J’ai mal au ventre, les boules de "laisse tomber" et de "ça ne vaut pas la peine" ont fini par s’entasser et se transformer en montagnes émotionnelles.

Je n’ai plus rien à dire et les mots des autres me semblent comme un paquet de courtoisies prêt-à-porter sans l’ombre sonore du moindre écho.

Je n’ai plus rien à lire et les maux des autres transpirent de maladresse.

La télé manque de spectacle.

Ma vie ne ressemble plus à rien. Je n’habite nulle part, il y a juste des lieux où je pense passer. Déjà-vu en kaléidoscope… Des souvenirs emmêlés et éparpillés un peu partout… J’en rassemble quelques-uns au besoin pour tisser une histoire ou deux.

Je cherche un point d’attache qui me fuit. Je n’ai pas de chez-moi. Les cartons bienveillants scotchés sur les murs et la porte qui a perdu son rôle principal me souhaitent joyeux anniversaire, bonne guérison, bon courage…

Prenant mon courage à deux mains, je décide de précipiter demain… Je me glisse sous la couette… Tournant le dos aux moments fixés à la colle un peu plus longtemps…

Je me glisse plus profondément encore dans l’univers transparent qui m’engloutit. Tout s’efface.

Les images restent là, seulement il n’y a plus d’urgence à trouver de but ni de sens… Refaire page blanche sur laquelle rien n’est encore écrit.

Se lever du bon pied. Sortir. Sans trop savoir où on a envie d’être. Avoir envie d’être, c’est tout.

Se perdre dans la multitude des milliers de gens qui ont envie d’être, aussi. Se perdre dans les têtes. Exister en anonyme.

Les impressions se bousculent dans ma tête. Les idées se mêlent. Les mots refusent de sortir, m’empêchent de dormir. J’ai toujours apprécié les jeux de société. Une décennie à jouer Trivial Pursuit, les dimanches de pluie.

Il fait beau sortir. Me balader loin de ma propre sphère. Sourire. À mes souvenirs. Croire. Sans rien se promettre. Regarder les gens et me perdre dans des vies qui ne sont pas les miennes. Attraper au hasard un regard qui en dit long. Laisser le hasard s’amuser avec les dés et croire aux happy ends. Surtout rester en bons termes avec la vie et faire fi de ses sad ends.