Le festival Écrans du Réel s’achève le 14 avril par une soirée au Ballroom Blitz, qui commence à 21h avec la projection du film de Grégoire Couvert et Grégoire Orio, Khamsin, sur la scène noise et expérimentale au Liban, avec en toile de fond les mouvements contestataires de 2015. Les DJs Sleepspentt et Roland Ragi prendront ensuite les platines pour la Closing Party.

Liban, 2015. Les traces de la guerre civile sont encore prégnantes. La corruption des partis gouvernementaux se fait de plus en plus insoutenable. Les corps se soulèvent. Les mots se heurtent. Au cœur de quoi, des musiciens venus de différents horizons branchent leurs instruments et les font résonner de toute part.

La genèse du projet

Grégoire Couvert, résidant à Paris, est vidéaste et photographe. Après avoir fait des études de cinéma et un master de photographie, il commence à travailler en tant que réalisateur, notamment de vidéoclips. En parallèle, il collabore régulièrement avec des architectes en tant que photographe. Il entame par la suite une longue collaboration avec les musiciens du groupe Oiseaux-Tempête et Mondkopf, qu’il accompagne au Liban pour y documenter et filmer les prémices de l’enregistrement de leur disque Al-‘An.

C’est après ce premier voyage qu’il rencontre les producteurs et réalisateurs de Stank, et que ces derniers décident de produire ce qui deviendra le documentaire Khamsin, co-réalisé avec le cinéaste Grégoire Orio.

Grégoire Orio (Crédits : Stank)

"A l’origine, ce projet a été initié avec le groupe Oiseaux-Tempête, dont les deux membres originels, Frédéric D. Oberland et Stéphane Pigneul, avaient pour projet d’aller enregistrer leur troisième album au Liban. Frédéric était également en contact avec Charbel Haber et un certain nombre de musiciens libanais, et nous avons donc assez rapidement été plongés dans la scène musicale de Beyrouth et dans tout ce que peut générer cette ville. C’est à partir de là que nous nous sommes mis à penser un documentaire sur – et à partir de – cette expérience musicale, tout en essayant d’appréhender le territoire et le contexte dans lequel nous nous trouvions, et ce, par le biais de nos caméras et d’enregistrements sonores", raconte Grégoire Couvert dans une interview avec Ici Beyrouth.

La contestation sociale en fond

C’est en partant de cette première approche que le film a quelque peu bifurqué. "Nous ne pouvions pas aborder ce sujet sans nous intéresser au contexte dans lequel s’inscrivent les pratiques de ces musiciens, dont Youmna Saba, Ali El Hout, Abed Kobeissy, Fadi Tabbal, Pascal Semerdjian, Khodor Ellaik, pour ne citer qu’eux. Car, même si, comme le dit Sharif Sehnaoui au sein du film, il n’est pas question de calquer trop rapidement l’idée de la guerre sur la musique noise qu’ils produisent, il n’en reste pas moins que l’acte de création des musiciens que nous avons filmé prend racine dans un territoire extrêmement complexe et que la musique s’en retrouve chargée", souligne Grégoire Couvert.

Grégoire Couvert (Crédits : Stank)

"Les mouvements de contestation auxquels nous avons été confrontés étaient emplis d’une puissance similaire à celle que nous avions éprouvée en studio. Nous retrouvions cette image du collectif, d’une force en mouvement, d’un feu qui prend à plusieurs. De plus, l’un des personnages du film, Maarouf, participait très activement à ce mouvement à cette péride. Pour ces raisons, il nous a semblé important d’inscrire cette analogie dans le film. Certes le film part de la musique, mais le bouillonnement de tout ce que nous vivions ensemble sur place a fait déborder les choses, et le documentaire a trouvé cette forme de collage, en cherchant à assembler des éléments disparates, à reconstruire à partir de fragments, et à essayer de rendre compte de tout ce que nous avons expérimenté lors de la fabrication."

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