, le compositeur a choisi d’explorer des thèmes issus du répertoire folklorique de la Terre sainte, tels que Dommak Doom, Arrozana, Lamma Bada Yatathanna, Ya Hweydalak, Weyn A Ramallah, et Marmar Zamani. Ces mélodies constituent le fondement des couleurs harmoniques qui se déploient tout au long de l’œuvre. "L’orchestration pour orchestre de chambre privilégie une écriture concertante, avec des superpositions rythmiques et un contrepoint de timbres, apportant ainsi une richesse musicale, tout en préservant la transparence de la texture orchestrale", explique Naji Hakim.

La première mondiale sera assurée par l’Orchestre de chambre d’Amman dirigé par le jeune chef d’orchestre et pianiste, Karim Saïd, qui s’est affirmé dans les plus prestigieuses salles internationales telles que la Philharmonie de Berlin, le Musikverein de Vienne et le Grand Hall du Conservatoire Tchaïkovski à Moscou, sous la houlette d’éminents chefs, parmi lesquels on pourrait citer l’illustre Daniel Barenboïm. "C’est la violoncelliste libanaise, Jana Semaan, qui m’a présenté au maestro Karim Saïd. Il a accueilli avec enthousiasme le projet de création de Nour avec l’Orchestre d’Amman et a fait preuve d’un professionnalisme exceptionnel", affirme l’artiste sexagénaire, en ajoutant: "J’espère qu’un jour cette œuvre sera également jouée au Liban." Croisons les doigts!

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