Des millions d’Américains ont participé mardi, dans un climat lourd, à des élections décisives pour la présidence de Joe Biden et les ambitions de son rival Donald Trump de reconquérir la Maison Blanche en 2024.

" Nous avons besoin que tout le monde soit sur le pont pour élire les démocrates ", a tweeté Joe Biden à la mi-journée, appelant à la mobilisation de son camp dans les Etats les plus disputés.

Handicapé par une inflation bondissante, le président de 79 ans risque de perdre le contrôle du Congrès lors de ces scrutins de mi-mandat traditionnellement défavorables au parti au pouvoir.

Des bureaux de vote de Las Vegas, dans le Nevada.

 

 

Son prédécesseur Donald Trump, qui a soutenu avec vigueur un grand nombre de candidats républicains, mise à l’inverse sur leur succès pour se relancer dans la course à la présidentielle. Lors de son ultime meeting, il a promis de faire " une très grande annonce " le 15 novembre depuis sa résidence de Mar-a-Lago.

" Ce sera un jour très enthousiasmant pour beaucoup de gens ", a-t-il promis mardi en sortant d’un bureau de vote en Floride. En attendant, " je pense que nous allons passer une très bonne nuit ", a ajouté le milliardaire de 76 ans avec confiance.

 

Les Américains sont appelés à renouveler intégralement la Chambre des représentants, un tiers du Sénat, de nombreux postes d’élus locaux et à trancher des dizaines de référendums au niveau des Etats, notamment sur le droit à l’avortement.

Les premiers résultats sont attendus à partir de 19H00 (00H00 GMT) mais l’issue des duels les plus serrés, en Pennsylvanie ou Géorgie, pourrait se faire attendre plusieurs jours.

Les électeurs de Georgie votent dans un bureau de vote à Atlanta. Les élections sénatoriales en Géorgie, en Pennsylvanie, au Nevada, en Arizona, au Wisconsin, au New Hampshire et en Ohio devraient être serrées et chacune d’entre elles pourrait faire basculer l’équilibre du pouvoir dans la chambre haute du Congrès.

 

 

Plus de 40 millions d’Américains ont voté de manière anticipée et, mardi, les électeurs ont défilé en nombre dans les bureaux de vote, où l’humeur était sombre.

" J’espère que tout le monde va se montrer civilisé " et accepter le verdict des urnes, confiait Enrique Ayala, un retraité de 64 ans, croisé par l’AFP à McAllen au Texas, alors que Donald Trump et ses soutiens contestent toujours sa défaite de 2020.

 

Pendant la campagne, " il y a eu beaucoup de crispation et de désinformation ", regrettait pour sa part Robin Ghirdar, un médecin de 61 ans venu voter démocrate dans un bureau de Pittsburgh en Pennsylvanie, en déplorant que " la recherche de la vérité et du compromis ait disparu dans la bataille. "

De fait, chaque camp a dramatisé les enjeux du scrutin: les démocrates se sont posés en défenseurs de la démocratie et du droit à l’avortement face à des républicains jugés " extrémistes "; les conservateurs se sont portés garants de l’ordre face à une gauche dite " laxiste et radicale " en matière de sécurité et d’immigration.

Les premiers électeurs arrivent pour voter lors des élections de mi-mandat aux États-Unis, alors que les bureaux de vote ouvrent à Phoenix, en Arizona.

 

 

L’inflation — plus de 8,2% sur un an — a toutefois écrasé tous les autres sujets.

" Elle handicape les Américains qui essaient de s’en sortir ", estimait Kenneth Bellows, un étudiant en droit de 32 ans qui a voté républicain à Phoenix dans l’Arizona (sud-ouest), en réclamant des politiques " de bon père de famille ".

 

Jusqu’au bout, Joe Biden a cherché à défendre son bilan économique, en se présentant comme " le président de la classe moyenne " qui a annulé la dette étudiante et investi dans les infrastructures.

Mais ses efforts ne semblent pas avoir porté leurs fruits.

Selon les enquêtes d’opinion les plus récentes, l’opposition républicaine a de grandes chances de s’emparer d’au moins 10 à 25 sièges à la chambre basse – largement assez pour y être majoritaire. Les sondeurs sont plus mitigés quant au sort du Sénat, avec néanmoins un avantage pour les républicains.

Les New-Yorkais viennent voter à l’ouverture d’un bureau de vote pour les élections de mi-mandat. Ces élections pourraient donner une majorité parlementaire aux républicains, limiter les pouvoirs du président Joe Biden pour les deux années à venir et ouvrir la voie à un retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

 

 

Privé de sa majorité, le président serait paralysé et les républicains ont fait savoir qu’ils ne le ménageraient pas. Ils prévoient notamment de lancer des enquêtes à la Chambre sur les affaires de son fils Hunter, certains de ses ministres…

Concrètement, les élections de mi-mandat se jouent dans une poignée d’Etats clés – les mêmes qui étaient déjà en jeu lors de l’élection présidentielle de 2020.

Partout aux États-Unis, les électeurs sont allés voter dans ce qui est présenté comme une élection de mi-mandat cruciale pour le pays. " Je vote également pour les questions économiques et les droits fondamentaux des personnes LGBTQ ", a déclaré Helen Rubinstein, une électrice de Brooklyn, New York. À McAllen, au Texas, Tony Jalomo déclare que " l’immigration n’est pas un problème démocratique, ce n’est pas un problème républicain, c’est un problème américain ".

 

 

Tous les projecteurs sont ainsi braqués sur la Pennsylvanie, ancien bastion de la sidérurgie, où le chirurgien multimillionnaire républicain Mehmet Oz, adoubé par Donald Trump, affronte le colosse chauve et ancien maire démocrate d’une petite ville, John Fetterman, pour le poste le plus disputé du Sénat.

Comme en 2020, la Géorgie est elle aussi au cœur de toutes les convoitises. Le démocrate Raphael Warnock, premier sénateur noir jamais élu dans cet Etat du Sud au lourd passé ségrégationniste, tente de se faire réélire face à Herschel Walker, ancien sportif afro-américain, lui aussi soutenu par l’ancien président.

 

L’Arizona, l’Ohio, le Nevada, le Wisconsin et la Caroline du Nord sont également le théâtre de luttes intenses, où les démocrates sont partout opposés aux candidats de Donald Trump, qui jurent une fidélité absolue à l’ancien président.

Ces duels haletants ont tous été alimentés à coup de centaines de millions de dollars, faisant de ce scrutin les élections de mi-mandat les plus chères de l’histoire des Etats-Unis.

Avec AFP