Il ne nous manquait plus à nous, Libanaises vivant dans un pays qui se noie au sens propre comme au sens figuré, qu’on nous prive de notre bouée de sauvetage: le maillot. Pis encore, de nous traiter de prostituées parce que nous en portons, et par qui? Par ceux-là mêmes qui, pour satisfaire leurs pulsions sexuelles, ont inventé le principe qui leur permet d’avoir des femmes dans leur lit, puis de les jeter à la poubelle, comme des mouchoirs à usage unique et jetable, à savoir ce fameux "mariage temporaire de plaisir" qui n’a même pas besoin d’être officialisé pour être acté.

Il n’est pas question ici de féminisme ou de féminité. Il s’agit de la plus sacrée des causes: la liberté. Et si certaines d’entre nous décident d’enlever le haut (pour un peuple démuni de tout, un maillot deux-pièces devient un luxe inabordable), et d’opter pour le monokini, applaudissons. Pour les plages de nudistes et pour celles qui accueillent des femmes voilées aussi. Que chacune se sente libre de son corps et de ce qu’elle souhaite en faire. Ce corps n’est la "chose" de personne, qu’on se le dise! Et que chacune vive sa religion comme elle l’entend, sans attaquer l’autre différente d’elle. C’est ça le vivre-ensemble, même si au pays du cèdre, nous sommes objectivement condamnées au mourir-ensemble, quel que soit notre accoutrement, voilées, en bikini, nues comme Ève…

"Dans la vie il y a des hauts et des bas. Il faut surmonter les hauts et repriser les bas", a dit Jacques Chirac. Dans notre cas, il faut absolument afficher nos hauts, dénoncer nos haut-le-cœur, et pour nos bas, on avisera… avec un "cheik" à blanc notre dignité (bafouée par ses insultes à notre encontre) serait peut-être plus facile à ravaler…?

Morale de l’histoire: ledit Cheikh a dû bien se rincer l’œil à la vue des nombreuses femmes qui ont posté des photos d’elles en tenue de bain sur Facebook, histoire de lui faire un joli #cadeauderetour, mais pas que lui, ce mouvement spontané a plu à la gent masculine qui en redemande… Ah ces fils d’Adam!