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La version officielle relative à l’enlèvement et au meurtre du coordinateur des Forces libanaises à Jbeil, Pascal Sleiman, retient le mobile du vol. Une thèse que les Forces libanaises contestent en raison de nombreuses zones d’ombre et d’incohérences qui y sont liées.

Selon des sources sécuritaires, les quatre hommes armés à bord d’une voiture de type Hyundai, volée à Rabieh, ont tenté sans succès, d’intercepter deux autres véhicules, avant de bloquer la route à Pascal Sleiman. Une femme était au volant du premier et un homme au volant du second. Les deux ont donné un coup d’accélérateur au lieu de s’arrêter, contrairement à Pascal Sleiman.

Ses assaillants lui ont donné un coup sur la tête avant que deux d’entre eux s’engouffrent dans la voiture. Un des deux agresseurs a pris le volant.

Selon les aveux des individus qui ont pu être interpellés par la suite, Pascal Sleiman a continué de se débattre, poussant un de ses ravisseurs à le battre à mort.

Les malfaiteurs ont poursuivi leur chemin jusqu’à un hôtel désaffecté de Qalamoun, au Liban-Nord, a-t-on poursuivi de même source. Ils y ont abandonné la Hyundai et se sont procurés un autre véhicule. Entre-temps, ils ont déposé le corps de Pascal Sleiman dans le coffre de sa propre voiture et c’est à bord des deux véhicules que les quatre se sont dirigés vers la frontière syrienne, où le cadavre a été jeté.

Selon les informations obtenues, les services de renseignements de l’armée ont réussi à attirer trois des quatre auteurs du crime en territoire libanais, où ils ont été arrêtés. L’enquête devait plus tard révéler que la bande de malfaiteurs effectuait des tournées de reconnaissance dans le Kesrouane et au Liban-Nord pour y voler des voitures qui étaient ensuite emmenées en Syrie.

Selon les mêmes sources de sécurité, les investigations se poursuivent pour identifier toux ceux qui sont impliqués dans le meurtre de Pascal Sleiman et voir si des Libanais en font partie.

De mêmes sources, on insiste sur le fait que ces éléments de l’enquête sont confirmés par des preuves, des aveux et des données qui consolident la thèse du vol et écartent tout autre mobile.

Dans les milieux des Forces libanaises, on reste cependant sceptique quant au mobile annoncé et on considère que le meurtre de Pascal Sleiman est un message politique qui leur est adressé.

Ils en veulent pour preuve notamment les tentatives qui ont été menées pour faire passer le meurtre d’Élias Hasrouni pour un accident de la circulation, à Aïn Ebel, au Liban-Sud. C’était le 2 août 2023. Sans les caméras de surveillance, dont les vidéos ont clairement montré que Hasrouni avait été enlevé par un groupe d’individus, l’affaire aurait été classée comme tel.

De mêmes sources, on s’est interrogé au sujet des preuves d’une tentative d’interception de deux véhicules, avant le rapt de Pascal Sleiman. Selon elles, si ces preuves existent, elles devraient être dévoilées à l’opinion publique, une fois l’homme et la femme qui auraient fait l’objet de cette même tentative de vol identifiés.

On s’est étonné de ce que les agresseurs, s’il est vrai qu’il s’agit de voleurs de voitures, ont maintenu le propriétaire du véhicule avec eux. À supposer qu’ils voulaient une rançon en échange de sa libération, pourquoi l’ont-ils tué sous prétexte qu’il s’est débattu?

Plus important encore, selon les mêmes sources, comment pareille bande peut-elle connaître si bien les routes secondaires dans les hauteurs de Jbeil jusqu’à Koura, en passant par Batroun, évitant ainsi les barrages et points de contrôle de l’armée, notamment celui de Madfoun?